Nio : malgré les pertes, le constructeur chinois garde l'Europe dans son viseur
L’ambiance est feutrée, claire, épurée avec quelques modèles exposés au rez-de-chaussée et un large escalier qui mène à l’espace lounge dédié à la clientèle de la marque. La première Nio House a ouvert ses portes à Pékin en 2019, dans un quartier central des affaires de la capitale chinoise, une sorte de Champs Élysées pékinois.
À cet étage, les membres du Club Nio peuvent y faire du yoga, travailler, organiser des réunions de travail ou même laisser leurs enfants pendant qu’ils déambulent dans le mall, le centre commercial plutôt haut de gamme, situé juste à côté. 142 Nio House ont poussé sur le territoire chinois depuis cette date et six en Europe, à Oslo, Rotterdam, Amsterdam, Düsseldorf, Francfort et Berlin.
Nio a Tesla et les premium en ligne de mire
Ici, l’expérience client n’est pas un vain mot et le constructeur chinois n’hésite pas à parler d’expérience continue avec une seule personne qui gère l’intégralité de la relation, de la vente au financement. Il est vrai que la marque chinoise fondée par William Li en 2016 ne donne pas dans le mainstream ou l’offre cœur de marché. L’objectif est bien la conquête de la voiture électrique premium avec Tesla dans le viseur. Les tarifs de la gamme oscillent entre 50 000 et 90 000 euros. La marque détient 42 % de part de marché sur le segment du premium électrique en Chine et compte sur l'année 2023 un volume de 160 000 ventes (sur les 480 000 enregistrées depuis sa création).
Dès le départ, la marque mise sur la technologie et les performances de ses modèles. Elle se fait d’ailleurs connaître en 2016 avec son hypercar EP9 qui bat le record de vitesse du tour du circuit du Nürburgring (Allemagne) en développant une puissance de plus de 1 300 chevaux et une vitesse de pointe de 313 km/h.
Cette visibilité bénéficie aux cinq modèles de la gamme, des berlines (ET5, ET7), aux SUV (ES6, ES7, ES8, EC6, EC7), en passant par le break (ET5 touring). Plus récemment, Nio a dévoilé le modèle ET9, qui n’est pas encore commercialisé mais qui compte marcher sur les platebandes des Mercedes EQS et autres BMW i7.
Swap de batteries
Côté performance, c’est bien sur la puissance des moteurs et l’autonomie des batteries que Nio fait la différence. Fin 2023, le constructeur annonce l’arrivée d’une batterie semi-solide de 150 kWh d’autonomie supérieure à 1 000 km (selon le cycle chinois), qui serait compatible avec tous les modèles déjà commercialisés. Elle vient compléter les deux propositions existantes d’une batterie de 75 kWh et de 100 kWh.
L’autre particularité de Nio réside dans une innovation, "le batterie swap", un service qui permet de changer la batterie déchargée contre une pleine en trois minutes. 2 400 stations de recharge sont réparties sur le territoire chinois et 43 en Europe (au Danemark, en Norvège, en Suède et aux Pays-Bas). Lotus, qui appartient au groupe Geely, a d'ailleurs signé un accord, durant le salon de Pékin, pour que ses modèles puissent accéder et bénéficier des swap stations.
La marque demande dix euros par échange en plus du prix d’une recharge. Une stratégie unique dans le paysage qui rencontre un certain succès en Chine, au regard de l’étendue du territoire mais qui pourrait cependant trouver ses limites en Europe, surtout en proposant une batterie de plus de 1 000 km d’autonomie.
Modèle économique toujours perdant
Sur le papier, le développement et l'implantation de la marque se déroulent. Reste que Nio est largement déficitaire. La marque affiche des pertes de 2,9 milliards de dollars pour l'année 2023. Selon un article du New York Times paru à l'automne dernier, le constructeur perdrait "35 000 dollars par voiture et ne vivrait que sur des subventions du gouvernement chinois".
Ce qui n'a pas empêché le fonds CYVN, basé à Abou Dhabi, d'apporter 2,2 milliards d'euros à Nio et de monter à 20,1 % du capital du constructeur.
De quoi se lancer partout en Europe ? Sans doute, mais pas à la vitesse envisagée au début de l'histoire. Le lancement d'une marque plus cœur de marché, Onvo, dont le modèle L60 se veut directement en frontal de la Tesla Model Y pourrait permettre un déploiement plus rapide. En attendant, la France reste bel et bien dans la ligne de mire. La date de 2025 n'est pas clairement confirmée mais l'implantation d'une équipe en France, dirigée par Nicolas Vincelot et basée près de la Concorde, n'a pas pour objectif de faire de Nio un figurant du marché.
A lire aussi : Le chinois Nio s'attaque réellement à l'Europe
Quant au modèle de distribution : l'accueil et la présentation de la marque aux distributeurs automobiles emmenés par la délégation de Mobilians au salon de Pékin en dit long sur les développements possibles. Face aux flops des ventes directes de certaines marques, comme Seres ou encore Aiways, les réseaux ont de beaux jours devant eux.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.