Carlos Tavares reste obsédé par la baisse des coûts
Trois jours après avoir revu drastiquement à la baisse les objectifs financiers de 2024, le patron de Stellantis assurait une visite de l’usine de Sochaux où sont assemblés les Peugeot 3008 et 5008 du groupe. Pas de quoi faire reculer Carlos Tavares, habitué aux vents contraires de l’industrie automobile. D’autant que Marc Ferracci, nouveau ministre délégué en charge de l’Industrie, s’est invité à la fête.
Une aubaine pour le dirigeant puisque les discussions sur les futures aides à l’achat des véhicules électriques sont en cours de discussion. L’heure était donc plus que jamais à la démonstration du travail réalisé par le constructeur. Et pour l’occasion, tous les directeurs d’usines intégrés dans l’écosystème du véhicule électrique étaient présents au milieu des chaînes d’assemblages des deux SUV de la marque, issus de la plateforme STLA-Medium multi-énergies.
À Sochaux, on produira dès le 1er novembre 2024, près de 1 000 exemplaires par jour du 3008, pour répondre aux 62 000 commandes déjà enregistrées, dont 25 % en électrique. Dès la fin de l’année, entre 2 000 et 4 000 batteries en provenance de la gigafactory ACC viendront assurer la charge de ces modèles.
"Il y a cinq ans, il n’y avait rien. Nous pouvons voir ici comment toute l’intelligence et l’éducation scientifiques de nos équipes s’est exprimée dans nos voitures. D’ailleurs, mettre douze véhicules électriques dans douze sites français est une preuve de confiance dans la qualité", assure Carlos Tavares.
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Car cette visite se veut également une démonstration du travail et de la concentration des équipes du groupe. Une manière de relativiser le profit warning annoncé qui prévoit une marge opérationnelle comprise entre 5,5 % et 7 %, contre 13 % enregistrés en 2023.
"Certains acteurs demandent une révision des règles d'émissions de CO2 pour 2025. Toute cette pression est la cause racine des profit warnings qui ont été annoncés par nos concurrents et nous-mêmes. Il va falloir travailler en profondeur pour revenir à ce niveau de marge. Mais historiquement, les marges de l’industrie automobile n’ont jamais été à deux chiffres", fait remarquer Carlos Tavares.
Un avertissement à prendre au sérieux
Pas d’inquiétude non plus sur le flux de trésorerie négatif annoncé entre -5 et -10 milliards d’euros. Certes, c’est un avertissement sérieux, mais que Carlos Tavares estime lié à une faute opérationnelle aux États-Unis. Celle-ci serait en passe d’être corrigée. "Nous avons un contexte qui s’abat sur l'industrie automobile, brutal, qui est le résultat d’une règlementation et d’une ambition des constructeurs chinois que nous connaissons. Si dans ce contexte, vous faites une petite faute opérationnelle, cela se voit tout de suite", poursuit le dirigeant.
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Selon ce dernier, cette faute serait déjà en passe d’être corrigée, grâce à un plan marketing traditionnel et la réduction des stocks de nos concessionnaires de près de 50 000 voitures en trois mois. Ces deux actions auraient déjà permis au groupe de revenir à une part de marché de 8,1 % en septembre dernier, contre 7,2 % deux mois plus tôt. La survie de l’entreprise n’est pas en jeu avec cet avertissement. En revanche, elle pourrait l’être, comme la plupart des concurrents de Stellantis, si les constructeurs ne parviennent pas à vendre les véhicules électriques aux prix des thermiques.
Vendre l'électrique au prix du thermique
Dans cette phase critique du développement de l’électrique, qui continue de marquer des signes de faiblesse. La seule issue est de gommer les 40 % de coûts supplémentaires dans la fabrication des voitures. "Dans cette phase, je suis en faveur du maintien et de la stabilité des règles. Nous devons également avoir un accompagnement de la demande pour que cette notion du prix abordable de la voiture électrique puisse se concrétiser auprès du client", insiste Carlos Tavares.
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Or, la "digestion" de ces 40 % de surcoût ne pourra pas uniquement être réalisée par les constructeurs mais aussi par les équipementiers qui, rappelle le patron de Stellantis, sont à l’origine de 85 % du coût de fabrication. 10 % proviennent des usines d’assemblage des constructeurs et 5 % de la logistique et de l’acheminement vers le client final.
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