Carlos Tavares politise le débat sur l'avenir de l'automobile
Ce n'est pas la première fois que Carlos Tavares apostrophe des responsables politiques. Le directeur général de Stellantis est intervenu jeudi soir 16 mai 2024 dans l'émission L'Événement alors que les élections européennes doivent se tenir le 9 juin prochain.
Il a été confronté à Aurélien Pradié (Les Républicains) et Clémence Guetté (La France Insoumise).
Carlos Tavares s'est rapidement retrouvé attaqué sur son niveau de rémunération qui pourrait s'élever à 36 millions d'euros par an. "Si les résultats de Stellantis avaient été ceux de nos concurrents, mon salaire aurait été plus réduit", a-t-il répondu, rappelant que sa rémunération dépend à 90 % des résultats de l'entreprise.
Le risque des barrières douanières
Il a également réagi à l'actualité automobile, un sujet hautement critique dans le scrutin à venir compte tenu de l'offensive chinoise en cours en Europe tandis que les institutions resserrent l'étau réglementaire sur les normes anti-pollution.
Carlos Tavares a évoqué son scepticisme quant au risque de repli économique avec l'élévation de barrières douanières. Il a prévenu qu'un tel scénario conduirait à "mettre une bulle autour d'un marché". "La première chose que vous créez, c'est une énorme inflation à l'intérieur de la bulle" a-t-il lancé.
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"Et si vous créez une énorme inflation à l'intérieur de la bulle, vous portez atteinte au pouvoir d'achat des classes moyennes (...) et vous accentuez le retard technologique des constructeurs qui sont à l'intérieur de la bulle par rapport à ceux qui sont en train de conquérir le monde", a poursuivi le dirigeant.
Le dirigeant du groupe craint que la décision du président américain Joe Biden, annoncée la veille, de quadrupler les droits de douanes à 100 % sur les voitures chinoises, conduise les grandes régions du monde à bâtir des forteresses douanières.
Pour le patron du groupe Stellantis qui regroupe des marques européennes mais également américaines, et bientôt chinoises avec Leapmotor, c'est une mauvaise nouvelle.
Attaqué sur l'importation de Leapmotor
À ce propos, Carlos Tavares a été pris à partie par les candidats sur son projet d'importer des voitures chinoises en Europe, accusé de faire "entrer le loup dans la bergerie". "Toutes les voitures exportées par Leapmotor le seront à travers une entreprise contrôlée par Stellantis", a-t-il tenté de se défendre.
Chaque vente Leapmotor en Europe se traduira "par des profits pour Stellantis, qui au passage va payer des impôts en France et en Europe, etc.". "Et donc nous avons simplement pris les devants. Nous n'avons pas attendu qu'il y ait des constructeurs chinois qui soient suffisamment gros pour acheter des constructeurs occidentaux", a-t-il plaidé.
Attaqué, il a rétorqué qu'il s'agissait de "rendre abordables les véhicules électriques pour les classes moyennes européennes".
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Carlos Tavares est connu pour ses piques régulières à l'endroit des institutions européennes qu'il accuse de dresser "le tapis rouge aux marques chinoises".
Récemment, il avait fait grand bruit en évoquant l'hypothèse de racheter Renault pour éviter que celui-ci finisse dans les mains d'un groupe chinois.
Plaidoyer pour une nouvelle vague de consolidation
L'architecte du groupe Stellantis issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler a défendu l'idée d'une consolidation à l'échelle européenne. "On ne va pas pouvoir faire la course avec la Chine ou les États-Unis si on ne fait pas une étape de consolidation supplémentaire au niveau européen", a-t-il répondu, appelant d'abord à une simplification administrative.
Carlos Tavares a estimé que le monde ne compterait plus que cinq constructeurs dans une dizaine d'années. Une prémonition qui va faire réfléchir...
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