Groupe Volkswagen - “Compte tenu du contexte, nous restons satisfaits”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Avec une croissance de 2,1 % depuis janvier, comment jugez-vous le marché français ?
JACQUES RIVOAL. Le marché reste globalement assez morose, à l’image du contexte économique difficile qui a conduit à réviser la croissance du pays à la baisse avec 0,4 %. Certes, le marché automobile ne baisse plus, mais la progression reste très légère. Et malheureusement, ce n’est pas un marché sain. Le canal des particuliers recule et cette légère croissance reste assez largement le fruit de ventes tactiques. Mon deuxième constat va au-delà de l’année 2014. Pour moi, le marché français se paupérise. Cette tendance est aussi bien visible dans le VN que dans le VO. Un chiffre pour étayer cela : il y a deux ans, seulement 10 % des véhicules vendus affichaient une cylindrée de moins de 1 200 cm3, ils représentent 20 % aujourd’hui. Certes, il y a le downsizing, mais cela n’explique pas tout. Enfin, même le marché Premium évolue moins bien que celui des généralistes. Tout ceci m’amène à penser que le marché français devrait, en 2014, totaliser environ 1,8 million d’immatriculations.
JA. Dans ce contexte, comment l’activité du groupe évolue-t-elle ?
JR. Nous restons très attentifs à l’équilibre de notre business model tant pour le groupe que pour nos distributeurs. Je le répète, notre seul but est une croissance pérenne et saine. Dans ce contexte-là, Audi conserve son leadership sur le marché Premium. Volkswagen, en comptabilisant VP et VUL, car nombre de Polo et Golf dérivées sont comptabilisées en VUL, reste à un haut niveau de performance avec une part de marché proche de 8 %. Seat est en légère baisse, mais le travail engagé pour la redéfinition de cette marque laisse augurer d’un bien meilleur avenir. Quant à Skoda, les ventes progressent. C’est sans doute la marque qui, au sein du groupe, correspond le mieux aux attentes du marché en ce moment.
JA. Vos différents réseaux ont-ils réussi à préserver leur rentabilité cette année ?
JR. A l’image du groupe, pour lequel le marché français reste profitable, nous voulons que ce soit aussi le cas pour nos réseaux. Jusqu’ici, à la fin du premier semestre, nous enregistrons avec satisfaction des rentabilités positives et même en forte progression pour certaines marques. Si Volkswagen reste stable avec 0,8 %, Audi gagne 0,2 point, à 1,5 %, Volkswagen VUL affiche maintenant 1 %, Skoda 0,6 % et Seat est revenue à l’équilibre. Alors, même si ce n’est jamais assez, compte tenu du contexte, nous restons satisfaits.
JA. A quoi ces résultats sont-ils dus ?
JR. Il faut y voir l’action combinée de plusieurs éléments. Nous avons travaillé sur la professionnalisation de l’activité VO avec le déploiement de Das Welt Auto et Audi Occasions Plus, et la contribution du VO est de plus en plus forte. Bien que le chiffre d’affaires de l’après-vente soit en baisse, son poids dans la rentabilité progresse également. Enfin, le travail engagé pour réduire les coûts dans les affaires a aussi participé à cette amélioration.
JA. Pourriez-vous donner un exemple de réduction des coûts pour un distributeur ?
JR. Cela débute par une analyse très fine de l’exploitation avec un logiciel comparant ses performances aux meilleures. Ensuite, nous bâtissons ensemble un plan d’action pour utiliser au mieux les gisements de productivité découverts. Parmi les postes souvent mis en exergue, on retrouve la gestion de l’offre client, c’est-à-dire les rabais, mais aussi la rémunération des vendeurs. Chez certains distributeurs, nous avons réussi à identifier jusqu’à 0,5 point de rentabilité supplémentaire.
JA. Après les e-Up et e-Golf, le groupe lance maintenant son offensive hybride rechargeable avec l’Audi A3 e-tron et les Golf et Passat GTE. Pensez-vous que les clients soient prêts pour cette électromobilité ?
JR. En plus de nous permettre de répondre aux défis du législateur, l’électromobilité est aujourd’hui une vraie demande du marché. Certes, elle n’est peut-être pas aussi forte que ce que l’on pouvait imaginer à une époque, mais elle est bel et bien présente et va se développer. D’ailleurs, les commandes enregistrées par l’Audi A3 e-tron sont beaucoup plus importantes qu’attendu. Et je pense que l’engouement sera aussi fort avec les Golf et Passat GTE. Nous croyons beaucoup à la technologie hybride rechargeable car elle évite les compromis et permet de réconcilier le meilleur des deux mondes. Avec elle, vous pouvez rouler en zéro émission tout en évitant la contrainte, pas toujours rationnelle, de l’autonomie. Nous avons fait le choix de ne pas réserver cette technologie à des véhicules de niches et, à l’avenir, nous pouvons penser qu’une telle motorisation, à l’image d’une option, pourra être offerte sur tous les modèles du groupe en fonction de la maturité du marché.
JA. Pour conclure, un mot sur la 8e génération de la Passat présentée ici. Quelles peuvent être vos ambitions sur un segment qui a tant souffert en France ?
JR. La Passat est indispensable dans notre portefeuille produits car bien que le segment ait baissé en France, un tel modèle demeure indispensable pour satisfaire la clientèle des entreprises. Et il ne faut oublier qu’en 2013, la Passat a été le modèle Volkswagen le plus vendu dans le monde avec 1,1 million d’unités. De plus, cette 8e génération symbolise parfaitement le positionnement de la marque Volkswagen qui, sans être dans l’univers Premium, en propose plus qu’un constructeur généraliste.
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