Les dix points marquants du marché automobile : les ventes ne remontent toujours pas la pente
Avec Damien Chalon et Gredy Raffin
Le marché automobile peine à retrouver des couleurs. Par rapport au premier semestre 2019, année de référence, il est toujours en déficit. Selon les données fournies par AAA Data, les immatriculations ont, en effet, encaissé une baisse de 20,69 %, ce qui représente 243 676 unités en moins. Le marché est loin d’atteindre le million d’unités, chiffre qui avait été dépassé à la même période en 2019 où il s’était en effet écoulé 1 166 442 voitures contre 922 766 à ce stade. Un résultat d’autant plus médiocre puisque, hasard du calendrier, les concessions ont ouvert deux jours de plus en 2021.
Pour autant, si l’on regarde le verre à moitié plein, l’écart entre 2019 et 2021 tend à se réduire. De janvier à mai, les ventes avaient enregistré une baisse de 27,3 %, une différence réduite un mois plus tard à 20,69 %.
Il sera néanmoins impossible d’atteindre les deux millions d’immatriculations à la fin de l’année, d’autant plus que la pénurie des semi-conducteurs n’arrange en rien la situation déjà tendue chez les concessionnaires.
Des gros écarts de progression
Dans ce contexte toujours aussi tendu, le groupe Stellantis, par sa force de frappe avec le nombre de marques représentées, reste leader en France, mais il enregistre une baisse de 18,86 % avec des fortunes diverses selon les enseignes. Si l’on met Alfa Romeo et Maserati de côté, Fiat et Opel continuent leur dégringolade (-45,1 % et -44,6 %), tandis que Peugeot est moyennement en forme (-28,7 %). Seuls DS (-3,26 %) et Jeep (-1,79 %) limitent la casse.
Ce n’est pas mieux chez Renault. Le groupe dévisse de près de 28 %, avec une marque au losange qui perd un tiers de ses ventes par rapport à 2019. Cette chute s’explique en partie par une nouvelle politique qui vise à privilégier les marges unitaires aux volumes. De son côté, le groupe Volkswagen limite la casse (-10,8 %), tout comme BMW (-4,1%).
D’autres ont beaucoup plus le sourire avec une progression de leurs ventes. C’est le cas pour Toyota (+3,6 %) et Hyundai qui enregistre une progression de 5,6 %, la meilleure de tous les groupes distribués en France si l’on met de côté Tesla qui, avec la Model 3 qui n’existait pas en 2019, explose tous les compteurs avec une progression de +251 %.
Peugeot, leader des ventes
La stratégie de Luca de Meo fait perdre à Renault sur le premier semestre sa place de leader. Avec une part de marché de 16,5 %, la marque au losange cède sa couronne à Peugeot qui rafle 17,8 % de part de marché. Ce n’est pas la forme pour Citroën qui n’arrive toujours pas à atteindre les 10 % de pénétration, tandis que Dacia (6,8 %) et Volkswagen (6,7 %) sont au coude à coude au pied du podium.
La Dacia Sandero, numéro 1
Sur le mois de juin, au sommet du top 10, et c’est une première, pas de Renault Clio, ni de Peugeot 208, mais une... Dacia Sandero ! Elle s’est en effet écoulée à 9 971 unités, contre 9 593 pour la Clio, soit une différence non négligeable de 378 immatriculations. La Peugeot 208, avec 8 855 unités, reste sur la troisième marche du podium. Renault poursuit sa remontée en plaçant le Captur à la quatrième place (8 602), devant un Peugeot 2008 qui affiche 7 091 immatriculations, talonné par une Citroën C3 (6 919). Arrivent ensuite le Peugeot 3008 (5 802), la Renault Twingo (4 217), la Toyota Yaris (4 012) et le Dacia Duster (3 461).
Sur le premier trimestre, le palmarès retrouve un ordre plus habituel avec une Peugeot 208 qui trône toujours fièrement sur la première marche du podium (48 511 unités), suivie par la Renault Clio (47 458) et le Peugeot 2008 (40 604).
Un tiers des ventes sont électrifiées
Côté carburants, la déconfiture du diesel s'est confirmée au premier semestre, avec une part réduite à 23 %, trois fois moins qu'au plus fort historique de cette motorisation désormais supplantée par les hybrides (24,3 %). Les voitures essence ont séduit 42,3% des acheteurs, les électriques pures près de 8 %.
Un marché premium aussi impacté
Dans un marché tendu, les marques premium ne trouvent pas plus leurs places que les acteurs généralistes sur le premier semestre. Audi, qui reste leader avec une pénétration de 3 %, perd 19,4 %, et Mercedes 21,5 % (2,8 % en PDM). Seul BMW limite la casse avec une perte de 7,5 % (2,7 % en PDM).
La LCD qui se réveille et le VD en force
Les ventes à particulier ont progressé de 15,9 % par rapport à 2020 sur les 6 premiers mois de 2021. Elles ont représenté sur cette période 42 % des ventes, un niveau habituel. En parallèle, on remarque que l’économie générale, et en particulier l’activité du tourisme, reprend des couleurs, car les ventes aux loueurs courte durée, principalement portées par les perspectives d’une saison touristique dans le vert, progressent de 51,4 % par rapport à 2020.
