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Constructeurs

Edito - Henry Ford, 80 ans après...

Publié le 3 février 2011

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
“Si le monde des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu’elle est”, Hegel.

Les prévisions de marché deviennent au fil des ans l’objet d’une surprenante coquetterie. De plus en plus rares sont, en effet, les constructeurs acceptant de donner des chiffres ventilés et précis. Quelques vagues estimations pour le Monde, l’Europe et la France et “fermez le ban” ! En revanche, le plus grand nombre annonce fièrement qu’il va gagner des parts de marché, souvent dans une proportion significative. Il peut donc être opportun de rappeler Winston Churchill à la rescousse : “Je ne crois pas aux prévisions, sauf si je les ai falsifiées moi-même”.

Le jeu des prévisions est pourtant ancien et peut surtout être révélateur d’une vision et d’une cohérence stratégique. Ce n’est pas le “secret défense” qui importe -il serait d’ailleurs naïf de croire qu’il se situe à ce niveau-, mais la définition du juste algorithme pour porter l’évolution, fût-elle exponentielle ou bien plus raisonnée, de tel ou tel groupe.

Ce petit jeu des prévisions a parfois pris des détours étonnants. Ainsi, comme l’a récemment exhumé de ses archives The New York Times, il fut demandé à Henry Ford en septembre 1931, d’imaginer le paysage automobile quatre-vingt ans plus tard. Soit en 2011, ça tombe bien ! Dans son billet, Henry Ford, présenté pour l’occasion comme un expérimentateur industriel, affirme que “les promesses du futur font paraître terne le présent” et pétri d’une conception positive du progrès, envisage une meilleure répartition des profits au service de l’homme en général. “Je suis persuadé que les 80 années à venir nous verront être plus efficaces pour mieux valoriser nos avancées dans la vie de tous. La chose la plus nouvelle au monde, c’est l’être humain. Et les changements les plus positifs doivent être faits par et pour lui”. On retrouve le parfum du “welfare capitalism”...

Que dirions-nous en nous prêtant au même jeu en 2011 ? Sur la dépouille de Lehman Brothers et à l’heure d’une mondialisation galopante, on pourrait reprendre une bonne partie de ce discours. Ou alors, continuons tout droit, jusqu’à transformer la planète en un gigantesque embouteillage, pour un road-movie stone, le Mediator bien rangé dans la boîte à gants.

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