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Constructeurs

Le VE, le PHEV et le GNV seront-ils les grands gagnants en 2030 ?

Publié le 15 novembre 2018

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
Selon une étude récente commandée par la PFA, l'un des scenarii les plus probables de développement voit l'électrique, l'hybride rechargeable et le GNV prendre des parts de marché significatives, à partir de 2030.
Selon une étude récente commandée par la PFA, l'un des scenarii les plus probables de développement voit l'électrique, l'hybride rechargeable et le GNV prendre des parts de marché significatives, à partir de 2030.

 

L'avenir du mix énergétique sous les capots reste voilé d'incertitudes et il faudra laisser sa chance à chacune des solutions, si tant est qu'elle soit économiquement viable. En résumé, tel est l'enseignement que l'on peut retenir de la présentation faite par Jean-Luc Brossard, le directeur de la R&D de la PFA filière automobile, ce 13 novembre 2018, en ouverture de la conférence sur le GNV et le bio GNV, organisée par l'observatoire des experts de la mobilité, le MAP, en collaboration avec l'AFGNV, l'association qui défend les intérêts du GNV en France. Une rencontre qui en appellera d'autres pour faire le point sur les différentes énergies.

 

Selon une méthode de calcul mathématique enrichie avec les données des entreprises partenaires, des données économiques et politiques, mais aussi des synthèses d'entretien et de sondage, l'étude commandée par la PFA et réalisée par BDO-Bipe établit plusieurs scenarii de développement de la consommation automobile dans le monde au cours de la prochaine décennie. Une période au terme de laquelle il se pourrait que les véhicules électriques et les hybrides rechargeables (PHEV) capables de parcourir 50 km minimum en tout électrique se seront imposés. Les projections de la PFA tablent sur une pénétration de 20 % dans les immatriculations mondiales, rapporte Jean-Luc Brossard, dont 12 % pour les VE et 8 % pour les PHEV.

 

"Dans le monde, l'important n'est pas la mobilité propre, mais la mobilité, rappelle à la réalité le directeur de la R&D. En Europe, nous cherchons toutefois à améliorer la qualité de l'air, et l'électromobilité s'impose comme la meilleure réponse à court terme à nos problématiques", observe-t-il. Son rapport d'étude fait état d'une progression des parts des véhicules dits "zéro émission" au-delà de 2030. Ils pourraient accaparer 35 % des ventes mondiales.

 

12 % pour le GNV en 2030

 

Sans surprise, l'émergence des énergies encore marginales à ce jour se fera aux dépens du diesel. Le modèle mathématique prédit une chute des moteurs fonctionnant exclusivement au gazole, "qui est une technologie globalement utilisée en Europe et en Inde", note le cadre de la PFA. Cette homogénéisation vers le bas va ramener la part du diesel à moins de 10 % des immatriculations de VN, dans les dix ans à venir. Les quelques véhicules à combustion existant après 2030 seront alors tous "hybridés", à des niveaux variables, toujours selon les résultats obtenus par la PFA.  

 

Si l'hydrogène, en tant que branche de l'électromobilité, restera marginale à cet horizon pour plusieurs raisons, entre autres économiques, structurelles et sécuritaires, d'après Jean-Luc Brossard, dépassant à peine les 2 % après 2035, il est une énergie d'actualité qui sortira grandie de la prochaine décennie. En effet, les projections du directeur de la R&D accordent au GNV une part de marché des immatriculations de "10 à 12 %" à partir de 2030. Une poussée liée aux taux de monte sur les bus, VUL et les poids lourds. Là encore, cela se fera sur les terres conquises par le diesel.

 

Mais de quel périmètre parle-t-on ? Ces estimations de la PFA se font sur un scenario qui mise un volume de production de 120 millions de véhicules en 2030. Un avenir pour lequel il est écrit que les nouvelles formes de mobilités partagées impacteront de 10 %, en repli, les ventes de VN en Europe et ouvriront des marchés dans les pays émergents, souligne Jean-Luc Brossard. Profitant de l'occasion pour partager ses prévisions de l'exercice 2019, il lui apparaît que la production mondiale va connaître un ralentissement, à 96 millions d'unités contre environ 97 millions de véhicules en 2018.

 

2018-2022, la période clé

 

"La France est un leader sur l'électromobilité et sur l'empreinte environnementale, juge le représentant de la PFA. En termes de tendance, le pays a toujours cinq ans d'avance sur le reste de l'Europe." Alors regardons de plus près les prévisions. Selon l'étude BDO-Bipe, 30 % des VN immatriculés dans l'Hexagone seront des VE et des hybrides rechargeables, en 2030. Cette part va dépasser les 50 % à partir de 2035. "Mais ramené à l'échelle du parc roulant, cela correspondra à 2 % de pénétration seulement", tempère Jean-Luc Brossard.

 

De son avis, la deuxième moitié du quinquennat d'Emmanuel Macron sera d'une importance cruciale. Et Jean-Luc Brossard de préciser sa pensée : "La période 2018-2022 doit marquer la transition, notamment au niveau des infrastructures et des réseaux de distribution de l'énergie. La réglementation européenne va mettre la pression et la législation française doit donner l'impulsion." En clair, les trois prochaines années doivent placer la France dans les meilleures conditions pour laisser une réelle opportunité à des énergies alternatives au tout pétrole. Ce que Jean-Luc Brossard chiffre.

 

D'après ses estimations, un parc français constitué de 7 millions de véhicules rechargeables (VE et hybrides) va nécessiter 700 000 stations publiques sur tout le territoire, en plus des stations de recharge privées. "Nous en avons à peine 24 000 environ à ce jour, il y a donc un impératif de 500 000 stations à construire dans les quinze prochaines années, annonce-t-il. Ce qui représente un effort significatif." En ce qui concerne le GNV, en revanche, le bilan dévoilé par François Martin du Projet gaz et mobilité chez GRTgaz fait état d'un rythme de déploiement conforme aux engagements. Comme prévu par la feuille de route stratégique, quelque 80 points de ravitaillement sont opérationnels à l'approche de la fin 2018. Ils seront 460 en 2022 et plus de 2 000 en 2030, sur le territoire national.

 

Ce dernier élément, le député de la Sarthe, Damien Pichereau, pourra le faire valoir au moment de présenter son troisième paquet mobilité, le 22 novembre 2018, à l'Assemblé nationale. Secrétaire de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire à la scène et passionné d'automobile à la vie, il doit soumettre une série de recommandations pratiques visant à abaisser les émissions de gaz polluants des véhicules les plus lourds, aux premiers rangs desquels ceux qui ont besoin de circuler en centre urbain durant leur service. Un rendez-vous qui coïncidera avec… le bilan à six mois des avancées de la PFA. Le fruit du hasard. Toujours est-il que 2018 n'a pas encore clos tous ses débats.

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