Edito : Citroën midstream
Andrea del Sarto fut un grand peintre de la haute Renaissance, passé par l’atelier de Piero di Cosimo et apprécié par Michel-Ange et Raphaël. Pétri de talents, il lui manquait, selon Vasari, de l’ambition et de l’âme. C’est ce qui inspirera le long poème “Le peintre infaillible” à Robert Browning, monologue imaginaire d’Andrea del Sarto où l’on trouve, en guise de défense, la fameuse formule “less is more”. Bien avant les travaux conceptuels de Ludwig Mies van der Rohe.
Alors que Citroën vient d’inaugurer la très attendue gamme C avec le C4 Cactus, la formule “less is more” trouve une nouvelle chambre d’écho. En premier lieu parce que les dirigeants de Citroën se défendent de préparer une incursion dans le low-cost. D’ailleurs, en prenant du recul, on constate que Citroën n’a tout simplement pas les implantations industrielles lui permettant d’aller vers le low-cost, question de structure des coûts. Dès lors, on peut croire Frédéric Banzet quand il évoque une “alternative aux berlines compactes”. En termes de positionnement, on rejoint ce que Skoda a déployé autour du “simply clever”, et sans doute ce que mijote Fiat pour sa famille de véhicules sous la 500, mais il faut reconnaître que Citroën a choisi une voie originale. Une voie originale qui remonte à la réflexion initiée au sein de la marque en 2007 autour de “la voiture essentielle”, avec la fin du “toujours plus” érigé en leitmotiv par Vincent Besson ou Jean-Pierre Ploué. Loin de tout malthusianisme, c’est la juste synthèse faisant la part belle au charme populaire et à la technologie utile sur fond de vertu environnementale. L’idée est séduisante et le C4 Cactus abouti, mais le combat est loin d’être gagné d’avance. Tout d’abord parce que Citroën a déjà perdu du temps en chemin, pour diverses raisons (échecs de certains tests cliniques, investissements contraints et reportés…), et qu’il faudra justement du temps pour asseoir l’image de la gamme C, en évitant des brouillages de nature fort variée. Ensuite, parce qu’entre trouver la voie médiane (avec une référence bouddhique qui n’est pas pour déplaire aux Chinois…) et se heurter à une porte étroite, il n’y a parfois qu’un pas ou un faux mouvement.
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