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Constructeurs

EVS21 : exercice de styles

Publié le 22 avril 2005

Par Tanguy Merrien
8 min de lecture
Le Salon EVS21, qui s'est déroulé cette année à Monaco du 2 au 6 avril, a mis en valeur tout un panel de solutions alternatives post-pétrole. Vers quelles technologies se dirigent les professionnels ? Visite guidée des modèles exposés… EVS21, le Salon international du véhicule électrique,...
Le Salon EVS21, qui s'est déroulé cette année à Monaco du 2 au 6 avril, a mis en valeur tout un panel de solutions alternatives post-pétrole. Vers quelles technologies se dirigent les professionnels ? Visite guidée des modèles exposés… EVS21, le Salon international du véhicule électrique,...

...hybride et à pile à combustible, s'est tenu du 2 au 6 avril dernier à Monaco. Plus d'un millier de participants sont venus échanger leurs idées, 48 pays étant représentés. La manifestation s'est tenue au Grimaldi Forum avec un espace de 4 000 mètres carrés réservé pour les expositions. Les visiteurs, entre 8 et 9 000 selon les organisateurs, ont pu évoluer au gré de la parade de véhicules organisée dans les rues de la Principauté, et des expositions et du symposium sur les véhicules électriques. Ils ont découvert les dernières recherches et axes d'études concernant




FOCUS

Rallye Monte-Carlo Fuel Cell & Hybrid : première !

La FIA, Fédération internationale de l'automobile, et l'ACM, l'Automobile Club de Monaco, ont organisé en prélude à l'ouverture du Salon EVS21 le premier rallye de Monte-Carlo Fuel Cell & Hybrid. Les participants devaient rallier Monaco en partant de Lugano, en Suisse, en passant par l'Italie, sur un parcours de 410 kilomètres. Sur la ligne de départ, 17 constructeurs, dont Mercedes, Volkswagen, Toyota, Fiat et Opel. C'est d'ailleurs l'Opel Zafira HydroGen3 qui a remporté la première place dans la catégorie véhicules mus par une pile à combustible, suivie de Hyundai et DaimlerChrysler, respectivement en 2e et en 3e position.

ce que l'on nomme communément la mobilité durable. Du véhicule pour les particuliers à celui adapté aux entreprises en passant par la moto et le bus, toutes les formes de véhicules hybrides ou fonctionnant à l'électricité ou à la pile à combustible étaient représentées. L'événement est organisé par la Wewa, l'Association mondiale des véhicules électriques, tous les deux ans sur un continent différent. Cette année, les organisateurs ont observé une évolution très nette depuis la précédente édition des technologies de motorisation pour véhicules propres. Bernard Fautrier, président d'EVS21, explique : "Les visiteurs ont découvert que des solutions concrètes existaient déjà, et que l'avenir se préparait aussi à d'autres alternatives. Les solutions hybrides ont eu un franc succès, les véhicules électriques et les deux-roues aussi". Le président a noté une prise de conscience et un intérêt croissant pour la mobilité propre. De son côté, le symposium a mis en exergue plusieurs facteurs. D'une part, la nécessité absolue de multiplier les tests sur le terrain des véhicules électriques à batteries. Des tests qui seront concrètement réalisés dans les mois à venir, grâce à une présence accrue tant au niveaux des flottes captives que d'une commercialisation destinée aux particuliers. D'autre part, concernant la pile à combustible, les concepts hybrides intégrant des batteries ou des super-condensateurs pour le stockage de l'électricité sont en état de fonctionner. Cependant, les scientifiques estiment que leur développement ne devrait pas être flagrant dans un futur proche. Enfin, il ressort que les véhicules hybrides qui fonctionnent avec un moteur à combustion et un moteur électrique représentent à l'heure actuelle la solution à court terme peut-être la plus prometteuse en terme de consommation de carburant. Une solution qui semble remporter les suffrages du public, tandis que les professionnels s'orienteraient plutôt vers des véhicules hybrides dits Plug-In. Parmi les solutions exposées, le CFBP, le Comité français du butane et du propane, a choisi de présenter un prototype de véhicule hybride GPL/électrique. L'utilisation du GPL à la place de l'essence permet une économie en émissions de CO2 encore plus importante : 92 g/km, soit 11,5 % de moins que la version essence. Ce prototype est la première berline 4 places à associer le GPL carburant à la technologie hybride pour obtenir une voiture plus propre. Développé par la société d'installation GPL RM Gaz, en collaboration avec le CFBP et l'IFP (Institut français du pétrole), il présente des performances environnementales jusque-là inégalées.

