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Constructeurs

Les douze travaux de Herbert Diess

Publié le 13 avril 2018

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Pour sa première prise de parole, le nouveau PDG du groupe VW a joué la carte de la continuité tout en annonçant le resserrement de l'organisation interne autour de six branches, plus une dédiée à la Chine.
Herbert Diess lors de la présentation du nouveau VW Touareg le 23 mars dernier en Chine.

 

A peine nommé PDG du groupe aux douze marques, Herbert Diess a pris la parole, le vendredi 13 avril, depuis son siège de Wolfsburg. Il a promis d'intensifier les réformes pour conduire le groupe vers la mobilité du futur, et laisser les ravages du Dieselgate dans le rétroviseur. "Il s'agit d'approfondir le changement, et pas d'une révolution", a-t-il fait savoir lors de cette première prise de parole.

 

"Nous allons donner la priorité aux thèmes de l'électrique, de la numérisation et des nouvelles mobilités, nous allons également poursuivre le changement de la culture d'entreprise, ancrer l'intégrité et la conformité au sein de l'organisation", a promis l'Autrichien de 59 ans, jouant ainsi la continuité plutôt que la rupture. Son prédécesseur, Matthias Müller, qui a été officiellement débarqué jeudi mais dont le départ était annoncé par toute la presse allemande depuis des jours, avait déjà entrepris une restructuration massive tournée vers l'électrification et la réduction des dépenses. L'ancien PDG restera tout de même au sein du groupe en tant que "conseiller".

 

"Volkswagen Group possède des marques solides au potentiel exceptionnel. Matthias Müller a jeté les bases de notre transformation. Ma principale tâche sera dorénavant de m’associer à notre équipe dirigeante et à nos salariés pour poursuivre inlassablement notre évolution afin de faire du groupe un leader mondial de la mobilité durable. Dans une période de profonds bouleversements pour l’industrie automobile, il est crucial que Volkswagen accélère le mouvement et marque de son empreinte le secteur de l’e-mobilité, de la numérisation de l’automobile et du transport et des nouveaux services de mobilité", a encore déclaré Herbert Diess.

 

Nouvelle organisation

 

A quoi bon ce grand chamboule-tout ? Contrairement à Müller, Herbert Diess n'a pas fait sa carrière au sein du constructeur de la Golf, et n'est donc a priori pas dans le viseur de la justice. Transfuge de BMW, il était en effet arrivé chez VW juste avant que n'éclate le scandale des émissions polluantes. "Nous avons perdu beaucoup de confiance avec (le) Diesel, surtout ici en Allemagne, mais aussi dans le monde entier. La tâche est grande, le chemin est long, mais nous avons déjà beaucoup fait", a-t-il estimé. 

 

La mue organisationnelle de VW passe, outre ce changement de direction, par une réorganisation de la structure-même de cet empire automobile allemand. L'entreprise aux douze marques va principalement se resserrer autour de six branches, créer une entité entièrement dédiée à la Chine. Elle va aussi préparer l'entrée en Bourse de sa division poids lourds (bus & trucks). Volkswagen a parallèlement annoncé un partenariat stratégique avec le Japonais Hino motors, filiale de son concurrent historique Toyota, pour renforcer les technologies équipant ses utilitaires, et ainsi apprêter la fiancée avant le grand saut en Bourse, qui n'aura pas lieu cette année.

 

La confiance des familles Porsche et Piëch

 

Véhicules électriques ou hybrides dans lesquels le groupe investit beacuoup (34 milliards d'euros investis par le groupe VW dans l'électromobilté), numérisation, nouveaux services de mobilité : M. Diess, qui a la réputation d'un "tueur de coûts", doit organiser ces virages, alors que l'avenir du Diesel, longtemps produit stratégique, semble compromis. Dans sa tâche, M. Diess peut s'appuyer sur la bonne santé du groupe (Le groupe VW a les moyens de ses ambitions) et des résultats financiers historiques en 2017. Avec 11,35 milliards d'euros, son bénéfice net a en effet plus que doublé en 2017 par rapport aux 5,4 milliards d'euros de 2016. L'année du scandale, le groupe avait connu une perte inédite de 1,6 milliard d'euros en raison des lourdes provisions du Dieselgate.

 

Il peut aussi se targuer du soutien unanime des actionnaires principaux, les familles héritières Porsche-Piëch. Signe de cette confiance, il devient à la fois chef de la marque VW, du groupe Volkswagen et de la recherche et développement, soit un périmètre encore plus large que celui du "super-patron" qu'était Martin Winterkorn, balayé en 2015. "Le nouveau patron de VW a une longue liste de choses à faire", a réagi le chef du groupe parlementaire des verts, Anton Hofreiter, cité par l'agence DPA. "Il est temps d'en finir avec l'affaire du Diesel... Sinon, les accusations de népotisme et de culture du secret vont continuer de coller à VW dans le futur", estime-t-il.

 

Le nouvel homme fort de VW devra donc rapidement clarifier sa vision. S'il promet d'investir dans les nouvelles technologies, il martelait encore en mars que "nous avons besoin du Diesel, le Diesel a un avenir". (avec AFP)

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