Quant aux véhicules de démonstration qui permettent de rendre parfois la mariée un peu plus belle, ils ont progressé de 33,9 % toujours par rapport au premier semestre 2020 avec une pénétration à presque 16 %. Dans le détail, c’est le groupe Stellantis qui utilise ce canal de distribution avec une explosion des VD chez Citroën (+93,8 %) et chez Jeep (+144,7 %). Renault, droit dans ses bottes par rapport à sa stratégie a vu ses VD progresser de seulement 17,1 %, peu ou prou dans la moyenne du marché.
Si l’on regarde dans les détails, même si la progression de la part des VD ne s’est pas envolée pour certaines marques, elles sont beaucoup à utiliser ce canal pour écouler leurs produits. 25 % des Opel et des Jeep immatriculées sont des VD. Chez Nissan, la proportion monte à 31 % ! La palme revient à Honda avec 35 % des 2 880 immatriculations, suivi par Mazda qui en immatricule 32 %. Chez Suzuki, qui n’est pas très coutumier du fait, un quart des ventes sont également des VD avec une progression de 71 %.
Les flottes tiennent leur rang
Dans ce contexte plutôt morose, le canal des flottes s’en tire très bien avec 48 867 immatriculations, soit un total en très légère baisse de 1,3 % par rapport à juin 2020 qui avait été un grand cru, les professionnels cherchant alors à rattraper le temps perdu suite au confinement. Dans le détail, les loueurs longue durée, avec 21 386 unités au compteur, affichent une progression de 5,2 %, tandis que les sociétés et administrations, pointées à 27 481 unités, sont en repli de 5,9 %. Le tout cumulé a représenté 24,5 % du marché VP total, un niveau qui demeure relativement élevé.
On note que les professionnels ont anticipé la baisse du bonus sur les véhicules électriques au 1er juillet avec, sur le seul mois de juin, 4 033 immatriculations, soit une montée en puissance de 50 % par rapport à l’an dernier. Les VE ont atteint une part de marché de 8,3 % sur le canal BtoB. Le modèle le plus en vue a été la Tesla Model 3 avec 1 413 mises à la route, loin devant la Renault Zoe à 745 unités. Et que dire des propositions hybrides dont les immatriculations ont bondi de 94,2 %, à 13 665 unités (28 % de part de marché). A l’inverse, le diesel a poursuivi sa chute avec 15 992 immatriculations sur le mois, contre 24 888 un an plus tôt, ce qui équivaut à un effondrement de 35,7 % et une part de marché historiquement basse de 32,7 %. La mise en place des ZFE et des interdictions à venir des motorisations diesel accélère la transition énergétique dans les flottes.
Les utilitaires légers lèvent un peu le pied
Une baisse de 10 % des immatriculations a été enregistrée au mois de juin 2021 sur le marché des utilitaires légers, pointé à 46 642 unités. Dans l’absolu, cela demeure un niveau d’activité relativement élevé. Contrairement au marché VP, celui des VUL n’a pas renoncé au diesel, loin de là, ce carburant représentant encore 89,9 % des immatriculations sur le mois. Les autres énergies restent donc réduites à jouer le rôle de figurantes. Il faut dire que les alternatives au diesel sont relativement rares, en particulier pour les fourgons.
Leader historique du marché, Renault n’a pas réalisé une bonne performance en juin avec 13 810 immatriculations, un volume en chute de près de 25 %. Un déficit qui s’explique sans doute par le changement de génération du Kangoo. Le podium a été complété par Peugeot et Citroën qui ont fini au coude à coude, respectivement à 7 420 (-6,9 %) et 7 332 unités (+15,9 %). Avec 4 300 unités (-13,4 %), Fiat s’est pour sa part hissé au premier rang des marques importées.
Un VO en légère décroissance
Influencé par un mois de juin teinté d'euphorie en 2020, le marché du véhicule d'occasion enregistre une décroissance de 6,7 %. 552 776 véhicules ont changé de main durant le dernier mois écoulé. Cependant, en comparant la performance à celle de l'exercice 2019, la tendance est tout autre. Les statistiques font état d'une envolée de l'ordre de 19,8 %. Au cumul des mois, ce sont 3 118 550 véhicules d'occasion qui ont été revendus, soit 32,1 % de plus qu'en 2020 et 9 % de plus qu'il y a deux ans. La nouvelle preuve d'un dynamisme de fond.
La typologie des produits concernés tempère les réjouissances. Les chutes conjuguées des segments de VO les plus récents, dont notamment -41,5 % pour ceux de 6 à 12 mois d'ancienneté et -37,6 % pour les véhicules de 12 à 24 mois, se font le reflet d'une difficulté à approvisionner le parcs des professionnels. Des points de vente qui avec un total de 202 702 unités pèsent 36,7 % des transactions, soit un léger regain de vigueur par rapport au mois précédent.
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