Hybrides, hydrogènes ou électriques, des solutions existent

Afin de démontrer l'intérêt du GPL dans le véhicule hybride, la Toyota Prius II, reconnue pour ses performances en terme de CO2, a été retenue pour développer le projet. Sur le stand du constructeur japonais, deux autres véhicules étaient également exposés, avec chacun une technologie différente caractérisant ainsi les axes de recherches actuels engagés par Toyota. Il s'agit pour le premier du véhicule hybride à double motorisation thermique et électrique, la Lexus RX400h. Le système utilise une batterie de 288 volts nickel-métal hydrure, placée sous le siège arrière, qui alimente le moteur électrique avant de 123 KW. De plus, 3 moteurs générateurs sont employés, chacun ayant une fonction bien déterminée, mais tous pouvant servir indifféremment de moteur d'entraînement ou de générateur. Le Toyota FCHV adopte, quant à lui, la technologie de la pile à combustible qui alimente un moteur électrique. Le système comprend 4 réservoirs à hydrogène, un moteur électrique et une batterie Ni-MH. Concrètement, l'hydrogène gazeux alimente la pile à combustible au sein de laquelle il va s'associer à l'oxygène, et l'électricité produite va alimenter le moteur électrique. L'autonomie de la pile est de 300 km environ et permet une vitesse de 155 km/h. Il faut savoir que 19 modèles sont actuellement sur les routes américaines et japonaises, pour des programmes expérimentaux et privés. Bernard Fautrier estime pour sa part : "La pile est une des possibilités du futur, bien que les polémiques se jouent sur son rendement et son efficacité. Mais tous les grands constructeurs s'y intéressent". Autre expérience de terrain, mais cette fois-ci sur les routes de France, avec l'annonce faite par les groupes Dassault et Heuliez, au travers de leur société commune SVE, Société de véhicules électriques, de la mise en service de la Cleanova II. Dès le début de l'été, le groupe La Poste va sillonner les routes avec une flotte de véhicules électriques développés sur la base d'un Renault Kangoo.

L'or noir disponible s'amenuise, les solutions alternatives surgissent et les mentalités évoluent

Il resterait trente à quarante ans de réserves de pétrole encore disponibles, selon certaines études qui prennent notamment en compte le développement exponentiel de pays comme la Chine et l'Inde. Les réserves encore non épuisées (car trop profondes) seront peut-être vidées de leur substrat par de nouvelles techniques,




COUP D'OEIL

Homologation européenne d'un bus GPL

Verrons-nous bientôt des flottes de bus GPL circuler dans les agglomérations ? La société GPL Prop'Bus vient de voir homologuer son modèle GPL Man, un bus destiné aux collectivités locales, par le Centre national de réception des véhicules. Les réservoirs ont au préalable été placés dans un caisson indépendant et ont subi l'épreuve de la réaction au feu. Le moteur 6 cylindres est de son côté certifié selon la norme antipollution EEV, comme Enhanced Environmentally Friendly Vehicles, une norme plus exigeante que l'Euro 5.

mais celles-ci n'existent pas encore. En attendant, les constructeurs automobiles commencent à esquisser des solutions alternatives : le GPL, qui peine à décoller, le moteur électrique, solution la mieux maîtrisée à l'heure actuelle mais qui manque encore d'autonomie, la pile à combustible, qui devrait être optimisée d'ici vingt ans au mieux, la motorisation hybride thermique/électrique, qui semble recueillir la plupart des suffrages… L'après pétrole, c'est après-demain. Il faut laisser le temps au temps, dit-on, mais il arrive un moment où le temps est arrivé. Pourrons-nous réellement modifier nos modes de vie, établis sur un fonctionnement séculaire basé sur la voiture à essence ? Imaginons par exemple nos véhicules du futur, tous électriques, évolués et autonomes. Plus de vidanges d'huile à faire et plus d'ennuis mécaniques au niveau du moteur, entre autres choses. Cela veut dire repenser complètement les ateliers de réparation, les réseaux en général et bien sûr les métiers et les hommes. Cela induit des changements dans toute la filière automobile (de la fabrication à la commercialisation des produits) et des bouleversements énormes dans l'après-vente automobile telle que nous la connaissons à l'heure actuelle. Cela veut peut-être dire aussi une évolution des mentalités. Etes-vous prêts ? Prochain EVS à Yokohama, au Japon, en octobre 2006.


Muriel Blancheton


 





ZOOM

Le poing sur la table de Coqueline Courrèges

EVS21 n'a plus de secret pour Coqueline Courrèges, créatrice de mode… de transports nouveaux. La réalisatrice de La Bulle, son premier prototype électrique doté d'une batterie au nickel cadmium, présenté en 2002, et de l'Exe, son deuxième modèle équipé d'une batterie au lithium ion, poursuit sa quête. Coqueline Courrèges s'est lancée depuis les années 70 dans les énergies nouvelles, la protection de l'environnement et celle de l'humanité. "Nous devons trouver des alternatives au pétrole. Il est vrai que c'est grâce à lui que je peux concevoir des vêtements, mais dans ce cadre, il ne fait aucun mal. Par contre, son usage pour les véhicules est nocif dans la mesure où, au final, nous respirons des gaz qui s'infiltrent dans nos poumons. Passé trois minutes sans respirer, l'homme meurt. Alors réagissons, et vite." Elle-même se décrit comme une Lagardère des temps modernes et n'hésite pas à bousculer les esprits avec un discours sans ambiguïté possible : "Les politiciens sont des menteurs et les constructeurs ont peur. Je ne crois pas aux véhicules hybrides et je ne suis pas pour le tout électrique." En revanche, elle pense qu'il faut étudier toutes les énergies disponibles pour sortir du tout pétrole. Coqueline Courrèges s'aventure donc dans un univers où diverses sources d'énergie sont étudiées et utilisées. Elle l'a prouvé avec ses deux premiers modèles, elle réitère l'expérience avec un troisième prototype, plus axé cette fois-ci sur la recharge de batterie, qui devrait voir le jour au cours de l'année. "Des solutions existent déjà, lance-t-elle. Il faut juste les sortir du placard où elles sont tenues enfermées par le pouvoir de l'argent." Que pense-t-elle des manifestations telles que l'EVS21 ? "Il y a eu 20 éditions précédentes avant celle-ci, et nous en sommes toujours au même point."

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