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Constructeurs

Sébastien Caron, Citroën : "Avec la ë-C3, nous avons un blockbuster"

Publié le 23 mai 2024

Par Damien Chalon
10 min de lecture
Rencontré à l'occasion des essais presse de la nouvelle C3, Sébastien Caron se livre sur le lancement de ce modèle stratégique pour Citroën. Près de 12 000 commandes ont déjà été prises, sans que la voiture n'ait été approchée et testée par les clients. Un bon présage pour le directeur de la marque en France.
Sur les 12 000 commandes de la nouvelle C3, près de 6 000 ont été passées dans le cadre du dispositif du leasing social. ©Citroën

Le Journal de l'Automobile : Citroën entre enfin en phase de lancement de la nouvelle C3. Pouvez-vous tout d’abord nous faire un point sur le niveau de commandes ?

Sébastien Caron : Nous avons dépassé les 12 000 commandes sans avoir la moindre voiture à l’essai ou en présentation statique dans les showrooms. C’est assez rare comme performance. Certes, nous avons dévoilé la nouvelle C3 très tôt, très en avance de phase, en octobre dernier. Citroën avait déjà procédé de la sorte dans le passé, notamment avec le Xsara Picasso. Ce qui nous a aidés aussi est le dispositif du leasing social, auquel la nouvelle ë-C3 a été intégrée. L’ouverture des commandes s’est faite mi-janvier pour cette version. Il est en revanche beaucoup trop tôt pour parler des débuts de la C3 thermique, puisque les commandes ont ouvert en avril. Et encore, nous ne proposons pas toutes les versions. Les déclinaisons sociétés et utilitaires, ainsi que les auto-écoles, arriveront dans un second temps, d’ici la fin de l’année. À ce jour, le mix de commandes porte logiquement à 80 ou 90 % sur la C3 électrique. Le mix va s’équilibrer rapidement, puisque la version 1,2 l essence devrait être très demandée par la clientèle BtoB. Viendra ensuite la version hybride qui est une très bonne réponse et une alternative au diesel, que nous ne proposons plus sur la nouvelle C3. Quant à la version électrique à 200 km d’autonomie, elle est prévue pour début 2025.

 

©Citroën

 

J.A. : Quand les clients pourront-ils enfin approcher le véhicule en concessions ?

S.C. : La nouvelle C3 arrive dans les showrooms lors des journées portes ouvertes (JPO) du mois de juin. Beaucoup de soirées de lancement vont également être organisées, pour la plupart le jeudi 13 juin, juste avant les JPO. Les points de vente vont donc recevoir plusieurs voitures dans les prochains jours. Les vendeurs sont prêts pour accueillir les clients, ils viennent d’être formés sur le produit. La France sera le premier pays de lancement. Il faudra ensuite servir les autres pays, qui nous réclament eux aussi la voiture. Au niveau industriel, la montée en cadence va se faire au mois d’août et jusqu’à la fin de l’année. La priorité sera de livrer tous les modèles liés au leasing électrique avant la fin septembre, qui représentent un peu moins de la moitié du carnet de commandes. Nous atteindrons notre plein potentiel sur le dernier trimestre avec des volumes conséquents qui vont arriver. Les distributeurs pourront alors livrer leur portefeuille et puis évidemment toucher les nouveaux clients. Une fois que la machine sera lancée, je pense que nous allons faire un carton et devenir les leaders du segment B. C’est le souhait de Citroën d’être extrêmement présent sur ce segment très populaire.

 

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J.A. : La génération actuelle de la C3 continue à très bien se vendre. Y a-t-il une appréhension au moment de basculer sur la nouvelle ?

S.C. : C’est vrai, la C3 actuelle continue à faire le buzz. Elle fait vraiment le job dans le sens où les concessionnaires nous en demandent encore beaucoup. Elle reste très bien positionnée et elle continue à gagner des parts de marché. Ceci étant dit, nous arrivons au moment fatidique du switch industriel. L’usine de Trnava, en Slovaquie, va vite basculer sur la production de la nouvelle génération. Nous allons donc bientôt arrêter de fabriquer la C3 actuelle. Les derniers modèles qui seront assemblés nous permettront de répondre à certains deals BtoB et aux appels d’offres annuels. Les concessionnaires vont ainsi être en mesure de livrer leurs clients grands comptes jusqu’à la fin de l’année. Certains ont d’ailleurs stocké beaucoup d’exemplaires et continuent à en commander. Pour accompagner notre réseau sur le sujet, nous avons décidé de travailler les franchises d’agios et les accompagnements financiers afin que nos investisseurs puissent continuer à avoir la voiture et continuer à livrer en lissé jusqu’à la fin de l’année. Habituellement, les voitures sont portées par le constructeur pendant un certain temps et sont ensuite facturées automatiquement à nos concessionnaires. Là, nous allons porter les véhicules sur une plus longue durée pour leur permettre justement de se donner un peu d’air et de pouvoir livrer leurs clients sur les six prochains mois. Maintenant, je suis très content de lancer la nouvelle C3, il s’agit de mon premier lancement en tant que directeur de Citroën France. Je suis extrêmement confiant. La marque Citroën est extrêmement confiante. Avec la C3, nous arrivons avec le bon produit au bon moment, qui répond parfaitement aux attentes du marché. Nous avons une carte à jouer.

 

J.A. : À quelles attentes comptez-vous répondre ?

