Renault dévoile son metaverse industriel
A l'occasion de ses "Tech Industry Days", le groupe Renault a dévoilé, dans l'usine de Flins (78), un projet de metaverse industriel initié en 2016. Le constructeur présente d'ailleurs cela comme une première mondiale. Toutes ses usines du monde ont aujourd'hui un double numérique et plus d'un milliard de données remontent, tous les jours, dans un cloud européen de Google.
Pour mettre sur pied cette réalité virtuelle, Renault a investi 225 millions d'euros sur 5 ans et les résultats sont déjà palpables avec 780 millions d'économie déjà réalisées. Mais à l'image des données, de plus en plus nombreuses, les économies vont-elles aussi progresser.
D'ici 2025, Renault estime que ce nouveau monde va lui permettre d'économiser encore plus de 320 millions sur les coûts globaux et notamment de fabrication et 260 millions d'euros sur les stocks. Un dispositif qui va aussi être un moyen pour la marque de réduire l'empreinte CO2 par véhicule de 50 % et d'accélérer de 60 % les délais de livraisons.
L'amélioration de la qualité faisant également partie de l'équation, le constructeur espère également des coûts de garantie en baisse de 50 % et, d'un point de vue industriel, l'implémentation plus rapide de nouvelles technologies pour 40 % de moins.
Vendre la solution de collecte de données à d'autres industriels
Dans les faits, tous les objets constituant une usine sont connectés mais surtout parlent le même langage, dès la collecte des données. Par exemple, 8 500 équipements allant d'une simple visseuse à un robot soudeur, mais aussi 107 presses, 172 centres d'usinages ou encore 15 extracteurs d'air des cabines de peintures viennent alimenter le cloud.
Ce metaserve semble faire entrer le suivi de la production dans une nouvelle ère avec une optimisation de tous les instants. Les applications possibles sont encore très nombreuses à venir avec l'ajout d'une dose d'intelligence artificielle, qui va rapidement se développer avec la multitude de données recueillies. Le contrôle qualité va y gagner comme la formation.
Renault s'est associé à Atos pour vendre sa solution de collecte de données à d'autres secteurs d'activité comme le ferroviaire, l'aéronautique, etc. Baptisée ID@Scale, cette solution est "en vente" depuis juin 2022 et Atos confie avoir déjà signé avec un client. D'ici 2027, l'association Renault-Atos espère réaliser un chiffre d'affaires de 49 millions d'euros avec 18 clients actifs.
Fast track grâce au metaverse
Mais ce metaverse ne s'arrête pas aux portes de l'usine. En effet, la chaîne logistique est aussi scrutée. Le centre de contrôle, pour l'heure à Vélizy (78) mais qui va bientôt rejoindre le Technocentre de Guyancourt (78), suit également 6 000 camions par jour pour mieux anticiper certains problèmes d'approvisionnement et donc de production. Cette "surveillance" va s'étendre au fil des mois et le constructeur espère bientôt pouvoir suivre les bateaux.
Mais cette forêt de data ne s'arrête pas à l'amont. En effet, les données de l'aval sont aussi exploitées, jusqu'à la livraison du véhicule chez le concessionnaire. Par exemple, cela joue sur les délais de livraisons, toujours plus rapides. La première chose concrète faite dans ce domaine est la mise en place du Fast track. En effet, Renault propose des Arkana ou des Captur en livraisons Fast track en s'appuyant sur ce système. Mais impossible de savoir combien de jours ont été gagnés.
Une gestion de l'énergie en temps réel
Plus largement, au sujet de la réduction de la consommation d'énergie, également au centre de ce monde virtuel, Renault a rappelé le planning de sa décarbonation. Si l'objectif européen de neutralité carbone a été fixé à 2030 (2050 dans le monde), le pôle ElectriCity sera neutre grâce à l'utilisation de 75 % d'énergie renouvelable dès 2025.
Le site de Douai (59) va pouvoir compter sur une géothermie profonde (4 km, faite avec Engie) avec une eau à 130 degrés. Celui de Maubeuge (59) fera appel à la biomasse (avec Dalkia-EDF). Ces deux systèmes couvriront 70 % des besoins en chaleur des deux sites et, pour les 30 % restants, Renault utilisera la méthanisation avec du bio gaz.
Même dans cette gestion de l'énergie, le metaverse a son utilité. En effet, avec EcoGy, un logiciel permettant de remonter toutes les données de consommations de 24 usines, Renault peut planifier les consommations (et acheter moins cher l'énergie) mais aussi surveiller les choses anormales. Par exemple, dans une usine, le tableau de bord permet de voir en temps réel la consommation de machines identiques et si l'une consomme plus que les autres, une alerte est donnée pour les régler afin que toutes consomment la même chose.
Une gestion de la consommation qui a déjà permis de faire 12 % d'économie en 2022 et l'objectif est d'atteindre 30 % en 2025. Pour finir ce chapitre énergie, Renault devrait bientôt annoncer une implantation photovoltaïque en France qui couvrira 50 % des besoins. Un projet à l'image de celui déjà signé en Espagne, avec Iberdrola, couvrant les besoins des sites espagnols avec 600 gWh d'électricité décarbonée grâce au photovoltaïque.
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