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Constructeurs

Denza, le haut de gamme selon BYD

Publié le 9 juin 2025

Par Christophe Bourgeois
8 min de lecture
Le groupe BYD, qui est devenu le sixième constructeur mondial en 2024, veut installer sa marque haut de gamme Denza en Europe. Il compte ainsi affronter directement les premium allemands. Avec des arguments de poids ?
BYD Denza marque haut de gamme
"Nous allons nous appuyer sur deux piliers : le style et la technologie, a dévoilé Stella Li, vice-présidente exécutive de BYD, lors de la présentation de la marque aux Européens à la Design Week de Milan. ©BYD

Le lieu de la présentation n’avait rien du fait du hasard. Pas plus que la date d’ailleurs. Denza a, en effet, fait son entrée officielle sur le marché européen à Milan (Italie), à l’occasion de la célèbre Design Week. Tout un symbole.

 

Car des quatre marques que compte le groupe BYD, à savoir BYD, Fangchengbao, Yangwang et Denza, cette dernière se veut être la plus "élégante", si l’on en croit la communication du constructeur.

 

Sous la responsabilité du designer allemand Wolfgang Egger, qui a fait sa carrière chez Alfa Romeo et Lancia et au sein du groupe Volk­swagen, notamment chez Audi et Lamborghini, Denza se présente comme "Elegance in motion", un slogan d’ailleurs qui rappelle celui de Peugeot il y a quelques années et son "Motion & emo­tion".

 

Mais au‑delà du style, BYD a pour ambition d’imposer Den­za comme une marque haut de gamme, prête à concurrencer les premium allemands. Si elle est totalement inconnue en Europe, elle ne sort pas pour autant de nulle part.

 

 

Elle existe en Chine depuis 2012. À l’origine, il s’agit d’un partenariat entre BYD et Daimler. Alors qu’elle frôlait la faillite il y a quatre ans, elle a été reprise par le constructeur chinois en 2022, qui a relancé une gamme complète.

 

En 2024, elle a produit 126 000 unités (source Inovev), se hissant à la 20e place du classe­ment des marques électriques et hybrides, appelées NEV en Chine pour New Energy Vehicles et com­mercialisées en Chine, derrière Xiaomi (136 000), mais devant BMW (116 000).

 

S’appuyer sur le réseau BYD

 

Pour commencer, la marque Den­za va être introduite sur les cinq plus grands marchés européens, en l’occurrence, le Royaume‑Uni, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne. Elle ne communique sur aucune ambition de volume, mais compte s’appuyer sur le réseau BYD déjà existant.

 

En France, les véhicules seront disponibles à la fin de l’année, voire début 2026. Si la filiale française reste assez dis­crète sur les détails de cette com­mercialisation, elle précise néan­moins qu’une partie de son réseau de distribution recevra le panneau, "essentiellement ceux qui ont une expérience avec le haut de gamme", indique‑t‑elle.

 

Le partenariat entre le réseau et la marque se fera sous contrat de concession, à l’instar de ce que BYD a mis en place lors de son arrivée sur le marché eu­ropéen.

 

Dans un premier temps, cinq distributeurs auront le pan­neau Denza, mais à terme, le réseau sera constitué d’une quarantaine de points de vente, "un réseau de la même dimension que celui de Por­sche", glisse le constructeur.

 

Si la gamme chinoise de Denza comprend plusieurs SUV, ainsi qu’un monospace, c’est avec le Z9 GT, proche en style de la Porsche Taycan, que la marque arrive en Eu­rope. Le modèle a été présenté l’an­née dernière au salon de Pékin et se veut la quintessence de ce que peut proposer le constructeur.

 

 

La voiture sera disponible en deux versions, électrique et hybride rechargeable (PHEV), appelée DM‑i. Long de 5,19 m, ce coupé 4 portes, qui re­prend les codes des breaks de chasse des années 1970, repose sur la plateforme e3, développée spéciale­ment pour la marque. Il intègre trois mo­teurs électriques, un à l’avant, d’une puissance de 230 kW (312 ch) et un de 240 kW (326 ch) dans chaque roue arrière, pour une puissance combinée qui flirte avec les 1 000 ch.

 

Ces moteurs sont ali­mentés par une batterie intégrée dans le châssis de 100 kWh et les performances sont dignes de celles des meilleures sportives avec un 0 à 100 km/h réalisé en 3,4 s.

 

 

Selon les normes d’homologation chinoises, Denza promet une autonomie de 630 km, ce qui assure selon le WLTP, un peu plus de 500 km sans recharger. Il repose sur une plate­forme 800 V et si le constructeur ne communique pas sur les puissances de recharge, les modèles vendus en Chine affichent 270 kW.

