Jean-Philippe Imparato : "L'électrique pèse pour 17 % de nos commandes"
JA : Comment estimez-vous le niveau de reprise de l’activité pour la marque Peugeot ?
Jean-Philippe Imparato : Il est très difficile de faire des prévisions pour les mois prochains mais nous avons aujourd’hui une bonne perception de la reprise à court terme, notamment grâce à notre portefeuille de commandes qui, sur le mois de juin 2020, est supérieur de 42 % à celui enregistré à la fin du mois de juin 2019. Personne ne s’attendait à ce niveau de reprise. Cela augure de mois de juillet et d'août très forts en immatriculations mais ne prédit en rien le niveau d’activité que nous connaîtrons à la fin de l’année.
JA : Quels sont les pays où Peugeot enregistre la plus forte reprise ?
J-P. I. : La France reste, sans doute, le pays qui s’en sort le mieux notamment avec la mise en oeuvre de la prime à la conversion. La bonne nouvelle est que les niveaux de stocks, chez le constructeur ou les réseaux, n’ont jamais été aussi bas. Cela permet d’envisager avec une forme de sérénité les aléas qui pourraient intervenir à nouveau dans les prochains mois. Nous disposons d’une qualité de stock impeccable et une ancienneté totalement maîtrisée. Mais nous restons très agiles. Je dirai même que "nous gérons la maison à la journée" car nous devons être capables de réagir vite quelle que soit l’annonce dans n’importe quel pays du monde. Nous devons être prêts à bouger rapidement que ce soit en terme d’offre commerciale ou en allocation de voiture pour passer ces aléas.
JA : Comment gérez-vous, d’un point de vue industriel, cette adaptation ?
J-P. I. : Nous organisons des réunions de crise quotidiennes et nous sommes capables de décider à la minute la réorientation de la production. Nous avons appris à vivre dans un monde qui n’a plus rien à voir avec ce que nous avions connu et nous sommes parvenus à un niveau d’agilité sans précédent de notre histoire. C’est d’ailleurs un excellent stress test pour les valeurs de l’entreprise et sa capacité de résistance.
JA : Quel est l’appétit des clients pour la gamme électrique lancée au début de l’année 2020 ?
J-P. I. : Enorme ! C’est l’excellente nouvelle de cette reprise. 17 % de notre portefeuille de commandes concerne la motorisation électrique. Ce mix passe même à 22 % pour la France. Sur le premier week-end post-confinement en France, qui était un week-end de portes ouvertes, 26 % de commandes ont porté sur la 208 en version électrique. Un quart de nos commandes en électrique est extrêmement représentatif d’autant que pour ce type d’opération portes ouvertes, la clientèle est exclusivement constituée de particuliers. Il faut savoir également que 80 % des véhicules électriques sont financés en LOA et en leasing et la moitié des contrats sont assortis d’une prestation de maintenance. C’est excellent pour la loyauté du client à la marque. Quand un client démarre une LOA, nous augmentons de plus de 20 points notre taux de fidélisation. C’est essentiel pour la valeur de la marque et d’ailleurs, les valeurs résiduelles de nos modèles électriques sont 2 000 euros supérieures à celles des thermiques. Ce qui procure en usage urbain un TCO imbattable.
JA : Les motorisations hybrides connaissent-elles le même engouement ?
J-P. I. : Elles pèsent aujourd’hui pour 13 à 15 % du mix. C’est moins que l’électrique car ce sont également des voitures plus chères et dont la clientèle, essentiellement BtoB, ne renouvellera ses flottes qu’en fin d’année. Mais je pense qu’après cette première année, les hybrides pèseront pour 20 % dans les ventes des segments C et D.
JA : La prime à la conversion et la hausse du bonus profitent au marché français et aux motorisations électrifiées mais la prime à la conversion dans cette version va bientôt toucher à sa fin. Que souhaitez-vous comme type de dispositif de relance à partir de la rentrée ?
J-P. I. : La prime à la conversion prend tout son sens dans le cas d’opérations de déstockage mais structurellement, elle n’a pas d'intérêt en tout cas, si les moteurs thermiques en sont bénéficiaires. Le marché automobile a besoin d’une vaste opération de migration sur les 10 prochaines années. Nous appelons à un plan de transition énergétique massif, incluant les infrastructures, les bornes de recharge, le coût de l’énergie, le recyclage des batteries. Pour atteindre la neutralité carbone en 2030, nous avons besoin de cette vision pluriannuelle. Le groupe PSA est prêt, d’un point de vue de la technologie, et nous avons une très belle carte à jouer. Pour autant, cette vaste opération de migration ne doit pas masquer la nécessaire mutation de l’industrie mais aussi des réseaux.
JA : Où en êtes-vous des émissions de CO2 de la marque ?
J-P. I. : Nous sommes super bien. Je ne peux pas vous donner d’indicateur à ce-jour mais le groupe devrait prochainement annoncer les niveaux d’émissions pour la première partie de l’année.
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