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Constructeurs

L’hydrogène n’a pas dit son dernier mot

Publié le 3 décembre 2014

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Eclipsée par la montée en puissance des hybrides rechargeables, la pile à combustible n’a toutefois pas dit son dernier mot. Le dernier salon de Los Angeles, avec notamment la Toyota Mirai, nous le rappelle.
Avec ce concept A7 h-tron Quattro, dont l’autonomie annoncée est de 500 km, Audi se positionne sur ce marché en devenir.

L’hydrogène et la pile à combustible n’ont jamais réellement disparu du paysage automobile, mais il faut bien dire que, depuis quelques années, ce n’était plus la priorité. En effet, les véhicules 100 % électriques conventionnels, mais aussi les hybrides et surtout les hybrides rechargeables, étaient sous les feux de la rampe et le resteront sans doute encore pendant des années. Cela étant, à l’occasion du salon de Los Angeles, la pile à combustible est revenue en force. Ce n’est toutefois pas un hasard puisque la Californie est le royaume des énergies nouvelles et, en l’occurrence, l’un des rares territoires du globe disposant d’un réseau de distribution d’hydrogène digne de ce nom avec une trentaine de pompes. Un fait qui explique pourquoi Toyota, Honda, Audi et Volkswagen ont choisi la Cité des Anges pour dévoiler leurs travaux en la matière.

Un duel germano-japonais

Honneur à Toyota. Pour Akio Toyoda, le patron de Toyota, “le futur est là. Et il s’appelle Mirai”. C’est le nom (“Mirai” veut dire futur en japonais) de la nouvelle berline du Nippon fonctionnant avec une pile à combustible. Commercialisée au Japon d’ici la fin de l’année et en septembre 2015 en Allemagne (66 000 euros HT), en Angleterre et au Danemark, cette berline est la suite logique du concept FCV notamment présenté lors du dernier Mondial de Paris. Equipée d’un moteur électrique de 155 ch, cette berline est capable, selon le constructeur, de parcourir 500 km grâce à l’hydrogène embarqué dans ses deux réservoirs. Les ambitions de Toyota ? Elles sont mesurées puisqu’il estime qu’il devrait vendre entre 50 et 100 unités par an durant les années 2015 et 2016. A partir de 2017, les chiffres pourraient sensiblement augmenter car la liste des pays où la Mirai sera distribuée sera plus large. Mais cette Mirai ne sera pas longtemps seule sur le marché car Honda a aussi choisi la ville américaine pour présenter la suite de son programme hydrogène-pile à combustible avec le concept FCV. Ce modèle deviendra une voiture de série en mars 2016 au Japon, puis aux Etats-Unis et en Europe. Une suite logique après la FCX Clarity, qui a été en son temps la première berline fonctionnant avec une pile à combustible produite en série, fût-elle petite. Pour Volkswagen, l’heure de la série n’a pas encore sonné, mais le constructeur

fait savoir qu’il est prêt avec sa Golf HyMotion. Annoncée depuis le lancement de la plate-forme MQB, la pile à combustible attend maintenant la mise en place d’infrastructures suffisantes. Audi, autre marque du groupe allemand, a également présenté sa vision de la propulsion à l’hydrogène avec le concept A7 h-tron Quattro. Audi annonce une autonomie totale de 500 km pour sa grande berline qui cache deux moteurs électriques. Volkswagen comme Audi n’envisagent pas une commercialisation immédiate, mais le groupe poursuit le travail puisqu’une flotte de Passat HyMotion roule déjà en Californie. L’actualité “hydrogène” était donc riche durant cette édition, mais de nombreux autres constructeurs sont engagés dans cette technologie. Ainsi GM, plus discret aujourd’hui sur le sujet, fait-il aussi partie des incontournables dans le domaine. Rappelons que, depuis 2007, des Chevrolet Equinox Fuel Cell sillonnent les routes de la planète. Les quelque 120 SUV américains ont déjà totalisé plus de 160 000 kilomètres. Mercedes n’est pas en reste avec la Classe B Fuel Cell, qui fait la synthèse de longues années de recherche. Hyundai a présenté et fait rouler son ix 35 Fuel Cell en France cette année. Le Coréen compte en produire un millier d’unités, et les faire rouler pour accumuler encore de l’expérience et proposer à l’horizon 2020 un tel véhicule à moins de 50 000 euros. Pour l’heure, ce modèle est disponible en leasing, à l’image de ce qu’a déjà fait Honda, en Californie, avec sa berline FCX Clarity.

Les Français pour bientôt ?

Et les Français, me diriez-vous ? A part deux concepts en 1998 et en 2002, c’est un peu morne plaine. Les constructeurs hexagonaux restent pour l’heure concentrés sur l’hybride rechargeable, comme l’a annoncé Carlos Tavares pour PSA ou comme en témoigne le concept Eolab présenté par Renault. Mais Renault et son partenaire Nissan ont signé avec Daimler et Ford un accord visant à développer une pile à combustible afin de pouvoir en équiper des véhicules à l’horizon 2017. Cela étant, une pile à combustible française roule déjà sur nos routes. Notons d’ailleurs que, depuis le 1er janvier 2014, on peut enfin faire rouler des véhicules à l’hydrogène dans notre pays. Depuis quelques mois, une cinquantaine de Kangoo ZE équipés d’une pile à combustible roulent dans la région Rhône-Alpes. La technologie montée sur ces Kangoo vient de chez Symbio FCell. Cette société grenobloise, dont Michelin est entré au capital cette année, propose en effet d’inclure une pile à combustible miniaturisée (Alp5) qui joue le rôle de prolongateur d’autonomie. Ainsi, le Kangoo ZE H2 peut-il parcourir 320 km au lieu des 160 autorisés par le Kangoo ZE classique.

L’hydrogène et la pile à combustible sont donc très loin d’avoir dit leurs derniers mots. Certes, ce sera encore long pour faire baisser le prix de revient de cette technologie, mais aussi et surtout développer un réseau de distribution. Air Liquide ou encore Total s’y attellent, mais espérons simplement que ce sera mieux coordonné que pour les bornes de recharge des VE.

 

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