Gunnar Hermann, directeur des produits du segment C, Ford Motor Company

...Gunnar Hermann. Typiquement, ce programme que nous développons aujourd'hui suit les mêmes principes et méthodes que nous avions effectivement suivis sur le projet Mondeo. La "One Ford Strategy" tient en trois mots : une Ford, une équipe, un but. C'est très simple. Pour ce véhicule mondial, l'ingénierie prend en compte les contraintes de production locales et celles des consommateurs locaux, tout en gardant une philosophie globale. Nous avons ainsi créé un centre d'excellence qui veille à ce principe d'adaptation. C'est ce que nous nommons le "One team approach". Pour les petits et moyens véhicules, qui représentent approximativement 60 % de nos volumes globaux, ce centre d'excellence est établi en Europe. Un seul centre qui apporte un soin particulier à prendre en compte les besoins de chaque région du monde. A savoir pour l'Europe, bien sûr, mais aussi pour l'Amérique du Nord, l'Asie du Sud Est et la Chine. Dans le passé, nous produisions des voitures sans prendre en compte ces besoins spécifiques. C'est une des petites différences. Quant au but de cette stratégie, il est au fond le même, c'est de faire de la Focus un véhicule vendu partout dans toutes les régions du monde.

JA. Quels sont les marchés sur lesquels Focus doit progresser ?
GH. La nouvelle Focus va être vendue dans 122 marchés. C'est déjà une croissance significative car aujourd'hui, nous sommes présents avec ce modèle sur "seulement" 85 ou 90 marchés. Aujourd'hui, le modèle est disponible en Asie du Sud Est, en Amérique du Sud et en Europe, mais nous ne sommes plus sur la majeure partie de l'Amérique du Nord et quelques-uns des importants marchés d'exportations. A l'avenir, la nouvelle Focus sera le produit ultime pour nous installer sur tous ces marchés, sur le marché mondial en fait.

JA. Quelles sont vos ambitions mondiales en termes de ventes et de parts de marché avec ce produit ?
GH. Si vous prenez par région, en Europe, où nous commercialisons actuellement la Focus dans 19 pays, nos parts de marché sont autour de 13 %. Sur certains marchés nous oscillons même entre 13 et 14 %. C'est sans aucun doute une performance honorable au regard de la compétition sur ces segments où les constructeurs domestiques vendent beaucoup. Je suis sûr que nous pouvons maintenir cette performance, et visons au moins la 2e place. En Asie, nous nous mesurons à Toyota et Honda, acteurs incontournables du marché. C'est un endroit où nous allons sans doute progresser grâce à cette nouvelle génération de Focus, qui répondra davantage aux besoins des automobilistes locaux. Nous devrions ainsi obtenir une meilleure position. Enfin, en Amérique du Nord, les meilleurs vendeurs étaient jusqu'ici Toyota. Une marque qui souffre actuellement sur ce marché, malgré sa puissance. Il y a une place à prendre. Car, si vous prenez le 1er quadrimestre 2010, tous les véhicules de ce segment vont être vendus par Honda. C'est la première fois de l'histoire sur le marché américain. Je pense que sur ce segment C, aux Etats-Unis, vendre 500 000 unités est déjà extrêmement bien. Nous visons entre 300 000 et 500 000 voitures sur le segment C aux Etats-Unis. Ce qui serait une belle performance pour nous. En fait, nous cherchons à devenir l'acteur clé du segment dans chaque région du monde. J'ai confiance car le véhicule a été conçu, développé et dessiné pour répondre à cet objectif.