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Constructeurs

"La fluctuation des marchés n’affectera pas notre plan"

Publié le 13 octobre 2011

Par David Paques
6 min de lecture
Wayne Brannon, P-dg Chevrolet Europe et vice-président GM Opérations internationales - Surfant sur le succès de ses récentes nouveautés produits, Chevrolet s’apprête à poursuivre son offensive sur le Vieux Continent, malgré les remous survenus dans le sud de l’Europe.

Journal de l’Automobile. Avec 178 730 VN (- 6,4 %) en 2010 et 92 061 (- 1,1 %) à fin juin, Chevrolet semble en avoir terminé avec les fortes croissances en Europe de l’Ouest. Comment expliquez-vous ce ralentissement ?
WAYNE BRANNON.
Sur les huit premiers mois de l’année, nous avons vendu 333 000 voitures en Europe, Russie incluse. Ce qui est une performance, en hausse de 9 % par rapport à l’an dernier. Si vous regardez en arrière, nous avons effectivement rencontré de fortes croissances ces dernières années. Nous avons doublé nos ventes entre 2005 et 2008.

Durant la crise économique, de fin 2008 à fin 2009, nous avons préservé nos parts de marché, à 2,3 % en Europe. Sur l’Europe de l’Ouest plus précisément, nous sommes en croissance sur un certain nombre de marchés. Nous enregistrons même parfois des records de vente, comme en France ou en Autriche. Nous travaillons dur en Italie, en Espagne et même sur des marchés plus modestes comme la Grèce et le Portugal. Mais les marchés s’effondrent. Même si nous y avions de belles positions en termes de parts, la chute des ventes a donc forcément impacté nos volumes. Malgré cela, et dans les proportions que le déclin économique du sud de l’Europe permettait, nos nouveaux produits ont rencontré le succès. Nous comptons désormais sur eux pour nous permettre d’augmenter à nouveau nos volumes et nos parts de marché dans tous les pays.

JA. A quel niveau de ventes allez-vous clore l’exercice 2011 ?
WB.
Il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. Cela sera fonction de la demande, bien sûr, mais aussi des disponibilités de nos produits globaux, donc de nos capacités de production… Nous terminerons sans doute entre 485 000 et 515 000 VN. Pour la suite, je pense que les marchés qui ont souffert cette année seront, au pire, étales l’an prochain et se redresseront certainement dès 2013.

JA. L’an dernier, vous nous disiez viser 2 à 3 % de pénétration sur l’Europe de l’Ouest, contre 1 % actuellement. Pensez-vous que ce soit toujours réalisable ?
WB.
Je crois que ce sera effectivement ce que nous représenterons d’ici cinq ans. Nous parlons ici de doubler nos ventes. Je sais que cela va prendre du temps, mais nous espérons le faire. Cela correspond à l’objectif global de Chevrolet, qui est de multiplier par deux ses ventes au niveau mondial dans les cinq ans à venir. Je pense que nous avons un peu plus d’opportunités que d’autres marques parce que nous sommes “petits”. La bonne nouvelle, quand on représente 1 % du marché, c’est que nos modèles n’ont pas besoin de faire 20 % de leur segment pour être un succès. Ils ont besoin de 1,5 %, voire 2 ou même 3 %. Or, nous étendons la gamme en sortant de nouveaux modèles. En 2010, nous couvrions 35 % du marché. En 2012, nous en couvrirons 50 %. L’effet sera mécanique.

Je pense donc qu’il est surtout opportun, pour réussir, de faire savoir qui nous sommes et quels sont nos produits. Voilà pourquoi je pense que la fluctuation des marchés n’affectera pas notre plan, mais plutôt celui des grands constructeurs. Pour autant, nous espérons que les marchés du sud de l’Europe vont continuer de se stabiliser et que le reste du continent va poursuivre sa marche en avant. Toute l’industrie en bénéficiera. Et nous particulièrement !

JA. La dynamique commerciale de vos nouveautés vous rend-elle particulièrement optimiste ?
WB.
Le succès d’Orlando en France, sur un segment où le Renault Scenic rafle tout, ou celui de la Spark, dans un marché où les Renault, Peugeot et Citroën, et même Toyota avec l’Aygo sont bien présents, sont à mon sens un bon indicateur de ce que nous pouvons apporter avec nos produits et de la place que ceux-ci peuvent prendre.

JA. Vos ventes ont augmenté, comme le marché, de 54 % en Russie. Est-ce que c’est satisfaisant ?
WB.
Bien sûr. Le fait que nous évoluions aussi vite que le marché nous permet de renforcer nos parts. Notre équipe fait du très bon travail en Russie et s’appuie sans doute sur le meilleur réseau de distributeurs du pays. Nous avons les bonnes personnes, les bonnes collaborations industrielles et les bons produits. Si nous pouvons maintenir notre pénétration au-delà des 6 % et augmenter nos volumes avec la croissance du marché, ce sera parfait. Notre but est de rester la 1re marque non russe dans le pays. Si la crise économique ne se propage pas et ne s’intensifie pas davantage, nous y parviendrons.

JA. Quelle est votre ambition avec la nouvelle Malibu ?
WB.
Tout d’abord, le segment D n’est pas très important en volume. En outre, il est dominé par les versions break et fortement concurrencé par les modèles Premium. Avec Malibu, notre volonté n’est pas de les attaquer sur leur terrain, mais de faire du Chevrolet. C’est-à-dire de faire une proposition de prix, d’équipement, d’innovations et de style. Nous n’avons donc pas d’ambitions démesurées en termes de volumes. Même si je pense que le véhicule peut surprendre le marché et que les clients qui viennent dans nos showrooms pour une Cruze peuvent être attirés par la Malibu, plus large, plus longue et plus haut de gamme. Voilà le rôle que ce véhicule doit jouer. C’est tout. Nous ne développerons pas de versions break.

JA. Le Colorado sera-t-il lancé en Europe ?
WB.
Nous ne disons pas non. Nous l’avons présenté aussi à Francfort pour évaluer l’intérêt du marché. Nous allons écouter les visiteurs et lire la presse, puis nous prendrons une décision. Sur d’autres marchés, nous sommes un acteur important du pick-up. En Europe, nous pensons que le succès du Captiva pourrait être dupliqué sur ce segment. Le produit est parfait pour l’Europe. Mais le marché du pick-up, qui est monté jusqu’à 260 000 unités par an, est davantage à 175 000 unités aujourd’hui. Ce n’est donc pas un gros segment, par ailleurs très concurrencé, et sur lequel le Mitsubishi L200 et le Nissan Navara trustent 45 000 ventes. Les autres marques se partagent le reste, et elles sont quelques-unes, même Volkswagen depuis peu. Bref, est-ce que cela fait sens ? Je ne sais pas encore.

JA. Pour la Volt, dont le lancement est prévu très bientôt, on parle d’une production de 65 000 unités par an. Quelle sera la part attribuée à l’Europe ?
WB.
Vraisemblablement un petit nombre. La France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse ouvriront le bal, et notre ambition, pour 2012, est de compter entre 30 et 40 distributeurs pour l’Europe. Cela fait peu. Mais ils auront pour mission de qualifier et quantifier la demande. Si celle-ci est au rendez-vous, le nombre de véhicules disponibles sera susceptible d’évoluer.
 

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