Nissan renoue avec les bénéfices
Nissan, allié au français Renault, est redevenu rentable lors de son exercice 2021/22 achevé fin mars, une première depuis 2018/19. Mais son nouvel exercice s'annonce seméd'embûches, entre flambée des coûts des matières premières et problèmes d'approvisionnement.
Son bénéfice net annuel s'est établi à 215,5 milliards de yens (1,6 milliard d'euros), selon des résultats publiés jeudi 12 mai. Cette performance est légèrement supérieure au dernier objectif du groupe et contraste avec sa lourde perte nette subie en 2020/21, équivalente à 3,4 milliards d'euros.
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L'environnement de marché est resté "extrêmement difficile" durant l'exercice écoulé du fait de l'impact persistant de la pandémie de Covid-19, la pénurie de semi-conducteurs et la montée des prix des matières premières, a souligné Nissan dans son communiqué.
Néanmoins, le groupe dit avoir récolté les fruits de sa vaste restructuration amorcée en 2019 et de sa nouvelle stratégie axée sur la qualité des ventes au lieu des volumes, sa mise sur le marché de nouveaux modèles et une vive reprise du marché automobile américain.
62,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires
Nissan a aussi profité de la baisse du yen, devenue brutale à partir de mars. La devise nippone évolue depuis avril à ses plus bas niveaux par rapport au dollar depuis 20 ans. Cet effet de change est positif pour les groupes exportateurs japonais, en dopant artificiellement leurs revenus réalisés à l'étranger.
Nissan a également dépassé son objectif de bénéfice opérationnel annuel, qui a atteint 247,3 milliards de yens (1,8 milliard d'euros). S'il a raté sa cible en matière de chiffre d'affaires, lequel a totalisé 8 424,6 milliards de yens en 2021/22 (62,5 milliards d'euros), ce niveau représente tout de même une hausse de 7,1 % sur un an.
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Mais de nombreux vents contraires soufflent sur son nouvel exercice, où l'environnement de marché devrait être "encore plus sévère", a prévenu le constructeur. Nissan s'attend ainsi à une chute de 30 % de son bénéfice net, à 150 milliards de yens. Ce déclin est toutefois amplifié par une comparaison défavorable avec l'exercice écoulé, où Nissan a enregistré un gain exceptionnel significatif lié à la vente de ses parts dans l'allemand Daimler.
A la pénurie persistante des semi-conducteurs se greffent désormais les confinements sanitaires en Chine et la guerre en Ukraine, des facteurs négatifs qui font encore grimper les coûts des matières premières et les perturbations sur les chaînes d'approvisionnement.
"Bien que Nissan ait mis en place des plans de continuité de ses opérations de manière agile, ces changements ininterrompus" des conditions de marché "créent une incertitude sans précédent", a souligné Ashwani Gupta, le directeur des opérations de Nissan.
Important conseil de l'alliance
Ces impacts se sont déjà fait sentir sur le dernier trimestre (janvier-fin mars), où Nissan n'a dégagé qu'un mini-bénéfice net de 14,2 milliards de yens, un bénéfice opérationnel de 56 milliards de yens et un chiffre d'affaires de 2 270,6 milliards de yens (16,9 milliards d'euros), en baisse de 10,8 % sur un an.
Nissan vise malgré tout pour 2022/23 un bénéfice opérationnel quasi stable sur un an, à 250 milliards de yens, et une hausse de 18,7 % de son chiffre d'affaires à 10 000 milliards de yens (74 milliards d'euros au cours actuel).
Signe d'une certaine confiance retrouvée, Nissan va verser un petit dividende de 5 yens par action pour son exercice écoulé, une première depuis 2019, et prévoit un dividende au moins similaire pour 2022/23.
Son directeur général Makoto Uchida a reconfirmé jeudi l'objectif du groupe de dégager une marge opérationnelle ajustée de 5 % en 2023/24, contre une marge ajustée de 3,7 % en 2021/22.
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De son côté, Mitsubishi Motors, troisième membre de l'alliance Renault-Nissan, s'est montré plutôt optimiste pour son nouvel exercice. A l'inverse, le géant mondial de l'automobile Toyota a prévu une chute de ses bénéfices face à une hausse "sans précédent" de ses coûts en matières premières et logistique.
Un important conseil de l'alliance entre les trois constructeurs est par ailleurs prévu mardi prochain à Yokohama, au siège de Nissan. Le directeur général de Renault, Luca de Meo, est déjà arrivé mercredi au Japon. Le projet de Renault de scinder son activité dédiée à l'électrique et ses implications pour Nissan et Mitsubishi Motors devraient être au cœur de cette réunion.
"Nous sommes prêts à soutenir Renault, mais est-ce que (un projet similaire, NDLR) serait bon pour Nissan, et est-ce la bonne direction pour l'Alliance dans son ensemble ? Nous devons en discuter davantage", a commenté Makoto Uchida. (avec AFP)
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