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Constructeurs

GM et PSA pour le meilleur…

Publié le 22 février 2012

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Alors que PSA et GM seraient en discussions avancées, selon la Tribune, quels pourraient être les bénéfices de cet éventuel accord entre les deux constructeurs ?

Frédéric Saint-Geours, directeur général des marques du groupe français, avait déclaré, lors de la présentation des résultats commerciaux, début janvier, que PSA était "ouvert" à l'idée d'une alliance mais il fallait trouver le bon partenaire pour cela. Il semble que ce soit donc GM, selon la Tribune, qui indique qu'après des discussions de plusieurs mois, les deux constructeurs seraient entrés dans la phase finale de négociations.

Avant d'imaginer quels pourraient être les bienfaits d'un tel accord pour l'un et l'autre, faisons un état des lieux. GM est redevenu le premier constructeur mondial en 2011, avec 9 025 942 ventes, soit une hausse de 7,6 %. Il vient, en plus, d'afficher des résultats financiers à la hauteur de cette place. En effet, le groupe américain a généré un CA de 150,3 milliards de dollars (+11 %) qui lui a permis de dégager un résultat d'exploitation de 8,3 milliards de dollars (+18,6 %) et un résultat net de 7,6 milliards, en hausse de 61,7 %. Le plus gros de son histoire.

PSA, quant à lui, a vendu 3,55 millions d'unités permettant d'afficher un CA en hausse de 6,9 % à 59,912 milliards d’euros, pour un résultat opérationnel de 1,315 milliard d’euros (soit 2,2 % du CA, contre 3,2 % en 2010), en repli de 481 millions d’euros. Le résultat net du groupe s’est, quant à lui, établi à 588 millions d’euros, en retrait de près de 50 % par rapport à 2010. Mais ces chiffres masquent la contreperformance de la branche automobile du français qui affiche un résultat opérationnel de -92 millions d’euros. “Si nous intégrons les résultats (50%) de notre JV chinoise avec DPCA, la branche affiche un résultat opérationnel positif de 53 millions d’euros (0,1%)”, précise Jean-Baptiste de Chatillon, directeur financier du groupe français.

Mais au-delà des chiffres, PSA montre surtout que son modèle de développement a du plomb dans l'aile. La principale stratégie du français est aujourd'hui d'économiser. Certes, il s'agit d'une nécessité, vu les comptes, mais il faut judicieusement placer le curseur car des coupes trop franches hypothèquent l'avenir. Le report de son implantation en Inde en témoigne. Puis les nombreuses coopérations mises en place avec Fiat, BMW, Ford ou Toyota ont longtemps étaient louées mais, même si elles demeurent efficaces et pertinentes, elles ne semblent plus suffisantes au regard de l'industrie automobile d'aujourd'hui. En effet, aucune de ces coopérations ne peut atteindre la puissance d'achat et les synergies du groupe Volkswagen, de l'Alliance Renault-Nissan, de Toyota ou de GM justement. Et ce sera sans doute principalement sur les achats et les développements communs que cette alliance franco-américaine prendrait du sens. Avec les chiffres de ventes 2011, ce nouvel ensemble totaliserait 12,6 millions d'unités ! Elle permettrait également à l'américain de régler une partie du "problème" Opel en générant de nombreuses économies d'échelle. D'ailleurs le Financial Times croit savoir que les discussions entre PSA et GM portent davantage sur Opel que sur un partenariat stratégique global. Ceci étant, dans tous les cas de figure, demeure toutefois, pour les deux constructeurs, le problème des surcapacités de production en Europe de l'Ouest.

Commercialement, cela apparaît plus flou, car à l'exception de l'ouverture du marché américain grâce à GM, les deux groupes ont finalement des marchés stratégiques similaires avec notamment la Chine, le Brésil ou la Russie. Et GM, dans tous ces pays, est largement devant le français, tiré par la marque Chevrolet qui représente 53 % des ventes de GM avec  4,76 millions d'unités en 2011. Un record. Alors, une future 508 ou C5 devra-t-elle nécessairement partager des éléments avec une Chevrolet Cruze ? Pas forcement, mais la marque américaine qui, pour ses modèles mondiaux, produit principalement en Corée du Sud, pourrait offrir à PSA une base de coûts bien meilleure pour développer des petits véhicules et pourquoi pas, sous une marque différente, enfin entrer dans le low cost tout en poursuivant la rentable montée en gamme de Peugeot et Citroën. Voilà donc sans doute tout l'intérêt d'un tel accord qui fait naître beaucoup de synergies sur les plates-formes, l'hybridation, les mécaniques, etc…  Mais il faut toutefois du temps pour cela.

Cependant, cet accord n'est pas encore signé, même si La Tribune pense qu'il pourrait l'être lors du prochain Salon de Genève. Rappelons toutefois que jusqu'ici, PSA s'est toujours montré très prudent en la matière. Notamment, car la famille Peugeot, qui détient 30,3 % du capital et 45,74 % des droits de vote, a toujours tout fait pour préserver son influence. Il y a tout juste un an, un projet d'accord capitalistique avec Mitsubishi avait capoté en partie à cause de la réticence de la famille. PSA devra trouver les bons arguments et le bon montage face à un GM incontestablement en position de force. Mais au final, que ce soit avec GM ou un autre, il semble inévitable que PSA s'allie avec un partenaire pour avoir les moyens de ses ambitions mondiales. Il vaut peut-être mieux détenir 20 ou 25 % d'une entreprise rentable et ambitieuse que 30 % d'une qui périclite.

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