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Constructeurs

Inquiétudes et incertitudes sur le marché du poids lourd

Publié le 17 janvier 2013

Par Benoît Landré
4 min de lecture
En forte chute à partir du mois de mai, le marché français des véhicules industriels a conclu l'année 2012 sur une baisse de 8,4%, en dessous des 44000 unités.
En forte chute à partir du mois de mai, le marché français des véhicules industriels a conclu l'année 2012 sur une baisse de 8,4%, en dessous des 44000 unités.

Les professionnels du secteur du véhicule industriel et du transport ont connu pire, en 2009 et en 2010 par exemple, quand le marché était descendu autour des 35000 immatriculations. Mais ils ont surtout vécu des périodes plus prospères, comme en 2008 où le marché avait atteint un pic de 58032 immatriculations. Entre les deux, l'exercice 2012, qui s'est conclu sur un volume de 43378 immatriculations, en retrait de 8,4% par rapport 2011, se veut le reflet d'une conjoncture économique morose qui frappe l'ensemble des secteurs automobiles, mais aussi d'un secteur qui évolue au rythme des incertitudes règlementaires.

A l'équilibre sur le premier quadrimestre (-0,6%), le marché a fléchi après le mois de mai et la baisse n'a cessé de s'accentuer au fil des mois. Au final, l'année 2012 se classe au troisième rang des plus mauvaises performances enregistrées ces quinze dernières années. Le Bipe n'avait pas anticipé un repli aussi prononcé.

Une fin d'année qui inquiète

La CSIAM, qui avait tablé l'an passé sur un marché 2012 à 44000/45000 camions, juge de son côté le résultat "correct", mais n'oublie pas de souligner "le ralentissement brutal et inquiétant survenu au cours des six derniers mois de l'année passée. En effet, les trois quarts du déficit des ventes de VI neufs (-3985 unités en 2012) sont intervenus sur le deuxième semestre".

Le segment des tracteurs, qui a représenté un volume de 23673 immatriculations, a chuté de 11,1% tandis que celui des porteurs a baissé de 4,9%, à 19705 unités. "Nous aurions pu s'attendre à davantage de résistance du marché des porteurs, d'autant que la croissance de 2011 avait été moins forte que celle des tracteurs. Par ailleurs, les zones d'action prioritaires pour l'air (Zapa), dont l'introduction était initialement prévue fin 2012, n'ont pas pu jouer un rôle d'accélération de certains renouvellements de porteurs", commente Béatrice Plat, directrice associée au Bipe.

Le marché l'occasion des véhicules industriels de plus de 5 tonnes, qui a représenté un volume de 51891 immatriculations, a également subi une baisse de 9% l'an passé. Seul le segment des véhicules utilitaires lourds de 3,5 à 5 tonnes a progressé en 2012, enregistrant une croissance de 1,9% par rapport à 2011, à 2652 véhicules.

De - 3 % à + 3 % en 2013

"L'année 2013 s'annonce périlleuse compte tenu du fort ralentissement des deux principaux moteurs de l'économie française que sont l'investissement des entreprises et la consommation des ménages. Le niveau d'activité se dégrade encore, la trésorerie des entreprises de la filière n'est pas redressée, les défaillances d'entreprises dans le secteur s'accélère (+13,4% par rapport à 2011", s'inquiète la CSIAM.

Jacques Bruneel, président de la branche VI du CNPA, en appelle notamment à Oseo, filiale de la Banque Publique d’Investissement (BPI), qui vient de lancer un nouveau fonds pour soutenir la trésorerie des PME et TPE, afin de prendre le relai de banques toujours plus frileuses. "Les encours bancaires explosent. Nous avons été sauvés en  2012 grâce à l'implication des captives des constructeurs", souligne-t-il.

Pour 2013, les indicateurs économiques laissent craindre une nouvelle baisse du marché des poids lourds, que le Bipe estime autour de -3%, mais la possibilité d'achats d'anticipation liés au  passage à l'Euro 6 pourraient doper les ventes en fin d'année.

"Le passage aux normes Euro 3 et Euro 5 avait provoqué un effet d'anticipation des commandes, rappelle Philippe Quillet, directeur commercial de Mercedes-Benz. De plus, le vieillissement du parc, associé à une activité commerciale très forte jusqu'à fin 2008, pourrait potentiellement faire de 2013 une année de renouvellement, notamment sur le marché du BTP qui n'est pas reparti l'an passé."

Aussi, compte tenu de ces incertitudes, le marché pourrait osciller de -3% à +3%.

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