Crise chez Nissan : départs stratégiques et scénario de fusion en vue
L'annonce vient d'être officialisée. Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault, et Pierre Fleuriot, second représentant du constructeur français au conseil d'administration de Nissan, quittent les instances du constructeur japonais.
Cela prouve, si l'en est besoin, l'urgence de la situation de Nissan, dont la survie est en jeu. Entre la baisse des activités du constructeur et la hausse des droits de douane américains, son avenir est bien compromis.
Nissan vend en effet près de 27,6 % de son volume global aux États-Unis. Malgré la présence de deux usines sur le sol américain (dans le Mississippi et dans le Tennessee où est produit notamment le Rogue), les droits de douane de 25 % affectés au secteur automobile et bientôt aux pièces détachées touchent de plein fouet le constructeur.
Près de 38 % de la production du groupe est faite en Amérique, dont plus de 21,5 % au Mexique.
Le signal d'une prochaine fusion
Les remplaçants de Jean-Dominique Senard et de Pierre Fleuriot au sein du conseil d'administration ont d'ores et déjà été désignés par Renault. Il s'agit de Valérie Landon et de Timothy Ryan, deux spécialistes des fusions/acquisitions.
Diplômée de Centrale Paris, Valérie Landon a débuté sa carrière chez Air France en 1985 en tant qu’ingénieure. Après cinq ans dans l’aérien, elle a bifurqué vers la finance en rejoignant le Crédit Suisse. Elle y construit un solide parcours international, enchaînant les postes à Paris, Londres et Tokyo.
Spécialiste des secteurs de l’énergie et de l’industrie, elle a gravi les échelons jusqu’à devenir Managing Director, puis Head of Investment Banking pour la France, la Belgique et le Luxembourg entre 2009 et 2015.
En 2021, après plus de 30 ans de carrière dans la banque d’affaires, elle est devenue directrice générale pour la France et la Belgique de Crédit Suisse. Négociatrice redoutée dans les opérations de fusions/acquisitions, elle siège également au conseil d’administration de Forvia.
Timothy Ryan a quant à lui débuté sa carrière en 1992 dans une filiale de HSBC. Huit ans plus tard, il rejoint Axa où il y occupe le poste de directeur des investissements pour l’activité assurance, d’abord au Japon, puis à l’échelle de l’Asie.
Son parcours se poursuit chez AllianceBernstein, la filiale américaine de gestion d’actifs, où il prend successivement les rênes de plusieurs zones stratégiques – le Japon, l’Europe et le Moyen-Orient – en tant que directeur général.
Enfin, en 2021, Timothy Ryan rejoint Natixis. Il est nommé membre du comité de direction générale en charge des métiers de gestion d’actifs et de fortune, et directeur général de Natixis Investment Managers. Il a quitté ces fonctions début 2024.
Premier actionnaire de Nissan, avec 15 % des droits de vote auxquels s'ajoutent les 18 % restant dans une fiducie, Renault regarde d'un bon œil tout projet de fusion qui pourra redonner du souffle à son partenaire et limiter les pertes du groupe français en cas de revente des actions.
En février 2025, la tentative d’un rapprochement avec Honda s’était soldée par un échec.
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