 

Hybride rechargeable

 

De son côté, la version DM‑i em­barque un moteur 4 cylindres essence de 204 ch, tandis que la batterie dispose d’une capacité de 38 kWh. La puissance cumulée baisse à 870 ch, des valeurs qui restent néanmoins stratosphériques par rapport à la concurrence.

 

Le Z9 GT affiche une autonomie 100 % électrique de 200 km, qui sera pro­bablement ramenée à 150 km selon les normes européennes.

 

En janvier 2024, lors d’un reportage à Shenzhen, nous avions rencontré des interlocuteurs du constructeur chinois, qui nous avaient expliqué pourquoi il souhaitait commercia­liser la marque Denza en Europe et non pas s’appuyer sur BYD, déjà présente.

 

 

"L’Europe est un marché de référence pour les constructeurs chinois, nous avait‑on expliqué. Nos clients regardent ce qui s’y passe avec attention. Denza a une exis­tence relativement récente en Chine et nous travaillons ardemment pour développer la marque sur le marché local. Si nous commercialisions les modèles Denza avec un logo BYD en Europe, cela enverrait un mau­vais signal auprès de nos clients." Notre interlocuteur avait conclu en prenant l’exemple de Volkswagen qui vend les mêmes plateformes de véhicule sous une carrosserie et une marque différentes.

 

Le Z9 GT a été designé par l’Allemand Wolfgang Egger, un ancien de chez Audi, devenu patron du design chez BYD. ©BYD

 

Un marché très concurrentiel

 

"Denza arrive avec des arguments qui font mouche auprès des consom­mateurs chinois, car la plateforme e3 est une technologie qui se voit, ce qui n’est pas toujours le cas dans l’indus­trie automobile, analyse de son côté Jamel Taganza, associé au sein du cabinet Inovev. Même si faire un créneau en marche avant ou avancer en crabe ne va pas servir beaucoup au quotidien, cela permet de créer de l’image, qui peut, par effet cascade, bénéficier à BYD, voire aux autres marques chinoises."

 

Quant au positionnement de la marque, il reste prudent : "Implan­ter une marque, notamment haut de gamme, demeure très compliqué en Europe, car le marché est cadenassé par les constructeurs européens."

 

Et de prendre l’exemple de Lexus, un succès aux États‑Unis, mais qui n’arrive toujours pas à émerger vé­ritablement sur le continent, alors que la marque est ici présente depuis… trente ans. "Sur le secteur du haut de gamme/luxe, il n’y a, au final, pas beaucoup de marchés en dehors de la Chine, note Jamel Ta­ganza. Le Moyen‑Orient en est friand, mais c’est un marché à faible volume et les États‑Unis sont fer­més pour les constructeurs chinois."

 

 

Il ne reste donc que l’Eu­rope, un territoire très concurren­tiel. Si Denza ne communique sur aucun volume, Jamel Taganza es­time que la marque ne devrait pas dépasser les 5 000 unités annuelles dans les années à venir. Une goutte d’eau pour BYD, mais cela lui per­mettrait d’asseoir son image de constructeur international.

 

D’ici deux ans, la marque prévoit de commercialiser trois autres mo­dèles, le monospace D9, le tout‑terrain Fangchengbao Bao 5, qui prendra en Europe le logo Denza, et un autre SUV.

 

Pour l’ins­tant, Denza, qui lancera le Z9 GT fin 2025, ne communique sur au­cun tarif, mais pour information, ce modèle est vendu à partir de 72 000 euros en Chine. Il devrait donc atteindre les 100 000 euros en Europe.

 

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Plateforme e3 : un concentré de technologies

 

Denza est l’une des vitrines technologiques de BYD. En Chine, en janvier 2024, nous avions pu essayer en tant que passager la conduite autonome de niveau 3 à bord du N7, un SUV du segment D.

 

Dévoilé au prin­temps 2024, au salon de Pékin, le Z9 GT inaugure une plateforme appelée e3. Cette dernière repose sur quatre technologies : une transmission indépendante à trois mo­teurs, une direction indépendante à deux moteurs aux roues arrière, le contrôle des mouvements du véhicule et l’intégration de la batterie à la carrosserie.

 

Pour le dé­veloppement de cette plateforme e3, BYD annonce avoir investi 100 millions d’euros, déposé une cinquantaine de brevets et fait plancher sur le sujet plus de 800 ingénieurs pendant trois ans.

 

Concrètement, le Z9 GT est doté de roues indépendantes direction­nelles qui disposent d’un angle de 10° (dis­ponibles en option sur la Mercedes‑Benz EQS), ce qui assure un rayon de braquage de seulement 4,62 m, alors que le véhicule mesure 5,20 m.

 

Grâce au moteur électrique installé sur chaque roue arrière, la voiture est capable de pivoter sur elle‑même, à l’ins­tar d’un compas, de réussir un créneau en marche avant ou de rouler en crabe.

 

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