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Constructeurs

Renault ne sera plus motoriste de F1

Publié le 24 juillet 2024

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
L'écurie Alpine ne sera plus motorisée par Renault à partir de 2026. Une page va donc se tourner sur le site de Viry-Châtillon (91) où sont notamment développés et assemblés les moteurs de F1. La fin d'une épopée couronnée de nombreux succès. Les flèches bleues devraient être propulsées par un bloc Mercedes.
A partir de 2026, les F1 Alpine devraient être motorisées par Mercedes ©Alpine

Une page va se tourner dans l'histoire de Renault et de son site de Viry-Châtillon (91). En effet, le constructeur français ne devrait plus concevoir et produire de moteurs de Formule 1. Renault a en effet informé les représentants du personnel de son souhait de transformer cette usine, sans toutefois qu'il n'y ait de menace pour l'emploi.

 

"Cette proposition prévoit d'utiliser les ressources de la partie moteur F1 pour des projets spécifiques comme le développement des moteurs à hydrogène ou électriques à haute densité de puissance dont la marque a besoin pour se développer", a expliqué à l'AFP une source chez Alpine.

 

Les autres activités d'Alpine à Viry-Châtillon, comme notamment le programme endurance (WEC), ne sont pas touchées par ce projet de transformation, a précisé cette source.

 

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Certes, les résultats depuis que la Formule 1 a basculé dans l'ère hybride ne sont pas au rendez-vous pour le motoriste français. Le moteur actuel manque un peu de puissance mais c'est surtout le reste de la voiture, fabriqué à Enstone au Royaume-Uni, qui ne fonctionne pas.

 

Le changement de réglementation moteur à partir de la saison 2026 aurait pu permettre aux hommes de Viry de relever un nouveau défi pour retrouver les sommets.

 

le V6 Turbo, qui a notamment permis de gagner les 24 Heures du Mans en 1978, était la base du programme F1 à la fin des années 70. Les premiers prototypes de la F1 étaient d'ailleurs réalisés sous la marque Alpine.

 

La première F1 à moteur turbo a finalement été une Renault, surnommée par les britanniques "the yellow tea pot" (la théière) car les débuts n'ont pas été simple. Mais dès la première victoire de Jean-Pierre Jabouille, en 1979 au Grand Prix de France, puis René Arnoux ensuite, ils ont vite compris que sans turbo il serait impossible de gagner.

 

Le moteur V6 turbo de Renault qui a permis à la marque de remporter les 24 Heures du Mans et de gagner en Formule 1. ©Alpine

 

L'équipe Renault joua même le titre mondial en 1982 mais surtout en 1983 avec Alain Prost, battu sur le fil par Nelson Piquet et sa Brabham. Sous la houlette de Bernard Dudot, le moteur Renault équipera ensuite les Ligier et les Lotus. C'est d'ailleurs avec un modèle anglais à la livrée noir et or équipé d'un moteur Renault qu'Ayrton Senna signa sa première victoire au Portugal en 1985.

 

Arrivera ensuite l'époque des V10. Là encore Renault s'illustre comme motoriste. Il équipera notamment Benetton et Michael Schumacher mais surtout les Williams où Nigel Mansell, Alain Prost, Damon Hill et Jacques Villeneuve seront champions du monde des pilotes. Durant cette période le moteur Renault remportera 6 titres mondiaux consécutifs.

 

Viendra ensuite le premier sacre, toujours avec un V10, de l'écurie Renault en 2005 avec Fernando Alonso. L'espagnol enchainera un second titre en 2006 mais cette fois avec un V8. Un chapitre V8 qui sera également couronné de succès avec RedBull puisque le moteur Renault sera le compagnon de Sebastian Vettel pour ses quatre titres (de 2010 à 2013).

 

La Formule 1 est devenue un business comme les autres

 

Depuis le milieu des années 70, Renault s'est donc largement illustré dans le sport automobile, prouvant qu'il avait les compétences pour relever de nombreux défis. Ce renoncement du losange témoigne, si besoin en était, que la Formule 1 n'est plus qu'un outil marketing.

 

L'écurie Alpine devrait donc rouler avec des moteurs Mercedes à partir de 2026 mais la marque française va sans doute continuer de mettre en avant, auprès de ses clients et prospects, ses technologies, sa performance et son expérience en Formule 1.

 

Tour à tour écurie à part entière ou simplement motoriste, Renault a marqué l'histoire de la F1 avec de nombreux titres mondiaux. ©Alpine

 

La Formule 1 est devenue un business comme les autres. Effectivement, acheter un moteur à Mercedes coutera sans doute moins cher au constructeur que d'en créer un de toute pièce. Une décision, sans doute rationnelle d'un point de vue économique, mais qui semble paradoxale au moment où Alpine compte s'appuyer sur la Formule 1 pour conquérir de nouveaux marchés grâce à une discipline qui n'a jamais été aussi populaire.

 

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Pour autant, le moteur Mercedes assure-t-il à Alpine un retour vers le haut de la grille ? Rien n'est moins sûr car le châssis tient une plus grande importance dans la performance. De plus, les futurs nouveaux moteurs n'entreront en action qu'en 2026 et pour l'heure aucun motoriste ne peut affirmer qu'il est meilleur qu'un autre.

 

Lors du dernier changement de réglementation, Renault n'a clairement pas réussi à en tirer le meilleur. On ne saura donc jamais si les ingénieurs de Viry, piqués au vif, auraient eu une réaction d'orgueil et fourni un bloc de haute volée.

 

Même si les travaux étaient déjà entamés, ils n'en auront finalement pas l'occasion. Luca de Meo et Flavio Briatore, de retour comme conseiller F1 du président malgré sa faute ayant conduit Renault à vendre son écurie suite au crashgate de Singapour en 2008, resteront comme les fossoyeurs de plus de 45 ans d'histoire et de nombreux succès.

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