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Constructeurs

Renault enfin dans la course

Publié le 5 juin 2015

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Depuis la pose de la première pierre en janvier 2014, les choses vont bon train et Renault va donc bientôt débuter sa campagne en Chine grâce au début de la production du Kadjar dans l’usine de Wuhan. Jacques Daniel, président de Drac, revient sur cette course contre la montre.
La pose de la première pierre de l’usine Renault de Wuhan en janvier 2014.

“Nous sommes dans les temps, souffle Jacques Daniel, président de Dongfeng Renault Automotive Company Limited, nous avons déjà fabriqué les premières voitures.” Le Kadjar chinois, produit à Wuhan, est donc une réalité. Seulement industrielle pour l’heure, car le vrai top départ de la production et de la commercialisation est attendu pour début 2016. En attendant, des pré-séries sont donc sorties des chaînes afin de valider l’ensemble du process mis en place par Renault. Un système de production qui doit beaucoup à Nissan. En effet, le Français s’est appuyé sur son allié, déjà bien implanté en Chine, pour gagner du temps et optimiser ses coûts. Mais ce partage n’a pu être aussi important que souhaité, du fait de la loi chinoise, souligne Jacques Daniel. Ainsi, pour la construction de l’usine ou encore les biens d’équipements du site, un appel d’offres a été nécessaire car le partenaire de Renault, Dongfeng, est une société d’Etat. Malgré cela, Renault et Nissan partagent toutefois une bonne moitié de leurs fournisseurs malgré cette procédure. De la même manière, Renault, dans le cadre des obligations liées à la JV, a dû construire une usine de fabrication de moteurs complète, avec la fonderie. “La capacité installée est de 80 000 unités par an, indique Jacques Daniel, avec la possibilité de grimper à 120 000 unités. Mais nous aurions préféré les acheter à Nissan…” Même si tout n’est pas parfait, le président souligne que l’expérience de Nissan a été un très gros atout. “Cela nous a donné accès à son réseau de fournisseurs, mais aussi à ses usines où nous avons pu réaliser la formation de nos équipes de production.”

Les obligations de Renault

Ce n’est donc pas simple pour les derniers entrants. D’autant que Renault doit, en quelque sorte, faire ses preuves pour que sa licence évolue. En effet, le Français doit montrer que son business est viable avant de pouvoir envisager la suite. Car, aujourd’hui, la licence délivrée par les autorités chinoises est relativement restrictive et permet à Renault de seulement produire deux SUV. Certes, ce sont les modèles à la mode en ce moment en Chine, mais pour l’heure, le Français n’a pas encore le feu vert pour produire une berline tricorps. Afin d’obtenir cette extension de licence, il doit, en plus de démontrer sa viabilité sur le marché, répondre à d’autres exigences comme développer avec son partenaire une marque propre à la coentreprise reposant sur les mêmes contraintes produits. Donc, en l’espèce, ce devra être des SUV. Toutefois, Jacques Daniel souligne qu’il n’y a pas urgence, “même s’il faut créer cette marque ou l’exprimer clairement pour passer à l’étape suivante”. Le patron du losange en Chine a également précisé que les technologies 100 % électrique et hybride rechargeable feraient partie du futur “compte tenu des objectifs en termes d’émissions”.

Viser 3,5 % du marché

En attendant un élargissement de la gamme, Renault va donc débuter la production du Kadjar, localisé à plus de 85 %, en début d’année 2016 et celle d’un autre SUV du segment D d’ici à la fin de cette même année. La capacité annuelle installée est de 150 000 unités avec la possibilité de passer rapidement à 300 000 unités. La nouvelle gamme SUV/crossovers du Français sera toutefois ouverte par le petit Captur qui débarque en juin dans l’empire du Milieu, conforté par son succès en Corée du Sud.

Renault démarre donc réellement son aventure chinoise. Mais avec quelles ambitions ? Carlos Ghosn a répondu : “Je pense que, dans un premier temps, il serait normal de dire qu’en Chine, nous visons une part de marché qui soit la part de marché moyenne du groupe sur le plan mondial. Donc, on s’est basé sur une référence de 3,5 % (…) comme première étape. Mais 3,5 % d’un marché de 20 millions, c’est déjà 700 000 voitures.” Renault devra toutefois être patient, mais surtout réussir cette première étape avant d’envisager un tel volume. Il devra aussi investir bien plus que le milliard d’euros engagé jusqu’ici.

 

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