Logan en vente chez les MRA ?
...millier de MRA disparaissent chaque année. S'ils veulent survivre, ils doivent se former et s'équiper". Ou bien ? Il n'y a pas de "ou bien". J'ajouterais pour ma part que même s'ils se forment et s'équipent, personne ne peut garantir aux MRA qu'ils "survivront". Il faudrait trouver d'autres formules, et j'en ai une à proposer. Elle suppose que le constructeur qui a su inventer Logan ait enfin envie de lui donner toute sa chance. Je regrette de ne pas y avoir pensé plus tôt, mais je suis persuadé que les MRA (certains d'entre eux, en tout cas) vendraient des Logan mieux que bon nombre de concessionnaires Renault. Non pas que ceux-ci soient a priori hostiles au modèle, encore que… Plus radicalement, l'écart de rentabilité entre une Logan et un autre modèle de la gamme est une raison plus que suffisante pour ne pas trop s'en occuper ou, au contraire, pour s'en occuper savamment, au profit des modèles plus rentables. C'est humain et, en tant que commerçant, j'ai du mal à verser des pleurs autres que sauriens. Par ailleurs, on l'a dit, le gros des clients potentiels du modèle n'a pas pour habitude de fréquenter des magasins somptueux.
Les MRA et leur reconversion
Prenez un petit MRA (2 personnes), demandez aux intéressés d'investir des dizaines de milliers d'euros pour s'équiper, et une partie importante de leur temps de travail pour se former. C'est presque une provocation. Il faut donc qu'ils disparaissent ? La logique de la concurrence conduit à répondre par l'affirmative. Mais Logan, comme Zorro, est arrivée, et il se trouve qu'elle a quelque chose à leur offrir. Tout d'abord, un revenu complémentaire au moment de la vente. Ensuite, des opportunités de gain lors des opérations de réparation ou de manutention, garantie comprise… sans qu'il soit nécessaire d'investir plus que de raison, s'il est exact que Logan est un véhicule relativement "simple" et encore très mécanique par rapport aux petites merveilles super électroniques qui pullulent sur les routes. Ceci étant, quel avantage les MRA peuvent-ils présenter pour les clients potentiels de Logan ? Tout d'abord, un MRA a souvent pour caractéristique de n'effrayer personne : il ne s'agit pas de structures ultra modernes et imposantes, mais de lieux de travail modestes. On y entre donc plus facilement et on y négocie plus volontiers, parce que l'interlocuteur est en bleu de travail ; ce n'est pas un "monsieur de la concession" trop bien cravaté pour vous prêter attention. Ensuite, le coût des réparations sera plus abordable chez un MRA que dans une grande concession. C'est exactement ce dont un client Logan a besoin. Ceux qui penseraient à une crise de misérabilisme de ma part n'ont pas pris la peine de réfléchir à la cible de clientèle de Logan. Mais les MRA seront-ils capables de se reconvertir à ce nouveau rôle ? C'est probable pour un grand nombre d'entre eux. Au fond, ils y retrouveraient leur métier.
Les constructeurs et leur reconversion
On aurait tort de penser que seul Renault est concerné parmi les constructeurs. Selon toute vraisemblance, tous auraient confié le bébé Logan à leur réseau de concessions et (éventuellement) d'agents, cette deuxième hypothèse étant légèrement meilleure que l'autre. Les choses étant engagées, il est aujourd'hui peu probable que Renault revienne sur ses pas en ce qui concerne la distribution de Logan. Le prochain constructeur qui s'engagera sur cette voie, et il y en aura forcément un, sera sans doute bien avisé de penser le réseau en même temps que le produit, après avoir bien cerné la clientèle qu'il faut cibler. Les habitudes étant dures à disparaître, ceci demandera un effort peu commun : il est rare, en effet, qu'on puisse trouver par miracle un réseau prêt à opérer dès aujourd'hui, et d'autant plus intéressant à activer qu'il correspond par ses caractéristiques aux nécessités latentes d'une clientèle potentielle non connue. Et sans un réseau spécifique, l'échec est probable. Tout au plus pourra-t-on se faire des illusions, au vu des premiers clients qui afflueront quand même. Le temps d'un feu de paille.
Ernest Ferrari ConsultantSur le même sujet
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