Stabilité pour le VUL, ralentissement pour le VI
Toujours en retrait des volumes de 2007 et 2008, le marché français des véhicules utilitaires a légèrement comblé son retard l’an passé en enregistrant une troisième croissance consécutive. Une hausse en partie tirée par le segment des véhicules de 3,2 / 3,5 t, qui a réalisé une croissance de 12 %, et celui des châssis-cabine. Si le durcissement du marché des utilitaires ne s’est pas pleinement traduit dans les immatriculations ces derniers mois, le ralentissement des prises de commandes est bel et bien une réalité depuis l’entame du second semestre 2011. Dès lors, les premiers mois d’activité pourraient se révéler difficiles. “Nous maintenons notre prévision de croissance du marché des fourgons-châssis et notre scénario prudent sur le segment des fourgonnettes : toujours tiré par des effets d’offre, il pourrait cependant marquer le pas en 2012”, annonçait le Bipe dans une étude diffusée sur Solutrans en décembre dernier. Prudents, méfiants face aux incertitudes du marché, les constructeurs présents sur le salon livraient discrètement leurs premières projections sur l’exercice 2012. “Stable” était le mot qui revenait dans les bouches de Patrice Bergonzi, directeur de Fiat Professional, et de Jean-Luc François, directeur général Véhicules Industriels de Mercedes-Benz France. Thierry Kilidjean, directeur commercial d’Iveco, osait une projection plus concrète sur le segment de marché du Daily, qui intéresse en premier lieu de constructeur transalpin : “Sur 2012, nos prévisions, fondées sur des analyses européennes et internes, tablent sur un segment des VUL de 2,8 à 6 tonnes à 158 000 unités, dont 84 500 unités sur celui de 3,5 à 6 tonnes. Mais nous devrions rencontrer des difficultés en termes de financement. Les organismes financiers nous ont prévenus, en fin d’année dernière, que l’exercice 2012 serait plus dur.”
L’OVI table sur un marché du camion à 45 000 unités
La trésorerie et la difficulté d’obtention des crédits bancaires constituent, en effet, l’une des principales problématiques, depuis plusieurs mois déjà, pour les marchés des véhicules utilitaires et du poids lourd. “Nous sommes pourtant consultés par les clients, mais les affaires ne se concrétisent pas en raison, notamment, du désengagement des banques sur le financement des VI et des VUL”, confirme Jacques Bruneel, président des concessionnaires VI du CNPA. “Le transport est perçu comme un secteur à risque par les banquiers”, soulignait Jean-Luc François, lors de la présentation de l’étude de la CSIAM. Dès lors, le marché français des véhicules industriels (+ de 5 t), qui a conclu l’exercice 2011 avec un volume de 47 363 unités, soit un bond de 33,3 % par rapport à 2010, devrait avoir du mal à confirmer sa performance cette année. Les prises de commandes, qui tournent au ralenti depuis plusieurs mois, devraient affecter les immatriculations au premier semestre 2012. L’Observatoire du Véhicule Industriel table sur un volume de 45 000 unités, soit une baisse de 4,2 % par rapport à 2011, dont 24 500 tracteurs et 20 500 porteurs. Ce dernier segment, en difficulté ces trois dernières années, devrait se stabiliser en 2012 tandis que l’OVI entrevoit un rythme de renouvellements encore soutenu pour les tracteurs, mais inférieur à l’an passé. “Le contexte économique devrait encore se durcir, et les entreprises qui n’ont pu redresser leur bilan après la crise de 2009 vont continuer à souffrir. Une reprise des défaillances après une accalmie relative en 2011 est à craindre. La récession attendue pour début 2012, la reprise avortée du BTP et la baisse des volumes transportés provoquent un climat forcément préjudiciable aux décisions d’investissement”, annonce l’OVI.
Baisse en 2012, mais pas d’effondrement
Le possible ralentissement de la consommation des ménages, et donc du transport de marchandises, le report des investissements des entreprises lié aux incertitudes économiques ou encore la flambée du prix du baril du pétrole sont autant d’autres facteurs qui pourraient venir perturber le marché en 2012. Des incertitudes d’ordre plus structurel (taxe poids lourds, obligation ou non du sixième essieu…) subsistent également. “Nous sommes complètement dans le flou, relève Jacques Bruneel. Beaucoup se félicitent d’un marché en hausse de 33 % l’an passé, mais cette variation, artificielle, n’a fait que resituer le marché dans la normalité et la moyenne de ces dix dernières années. L’analyse du marché du poids lourd s’établit sur le long terme. D’ailleurs, je crains que le marché des véhicules industriels soit boosté ces prochains mois par des achats d’anticipation à l’Euro 6, qui représente un surcoût d’environ 10 % sur le prix du véhicule. Ce phénomène pourrait entraîner un pic de production dans les années à venir, suivi, dès 2014, d’une forte chute, comme nous l’avons connue il y a quelques années pour le passage à l’Euro V.” Selon le Bipe, qui table sur un exercice autour de 46 000 unités, 2012, période dite de “résilience”, représente “une année à risque et devrait donner lieu à un ralentissement de l’activité”. En revanche, la nécessité de renouvellement de certaines grandes flottes ou encore le dynamisme du marché de l’occasion devrait permettre au marché de résister, et de n’accuser qu’une baisse relative.
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