La Roumanie, grande gagnante de la réorganisation industrielle de Ford Europe

Tandis que les ventes de Ford Europe ont chuté de 11 % sur les quatre premiers mois de l'année, sur un marché à - 4 %, Stephen Odell a levé le voile sur la réorganisation industrielle du groupe dans cette zone. Le site de Craiova produira le B-Max dès le début de l'année 2012, ainsi qu'un second véhicule du segment B à venir. Il débutera aussi la production du bloc 1.0 l EcoBoost, confirmant ainsi sa place centrale dans la nouvelle organisation de Ford. Un investissement de 675 millions d'euros est d'ailleurs programmé en Roumanie. Le segment C sera consolidé en Allemagne, via le site de Saarlouis qui prend en charge la gamme Focus, y compris la version électrique.

Par ailleurs, l'usine de Cologne hérite de la future Fiesta, au détriment de l'Espagne, "berceau" historique du modèle, et produira aussi le moteur 1.0 l EcoBoost d'ici la fin de l'année. En Turquie, Ford Otosan s'annonce comme le site de référence pour les VUL, dont le Transit, en attendant le futur modèle sous nom de code B460. En Espagne, le site Valence se console de la perte de la Fiesta en prenant en charge le Kuga et le futur Transit Connect tout en conservant le C-Max et le bloc 2.0 l EcoBoost.

Enfin, en Angleterre, la menace qui planait déjà sur le site de Southampton se précise. Seul un dérivé du Transit est pour l'heure annoncé. Pour Paul Newton, analyste chez IHS, "ce modèle à volumes plutôt modestes garantit pour l'heure la survie du site, mais les implications à plus long terme ne sont pour autant que peu favorables".  Il ajoute encore que l'Espagne est aussi l'autre perdant de cette réorganisation, car les volumes de la Fiesta ne seront pas aisés à aller chercher ailleurs, surtout sur des segments plus élevés.

D'une manière générale, Paul Newton estime que si "les changements annoncés font sens en termes de profitabilité, comme les mouvements de l'Angleterre vers la Turquie par exemple, ils ne s'inscrivent en revanche pas dans une optimisation de la stratégie de plates-formes qu'on pouvait attendre. Cela peut être perçu comme une faiblesse dans la paysage industriel actuel et notamment vis-à-vis de certains concurrents, Volkswagen en tête". Et de conclure : "En outre, d'un point de vue commercial, l'enjeu pour Ford en Europe est de maintenir, voire d'augmenter, les volumes et la qualité tout en restant à des prix attractifs pour sa clientèle, un exercice qu'il ne maîtrise pas parfaitement actuellement".