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Constructeurs

Les véhicules électriques trop chers pour être démocratisés

Publié le 13 décembre 2019

Par Alice Thuot
5 min de lecture
Le spécialiste de l’information automobile Jato s’est penché sur la trajectoire des ventes de véhicules électriques dans le monde. Avec une conclusion : leur démocratisation, en Europe et aux Etats-Unis, se heurte toujours à la barrière du prix.
Le spécialiste de l’information automobile Jato s’est penché sur la trajectoire des ventes de véhicules électriques dans le monde. Avec une conclusion : leur démocratisation, en Europe et aux Etats-Unis, se heurte toujours à la barrière du prix.

 

A l’heure où l’électrification occupe toute l’attention des constructeurs, tenus en joug par les contraintes réglementaires, Jato s’est penché sur la diffusion dans le monde des véhicules électriques. Avec une première conclusion, plutôt positive : la croissance des ventes de ces modèles surpasse celle des SUV, qui, il y a encore peu, occupaient le devant de la scène en termes de popularité et de rentabilité.

 

Leur volume a ainsi quintuplé entre 2011 et 2018, passant de 1,13 million d'unités à 5,11 millions d'unités. Malgré les conditions de marché moroses aux États-Unis, en Chine et en Europe, les données recueille par Jato montrent que 4,89 millions de véhicules électriques ont été vendus entre janvier et octobre de cette année, soit une hausse de 20 % par rapport à la même période l'an dernier. 

 

Une part toujours très confidentielle

 

Cependant, dans les ventes globales, ces électriques représentent toujours une niche. A fin octobre, leur pénétration a atteint 7,2 %, ce qui, bien qu'il s'agisse d'une nette amélioration par rapport au 1,7 % enregistré en 2011, n'est rien comparé à la pénétration de 89 % affichée par les véhicules thermiques. Le rôle limité des électriques semble également évident lorsque l’on examine leur part dans les ventes globales des constructeurs automobiles.

 

En décalage par rapport aux plans ambitieux annoncés pour les années à venir, la réalité est aujourd'hui très différente. Ainsi, pour 18 des plus grands constructeurs, les électriques pèsent moins de 10% de leurs ventes mondiales. En revanche, les constructeurs automobiles pionniers en la matière représentent à eux seuls 5 % des ventes mondiales de ces véhicules.

 

Trop peu de SUV électrifiés

 

Première explication à cette démocratisation trop peu rapide : le manque d’offre sur le segment des SUV. Alors que la popularité de cette carrosserie ne montre aucun signe d’essoufflement dans le monde mais que, en même temps, et même peut être, paradoxalement, les consciences s’éveillent autour des problématiques environnementales, la demande pour les SUV électriques ne fait que s’accroître. Or, il n’existe actuellement qu’une offre limitée de SUV électriques. "La plupart des constructeurs automobiles n'utilisent pas le boom des SUV pour étendre leur présence dans le monde des véhicules électriques", constate Jato.

 

Jusqu’ici, le développement de la technologie électrique s’est principalement concentré sur les berlines aux États-Unis et les petites voitures en Chine et en Europe. Seulement 100 SUV électriques sont ainsi proposés au niveau mondial, contre 400 en essence et en diesel. Avec un écart de prix très important : en France, par exemple, la fourchette de prix de ces SUV thermiques s’établie entre 10 000 et 40 000 euros, tandis que la majorité des modèles électriques sont vendus entre 30 000 et 60 000 euros.

 

Le prix des voitures électriques ne baisse pas

 

Le prix justement, c’est bien là que le bât blesse. En pleine tentative de transition vers l’électrique, force est de constater que les prix des électriques ne baissent pas comme attendu, et ce, malgré une chite du prix du lithium. Selon Jato, c’est en Chine seulement que ces modèles électriques sont devenus plus abordables. En revanche, la situation aux États-Unis et en Europe semble plus compliquée. "Si les constructeurs automobiles et les gouvernements n'abordent pas ce problème, les véhicules électriques continueront de jouer un rôle secondaire par rapport aux véhicules thermiques", prévient d’emblée Jato.

 

Pour mettre cette disparité de prix dans son contexte, en Chine, un véhicule électrique coûtant l'équivalent de 1 $ en 2011 coûterait désormais 0,52 $. Une amélioration principalement due aux incitations accordées par le gouvernement et au lancement de citadines électriques et de modèles très bon marché. Sans oublier qu'en Chine, les constructeurs n'ont pas à respecter le même niveau de réglementations de sécurité imposées à leurs homologues en Europe et aux États-Unis. Ainsi, le même véhicule au prix de 1 $ en 2011 coûterait désormais 1,42 $ en Europe et 1,55 $ aux États-Unis. Alors que les prix des électriques ont diminué de moitié en Chine au cours des huit dernières années, ils ont augmenté de 42 % à 55 % en Occident. Outre l’explication des normes de sécurité plus drastiques, ce delta est expliqué par le choix des constructeurs occidentaux de se concentrer essentiellement sur l’électrification des modèles haut de gamme mais aussi l'utilisation des batteries plus puissante pour offrir davantage d'autonomie.

 

Raisonner en TCO, même pour les particuliers

 

Une tendance confirmée par l’observation des faits. Pour la France par exemple, le prix d'une Renault Zoe version Intens de 80 ch en 2012 était de 22 500 euros. Prix passé à 26 580 euros en 2019, avec une amélioration certes de l’autonomie et des équipements. Ce fut également le cas de l'e-Golf en Allemagne et de la Leaf au Royaume-Uni. "Malgré des améliorations en termes de puissance, de temps de charge et d'autonomie, le prix élevé reste un obstacle à l'adoption par les consommateurs", souligne Jato. Et ceci, alors que parralèlement, les incitations fiscales commencent déjà à flancher, comme en France.

 

Tout n’est pas noir cependant : l’arrivée des Opel Corsa-e, Peugeot e-208, Fiat 500 électriques et autres, devrait faire reculer le prix moyen. Sans compter que les marques et leur réseau de concessionnaires s’évertuent de plus en plus à raisonner non plus en strict coût d’achat mais bien en termes de coût total, comme le font les entreprises depuis bien longtemps. Ce qui, dans certaines configurations, peut effectivement donner l’avantage aux véhicules électriques par rapport aux thermiques.

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