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Constructeurs

La Csiam exaspérée par le gouvernement !

Publié le 16 mai 2013

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Plus qu'un marché en berne, c'est surtout l'inertie et le manque de visibilité des pouvoirs publics qui mettent la direction de la Csiam sur les dents.
Plus qu'un marché en berne, c'est surtout l'inertie et le manque de visibilité des pouvoirs publics qui mettent la direction de la Csiam sur les dents.

Le marché du VI de plus de 5 tonnes va mal, c'est confirmé, chiffres à l'appui. Ainsi, Thierry Archambault, président délégué de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle, a annoncé que le marché affichait un recul de 12,6% au premier quadrimestre 2013, par rapport à la même période de référence 2012, à 13734 immatriculations. "Une baisse conforme aux prévisions initiales des constructeurs et qui confirme que l'exercice sera difficile, voire périlleux. D'autant plus que nous déplorons un net décrochage depuis la fin du premier semestre 2012, nous avons véritablement descendu une marche", assène le président délégué.

Le tableau vient encore se noircir quand on sait que l'activité VO est aussi en retrait de 3,5%, à périmètre comparable. Mais selon Jean-Noël Thénault, président de la Branche VI de la Csiam et président de Volvo Trucks France, le plus grave réside dans le fait que l'après-vente dévisse aussi : "Or, c'est précisément le socle de notre business-modèle... L'après-vente se contracte de l'ordre de 5 à 6% pour la seconde année consécutive, et c'est une situation difficile pour nous, mais plus encore pour les réseaux.

Dans ce ciel d'encre, deux éclaircies se font jour avec la bonne tenue du secteur des bus et des cars et le financement. "Les problèmes de trésorerie touchent la grande majorité des entreprises, transporteurs comme concessionnaires. Mais il n'y a pas pour l'heure de problème de financement, car l'argent demeure peu cher en France. C'est d'ailleurs ce qui nous sauve", souligne Jean-Luc François, directeur général VI de Mercedes-Benz, avant de préciser : "Ce sont bel et bien les captives qui soutiennent le marché, surtout que nous avons reçu le soutien d'Oséo. Car de leur côté, les banques traditionnelles ne s'occupent que des clients en or...". 

Dans ce contexte peu réjouissant, doux euphémisme, les constructeurs attendent plusieurs réponses des pouvoirs publics. "Des réponses nettes et précises, pas forcément des aides, mais au moins qu'on sache où nous allons", précisent de concert les membres de la Csiam et du CNPA. En vain..., les échanges se solidifiant en un dialogue de sourds parfois ubuesque. Une anecdote vaut parfois mieux qu'un long discours et un membre de la Csiam rapporte ainsi cette scène hallucinante : "Lors d'une réunion de travail au Ministère à propos du Diesel, un membre du cabinet nous lance : «Pourquoi vous n'acceptez pas au moins de passer à l'essence !». Quand on en est à ce niveau, c'est dur...

Si la Csiam refuse de faire du débat une question d'obédience politique, rappelant au passage que les rapports avec le gouvernement furent difficiles lors des deux premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, voire même carrément houleux sous le gouvernement Juppé, ses membres stigmatisent tout de même la lenteur exaspérante du gouvernement de François Hollande, "un gouvernement qui ne prend de surcroît pas en compte la réalité économique". 

Bref, tous les sujets d'actualité posent problème : écotaxe, passage à Euro 6, rétrofit, centres auxiliaires de contrôle technique, chronotachygraphe... Prenons l'exemple d'Euro 6 : le gouvernement ne veut pas mettre en place d'incitations pour l'achat de véhicules répondant à cette norme alors que la date approche. Et les exemptions ne sont toujours pas fixées... "Un client qui veut acheter des camions ne sait même pas ce qu'il peut ou doit acheter... C'est le degré zéro de la visibilité ! Alors déjà que le marché est tendu à cause de la situation économique, si vous ajoutez de nouveaux freins...", lâche un membre de la Csiam. 

De plus, l'influence de certains écologistes, "des extrémistes qui n'y connaissent rien au VI et qui ne savent pas lire un bilan", est pointée du doigt. Notamment sur le dossier de l'accès aux villes, en lien avec la loi sur la qualité de l'air. "Il va de soi que nous ne voulons pas polluer à tout prix, soyons sérieux. Mais il faut tout de même intégrer le ravitaillement des villes pour que l'équation soit complète. Or, on se retrouve face à une position irréaliste de nombreux hommes politiques", souligne Jean-Noël Thénault. Idem pour le FAP, très onéreux dans le cas des camions et avec une efficacité environnementale pas forcément très significative. 

En somme, la coupe est pleine et Thierry Archambault reconnaît volontiers que "les membres de la Csiam et de la filière sont désemparés face à un tel comportement". Pourtant, le temps presse, comme le rappelle Jean-Noël Thénault : "Le marché du VI est un miroir de l'économie générale. Un point de croissance en France représente 7000 camions, dans les deux sens ! Et ces camions riment aussi avec création de richesse pour le pays et avec emploi." A bon entendeur...

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