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Constructeurs

Le syndicat UAW veut étendre son influence aux États-Unis

Publié le 18 avril 2024

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Fort d'une grève réussie à l’automne 2023, ayant conduit les constructeurs américains à augmenter les salaires de 25 %, le syndicat UAW compte maintenant prendre pied chez les constructeurs étrangers implantés aux États-Unis. Premier vote chez Volkswagen.
Les salaires de l'usine Volkswagen de Chattanooga, dans le Tennessee, votent (pour la troisième fois) pour la création ou non d'une antenne du syndicat UAW. ©Volkswagen

Le puissant syndicat de l'automobile UAW (United Auto Workers) en veut plus. Déjà fortement implanté chez les trois constructeurs américains, l'UAW veut entrer dans les usines des constructeurs étrangers implantés dans le pays.

 

La première étape passe par l'usine Volkswagen de Chattanooga, dans le Tennessee. Les 5 500 employés du site sont appelés à voter, jusqu'à vendredi 19 avril, pour ou contre la constitution d'un syndicat.

 

"On est vraiment enthousiastes", avait expliqué mardi Isaac Meadows, ouvrier de cette usine, qui distribuait des tracts avant de prendre son service, en début d'après-midi. Cela étant, à Chattanooga, la création d'une antenne de l'UAW a déjà été rejetée par deux fois.

 

A lire aussi : La grève de l'UAW est officiellement terminée

 

Mais plusieurs experts estiment que le vent pourrait avoir tourné, grâce à l'élan suscité par les avancées de l'automne chez les trois constructeurs américains, où l'UAW a obtenu une augmentation moyenne du salaire de 25 % sur quatre ans.

 

L'aura de son nouveau président, Shawn Fain, élu en mars 2023, joue dans ce regain de mobilisation. Cet électricien de formation a triomphé à l'issue du premier scrutin ouvert à tous les membres. Il incarne le renouvellement, en rupture avec la vieille garde, décimée par un scandale de corruption et de détournement de fonds qui a impliqué deux anciens présidents.

 

"C'est le bon moment", veut croire Isaac Meadows, joint au téléphone par l'AFP. "Les salaires ne suivent pas l'inflation. Les gens réalisent qu'en tant que force de travail, nous avons beaucoup de pouvoir."

 

13 constructeurs et 150 000 personnes visés

 

Après les accords avec GM, Ford et Stellantis, l'UAW a voulu surfer sur la vague et lancé une campagne de sensibilisation chez 13 constructeurs, qui emploient environ 150 000 personnes au total, y compris des plus petits acteurs américains comme Tesla ou Lucid.

 

Outre Volkswagen, l'UAW a déposé une demande pour la tenue d'un scrutin sur le site Mercedes-Benz à Vance, dans l'Alabama, qui compte 6 100 salariés, mais le Bureau d'application du droit du Travail (NLRB) n'a pas encore fixé de date.

 

Le Sud est une terre à conquérir pour l'UAW, qui fait face au rejet du gouverneur du Tennessee, Bill Lee, auteur d'une lettre ouverte visant le syndicat, co-signée par cinq autres gouverneurs de la région, tous Républicains.

 

Ils accusent le syndicat de "désinformation" et d'user de "manœuvres d'intimidation". "Aux Etats-Unis, nous respectons nos travailleurs et nous n'avons pas besoin qu'un organisme extérieur nous dise comment porter un carton ou toucher à un interrupteur", font valoir les élus. Ils avertissent que l'arrivée de l'UAW chez un constructeur étranger mettrait en péril l'avenir du site, sans argumenter.

 

Neutralité de Volkswagen

 

Avant ce scrutin, Volkswagen s'est engagé à adopter une position de neutralité, ce qui revient à ne pas s'opposer à la constitution d'un syndicat. "Nous respectons le droit de nos employés à se déterminer sur la question de la représentation syndicale", a indiqué le constructeur allemand sur son site.

 

Dans un entretien au site Automotive News, publié mercredi, Shawn Fain a néanmoins accusé la firme allemande d'"enfreindre la loi" et de "menacer" des employés dans le Tennessee, mais s'est dit confiant sur l'issue du scrutin.

 

"Une fois que le premier domino va tomber, il va y en avoir beaucoup d'autres", a-t-il avancé, au sujet de l'effet que pourrait avoir sur d'autres sites un succès chez Volkswagen.

 

L'UAW a changé d'approche avant le scrutin, s'en remettant davantage aux organisateurs locaux plutôt que de prendre les rênes, souligne Stephen Silvia, professeur à l'American University et auteur d'un livre sur le syndicat automobile dans le Sud. Pour lui, Chattanooga est "la meilleure opportunité que l'UAW aie jamais eu de syndiquer un site dans le Sud". (avec AFP)

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