Stellantis poursuit son plongeon en Bourse
C’est un vrai décrochage au sens propre du terme… Après un rallye boursier qui a conduit le titre à doubler sa valeur en un an, voire à la tripler si on regarde la trajectoire depuis la création de Stellantis début 2021, l’action du quatrième constructeur automobile mondial est en chute libre depuis le 30 avril 2024. Ce jour-là, le groupe conduit par Carlos Tavares a annoncé une baisse de ses ventes de 12 %. Réponse immédiate du marché : l’action a fondu de 10 %. Ce jeudi 2 mai 2024, (mercredi étant férié), l’action poursuit sa chute et recule encore de près de 4 % dans les premiers échanges.
Les États-Unis, plus de la moitié des profits
Le point de départ de ce plongeon, ce sont donc ses résultats trimestriels. Stellantis accuse une chute de ses ventes sur ses principaux marchés. En Europe, les immatriculations baissent de 6 %, mais aux États-Unis, les ventes s’écroulent de près de 20 %. Pour les marchés, c’est une très mauvaise nouvelle car les États-Unis sont le premier pourvoyeur de profits de Stellantis (plus de la moitié du bénéfice opérationnel en 2023). Pour autant, la société boursière Kepler se dit "rassurée" en jugeant les performances en Amérique du Nord supérieures aux attentes.
Le constructeur automobile a tenté d’expliquer ces mauvais résultats par des effets de change ou la transition vers de nouveaux modèles, comme le déploiement du Peugeot 3008 en Europe, véritable best-seller qui a fait les beaux jours du groupe PSA. Stellantis a également insisté sur le fait que l’année 2024 verrait l’arrivée de 25 nouveaux modèles et pourrait renverser ce mauvais démarrage.
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Pour autant, les investisseurs ne semblent pas convaincus. D’abord, Natalie Knight, directrice financière, a reconnu que les effets de change auraient un impact sur la marge bénéficiaire de Stellantis. L’an dernier, celle-ci s’était déjà contractée sous l’effet de la grève aux États-Unis qui avait paralysé pendant plusieurs semaines les usines américaines. Mais à 12,8 % (contre 13,4 % un an auparavant), le constructeur jouit toujours d’un très haut niveau de rentabilité. Les brokers parient désormais sur 11 à 11,5 % de marge, un niveau très élevé pour le secteur.
Pression sur les prix en Europe
Mais c'est sur le long terme que les investisseurs s'interrogent. En Europe, ils s'inquiètent de la stratégie commerciale qui cède de plus en plus à la pression de la guerre des prix. Stellantis a adopté une stratégie dite de volumes afin de défendre ses parts de marché, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les prix et les profits unitaires. Ainsi, la baisse du chiffre d’affaires en Europe (-13 %) est supérieure à celle des volumes (-6 %).
Stellantis a néanmoins affirmé que les conséquences des ventes du premier trimestre sur le chiffre d'affaires ont été en partie compensées par la bonne tenue globale des prix (à hauteur de 1,2 milliard de dollars).
Chez le courtier Oddo, il est acquis que le premier semestre ne sera pas bon. Le broker s'attend à une révision des attentes du marché sur les performances de Stellantis, ce qui pourrait expliquer la correction sur le titre. Il estime que le consensus pourrait baisser de 10 %. Mais Oddo va plus loin et met en doute la capacité de Stellantis à atteindre les objectifs de son plan Dare Forward 2030 : "Le management va désormais devoir redoubler d'efforts afin de convaincre de la soutenabilité de sa performance opérationnelle et sa capacité à atteindre ses objectifs 2030". Stellantis est attendu de pied ferme par les analystes lors du Capital Market prévu le 13 juin prochain.
Sanction moins sévère pour les allemands
Mais Stellantis ne fait pas exception. Le premier trimestre a été compliqué pour tout le monde. Volkswagen a fait état le 30 avril 2024 d’une baisse de ses ventes, et même d’une diminution plus forte de son résultat opérationnel (-20 %). Même tendance chez Mercedes qui a accusé une amputation d’un quart de son profit d’exploitation sur les trois premiers mois de l’année. Mais les investisseurs ont été moins sévères avec les deux allemands. Le premier a lâché 4,6 % le 30 avril avant de se stabiliser le 2 mai. Le second a reculé de 5 % le 30 avril avant de repasser dans le vert le 2 mai (+1 %).
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