Pedro Fondevilla, Seat et Cupra : "Nous visons 3 % de part de marché avec Cupra"
Le Journal de l'Automobile : Vous venez d’être nommé à la direction de Seat et Cupra France après avoir notamment dirigé le Portugal au cours de votre carrière. Quelle est votre première analyse du marché français ?
Pedro Fondevilla : Le marché français est très concurrentiel, probablement l’un des plus importants en Europe. 50 % des parts de marché sont détenues par des constructeurs nationaux, ce qui reste pour tous les autres acteurs seulement la moitié du marché. C’est également un marché porté sur l’électrique avec des aides de la part de l'État très importantes, comme le leasing social, même s'il est à noter que ces soutiens financiers vont probablement se réduire.
J. A. : Seat a connu des années difficiles depuis la pandémie et le lancement de Cupra. Néanmoins, la marque connaît une progression de 34 % depuis le début de l’année, soit au total 15 797 voitures. Quelle est la raison de cette remontée ?
P. F. : Nous avons toujours dit que nous n’abandonnions pas Seat. Néanmoins, il est vrai que nous avons fait des choix lors de la crise des semi-conducteurs. Nous avons ainsi privilégié Cupra que nous venions de lancer et qui avait un très gros potentiel, ce que nous voyons aujourd'hui. Mais vous notez que, depuis la fin des pénuries, Seat reprend des couleurs. En France, qui est désormais le quatrième marché pour les deux marques, Seat a gagné 0,4 % de part de marché pour atteindre 1,4 % à fin août 2024.
J. A. : Et pour Cupra ?
P. F. : Nous avons commercialisé 10 755 Cupra, soit une progression de 24,6 %, ce qui représente une part de marché de 1 %. D'ici la fin de la décennie, nous visons 3 %.
J. A. : Seat et Cupra peuvent donc vivre en parallèle ?
P. F. : Tout à fait. Seat a une particularité. Il s’agit de la marque qui dispose de la clientèle la plus jeune du marché. Elle est d’environ dix ans inférieure à la moyenne des acheteurs de véhicules neufs. Cette particularité a un grand avantage pour nous : elle permet de faire entrer les clients dans l’univers du groupe Volkswagen. À nous de les garder et, en fonction de leurs moyens, de les faire basculer vers d’autres marques du groupe, de préférence vers Cupra (sourires).
J. A. : Six ans après son lancement, comment est perçue la marque Cupra ?
P. F. : En seulement six ans, je rappelle que nous avons vendu dans le monde 700 000 voitures. En Europe, nous la positionnons entre Volkswagen et Audi et nous observons qu’elle est un outil de conquête très important, car 50 % des clients Cupra ne possédaient pas de véhicule des marques du groupe Volkswagen. En France, elle atteint un taux de notoriété de 7/10, ce qui est un très bon résultat eu égard à son jeune âge.
J. A. : Cupra vient de dévoiler son nouveau véhicule, le Terramar. Comment se positionne-t-il dans la gamme ?
P. F. : Le Terramar est un SUV du segment C, le segment le plus important en Europe. C’est pourquoi, nous sommes très actifs sur ce segment et nous offrons pas moins de trois modèles. Notre gamme est ainsi complète avec l’Ateca, qui est le plus petit de nos offres sur ce segment, avec une longueur de 4,30 m. Il est suivi par le Formentor, le premier modèle 100 % Cupra, qui a permis à la marque de se faire connaître et qui a accéléré les ventes, tandis que le Terramar, plus grand et plus haut de six centimètres, se positionne au-dessus, avec une dimension plus familiale.
J. A. : Quelle proportion représentera le Terramar dans le mix des ventes et quel sera l’écart de prix entre le Formentor et lui ?
P. F. : Sur le marché français, nous estimons que le Formentor restera numéro un des ventes, suivi par le Terramar. Au niveau mondial, Cupra vise les 500 000 unités par an et le Terramar contribuera grandement à atteindre cet objectif. Quant à l’écart de prix, toujours sur le marché français, à motorisation égale, il sera entre 5 et 7 % entre les deux véhicules.
J. A. : Quelles sont les actualités du réseau Seat et Curpa dans les mois à venir ?
P. F. : Le réseau Cupra comptera 119 points de vente d'ici à fin 2024. D'ici fin 2025, nous prévoyons d'avoir le même nombre de sites que Seat, soit environ 135 adresses, mais cela ne signifie pas que tous les distributeurs Seat auront le panneau Cupra. Nous privilégions les zones où Cupra, qui ne touche pas la même clientèle que Seat, aura plus de potentiel.
J. A. : Cela sera-t-il suffisant pour atteindre vos objectifs en part de marché ?
P. F. : La plus grande partie du parcours client se fait en digital, donc nous estimons que cette capillarité suffira. Néanmoins, pour la partie après-vente, nous nous appuyons sur le réseau du groupe Volkswagen, qui dispose de plus de points de vente afin d'offrir un plus grand service à nos clients.
J. A. : Sous quelle forme de contrat sera vendu le Terramar ?
P. F. : Comme tous les modèles thermiques et hybrides, le Terramar sera vendu dans le cadre d'un contrat classique de concessionnaire, tandis que notre nouveau Tavascan rejoindra la Born et sera vendu via un contrat d'agent, comme tous les modèles électriques du groupe Volkswagen.
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