S.C. : Nous nous adressons aux clients qui veulent des voitures abordables et nous offrons la mobilité électrique au plus grand nombre. La ë-C3 est proposée à partir de 99 euros par mois à son lancement. Dans le cadre du leasing social, nous étions même à 54 euros par mois, ce qui était exceptionnel ! Nous sommes très bien positionnés. Mais la C3, ce n’est pas qu’un prix. Nous proposons de nombreux équipements de sécurité et de confort. Par exemple, le véhicule est équipé de suspensions à butées hydrauliques, une première sur le segment B. La position de conduite haute et l’espace à bord sont également des arguments forts. Nous avons un blockbuster. Encore une fois, je suis très confiant, et le réseau aussi.

 

©Citroën

 

J.A. : Justement, en parlant du réseau, comment gérez-vous le sujet de la rentabilité, qui fait débat actuellement ?

S.C. : Il y a un sujet sur la rentabilité, mais il fait vraiment rentrer dans l’analyse. Une grosse partie de notre réseau est rentable et une petite partie ne l’est pas du tout. On va dire que le dernier quartile du réseau a décroché. Ces investisseurs n’ont pas su évoluer en termes d’état d’esprit après la pandémie de Covid. Ils se sont surprotégés, ils ont réduit leur masse salariale et ils ne sont pas remis à embaucher. Il y a également des points de vente qui sont en situation de cession/reprise et qui vont renouer avec la rentabilité. Cela leur prendra du temps pour retrouver un certain niveau de performance. Un autre sujet est celui du véhicule d’occasion. Les réseaux ont très bien gagné leur vie grâce au VO ces dernières années. Il y avait une rentabilité très forte en raison des pénuries sur le marché et de la forte demande. En 2024, le marché s’est retourné avec moins de demandes et plus d’offres. Il y a aussi une volonté de l’ensemble de la profession automobile de reprendre un petit peu d’agressivité sur le marché du neuf avec des loyers qui viennent concurrencer ceux du VO. La baisse de rentabilité du réseau Citroën provient donc majoritairement du VO. Sur le VN en revanche, la rentabilité est bonne et progresse.

 

Depuis janvier, nous sommes autour de 9 % de part de marché. Nous comptons atteindre les 10 % avec la nouvelle C3

 

J.A. : Comment comptez-vous remobiliser cette partie du réseau en perte de vitesse ? Via le plan produit ?

S.C. : Si vous laissez ce réseau dans le niveau de performance qui est le sien aujourd’hui, le plan produit n’y changera rien. Il sera toujours décroché. Mon objectif est d’embaucher les bonnes équipes au niveau des directions régionales pour aider cette partie du réseau à travailler sur des plans d’action en vue d’un retour à la performance et d’embaucher. Il faut faire en sorte que ce dernier quartile rattrape les trois premiers. Il faut le ramener vers le haut. Il y a des investissements décrochés en qui nous avons confiance, nous allons les accompagner sur six, neuf ou douze mois pour corriger le tir.

 

J.A. : Un autre point qui chagrine les distributeurs Stellantis est la mise à jour des points de vente…

S.C. : Nous discutons beaucoup avec le réseau sur ces sujets, nous sommes ouverts à la discussion. Sur l’aménagement intérieur, je ne suis pas fermé. Si les distributeurs font quelque chose de propre et cohérent, ça ne me dérange pas. Ils peuvent par exemple faire appel à des entreprises locales pour les peintures. En revanche, là où je suis intransigeant, c’est sur l’image de marque extérieure. J’ai un réseau Citroën qui manque de cohérence. Nous sommes en pleine phase de lancement de la nouvelle C3 qui arbore fièrement notre nouveau logo. Il est donc important que le réseau adopte aussi ce nouveau logo et le mette sur ses façades. Cela participe au bon accueil des clients. La signalétique, ce n’est pas ce qui coûte le plus cher, d’autant plus que nous accompagnons le réseau financièrement.

 

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J.A. : Comment jugez-vous la première partie d’année de Citroën en France au niveau commercial ?

S.C. : Je croise les doigts pour faire un bon mois de mai ! En pleine phase de renouvellement produit sur le segment B, je ne vais pas tirer de conclusions hâtives sur nos performances des trois prochains mois. Nous allons être très dépendants de la production. Je vais plutôt regarder mon niveau de prises de commandes sur cette période. Pour l’instant, c’est excellent. Je suis très satisfait de la manière dont nous avons travaillé nos plans d’actions. Nous avons engrangé les commandes, tant sur la C3 actuelle que sur la nouvelle. Les autres modèles de la gamme sont également dans cette dynamique. Notre portefeuille progresse de 20 % depuis janvier. Maintenant, il faut produire, livrer, facturer et immatriculer. Le but n’est pas de créer une bulle que nous serions incapables de livrer. Au niveau commercial, le premier trimestre a été très bon, alors que le mois d’avril a été plus difficile. Il y a des effets de saisonnalité. Nous avons par exemple signé des grands comptes qui n’ont pas encore été livrés. Mais globalement, nous sommes sur une tendance assez proche de celle de l’année dernière. Je rappelle que Citroën ambitionne de faire 5 % de part de marché en Europe et le double en France. Depuis janvier, nous sommes autour de 9 %. Nous comptons atteindre les 10 % avec la nouvelle C3, un modèle qui représente 30 % de nos volumes. Les autres nouveautés vont également nous aider, à commencer par le futur C3 Aircross. Nous allons également dévoiler au prochain Mondial de Paris des versions très remaniées des C4 et C4X.

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