Carlos Tavares prévoit une grosse tempête sur l'industrie automobile
2024 signe une année électorale importante. D’une part, les Américains vont voter pour un nouveau président et d’autre part, en Europe, le Parlement sera renouvelé. Deux échéances essentielles pour le secteur automobile sur lesquelles Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, "est très attentif."
À l’issue d’une conférence de presse qui présentait la nouvelle plateforme STLA Large, qui propose 800 km d’autonomie, le patron du groupe automobile a dévoilé travailler sur deux scénarios.
"Je suis prêt pour les deux scénarios. Le premier est une accélération de l’électrification des véhicules sur les marchés. Le second est un ralentissement. Mais je n’envisage pas d’arrêt de cette décision car, de toute façon, nous devons résoudre le problème du réchauffement climatique", a-t-il précisé.
Alors que Stellantis mise désormais sur l’électrification totale de ses véhicules, notamment en Europe où la plupart de ses marques deviendront 100 % électriques avant 2030, le dirigeant annonce ne plus craindre ces décisions politiques : "Je ne suis plus en mesure d’avoir peur ou de ne pas avoir peur. Comme vous le savez, cette industrie a été confrontée à toute une série de crises et nous ne savons donc plus ce que signifie la peur".
Un bain de sang dans l'industrie automobile
Confrontée à une course effrénée vers une baisse des prix, l’industrie automobile ferme la porte d’une période faste où les marges confortables ont permis aux constructeurs d’investir massivement dans l’électrification de leurs gammes et renouer avec de forts bénéfices.
Mais cette période semble bien derrière les acteurs du secteur, avec des annonces quasi quotidiennes de baisse des prix, qui laissent craindre une période trouble, voire même "un bain de sang" selon Carlos Tavares.
"Stellantis est bien armé. Mais si les prix continuent de baisser, il est sûr que certains acteurs repasseront dans le rouge et deviendront des cibles pour la concurrence. La baisse des prix signifie casser de la valeur", a indiqué le directeur général du constructeur qui essaie de trouver un juste équilibre entre la protection de l'entreprise et sa rentabilité. "Je sais qu'arrive une grosse tempête", a-t-il ajouté.
Guerre commerciale avec la Chine
Celle-ci prend également la forme de l'arrivée des constructeurs chinois en Europe mais aussi aux États-Unis. "Les enjeux sont énormes. S'il y avait une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ou une guerre commerciale entre l'Europe et la Chine, les exportations de la Chine vers le reste du monde seraient en jeu", estime Carlos Tavares.
Ce dernier a trouvé une réponse à ce problème en entrant au capital de Leapmotor, à hauteur de 20 %, et en gardant la responsabilité des ventes de la marque en dehors de la Chine. "Cette marque chinoise va apporter de la valeur à notre entreprise car nous contrôlons les exportations hors de Chine, alors que cette entreprise continue de croître de manière rentable sur le marché chinois".
La seule réponse selon Carlos Tavares est de continuer à poursuivre la stratégie d'amélioration de la rentabilité de l'entreprise afin de baisser les prix sans mettre en danger la marge du groupe. Pour cela, deux leviers doivent encore être améliorés : baisser le gaspillage et baisser les coûts. La nouvelle plateforme STLA Large contribuera à ce second point. Tandis que la baisse des coûts passerait également par la transformation du groupe vers le zéro émission.
L'étiquette de cost killer de Carlos Tavares n'est pas prête de disparaître.
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Délocalisations, démotivation des équipes, démantèlement de l'outil commercial, le maintien à tout prix de "la marge à deux points". je recommande la lecture de l'article d'Arnaud Leparmentier dans Le Monde du 11 Janvier dernier (https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/11/chez-boeing-la-finance-contre-les-ingenieurs_6210186_3232.html). La stratégie n'a pas trop réussi à Boeing...