Carlos Ghosn assure que Renault sortira renforcé de la crise
Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP à Yokohama, à l'occasion des 80 ans de Nissan, Carlos Ghosn a assuré que ce qu'il a fait en douze ans à la tête du constructeur japonais est "possible pour Renault".
"Il faut prendre le temps. Si j'avais fait ce que j'ai fait pour Nissan au milieu d'une crise telle que celle en Europe ces cinq dernières années, je peux vous assurer que les résultats n'auraient pas été les mêmes. Donc, dans le cas de Renault, ces cinq dernières années n'ont pas été extrêmement faciles. Cela dit, Renault a un bilan très sain et sortira de la crise plus fort qu'il n'y était entré", promet l'emblématique patron.
"Renault, plaide-t-il encore, doit être comparé à ses pairs : Fiat, PSA, Ford Europe, Opel. Avec la sortie de crise telle qu'elle est en train de se profiler aujourd'hui (en Europe), je pense qu'en 2015/2016, vous allez voir un Renault beaucoup plus fort que quand on est entré dans la crise en 2007", poursuit encore Carlos Ghosn.
Quant à Nissan, dont Carlos Ghosn a présenté le 1er novembre dernier des résultats financiers pour l'exercice 2013-2014 en retrait par rapport aux prévisions, ce dernier demeure confiant : "Pour Nissan, je maintiens mes prévisions. En général, quand on révise c'est qu'on est assez solide."
Pour l'exercice du 1er avril 2013 au 31 mars 2014, le groupe, dont Renault est le premier actionnaire, ne s'attend plus qu'à un bénéfice net de 355 milliards de yens (2,73 milliards d'euros), contre 420 milliards de yens initialement escomptés. Il n'espère plus qu'un bénéfice d'exploitation de 490 milliards de yens, contre 610 auparavant, et un chiffre d'affaires de 10190 milliards, contre 10370 jusque-là.
Au premier semestre (avril-septembre), ses ventes mondiales de véhicules en volume se sont effritées de 1,5% et sa part de marché mondiale s'est réduite de 6,2% à 5,9%.
Aidé par la forte dépréciation de la monnaie nippone, qui a relevé la valeur de ses revenus tirés de l'étranger lorsque Nissan les a convertis en yens, son bénéfice net a néanmoins légèrement progressé de 6,8% sur un an, à 189,8 milliards de yens (1,46 milliard d'euros).
Carlos Ghosn, qui vient coup sur coup de restructurer les directions de Renault et Nissan en faisant tomber des têtes, et malgré différentes mauvaises nouvelles comme le report de quatre à cinq ans de l'objectif de 1,5 million de voitures électriques Renault-Nissan, se veut malgré tout résolument confiant : "En 1999, Nissan était une entreprise très malade, considérée comme étant sur le point de basculer vers la faillite. Nissan était dans une situation de 'cash crunch'. Les banques ne voulaient plus prêter."
Et de citer quelques chiffres : "20 milliards de dollars de dettes, 2,5 millions de voitures vendues (en un an) et, sur quarante produits que l'entreprise produisait, il n'y en avait que trois qui faisaient du profit. Ceci à comparer avec la santé de Toyota et Honda."
"Nous sommes en 2013, l'entreprise a plus que doublé son volume puisque, aujourd'hui, Nissan a une prévision de 5,2 millions de voitures pour l'année, et au lieu d'avoir 20 milliards de dollars de dettes, l'entreprise a 10 milliards de dollars de trésorerie. L'entreprise avait une offre de 40 voitures, on est aujourd'hui plus proche de 55, et sur ces 55, 90% sont profitables, avec un bilan beaucoup plus positif et une stratégie très claire et partagée. Je ne dis pas pour autant que les choses sont faciles."
"Ce que je remarque, conclut-il, c'est qu'il n'y a plus de doutes sur Nissan. La confiance est rétablie." Quant à l'alliance avec Renault depuis quatorze ans, Carlos Ghosn est catégorique : "On n'a jamais entendu un couac. Il y a de temps en temps des tensions, mais jamais de conflit."
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