Bruno Le Maire : "Relocalisez les chaînes de valeurs de vos produits en France"
Les industriels du secteur automobile, confronté à la révolution électrique, blessé par la crise sanitaire, et paralysé par les pénuries de pièces, étaient réunis mardi 26 octobre 2021 à Paris sous l'égide de leur association, la Plateforme automobile (PFA).
"Je ne vois qu'une seule stratégie, foncer. Mais avec des orientations qui soient claires pour que chacun puisse s'y retrouver", a souligné le ministre de l'Economie en clôture de cette journée à la Cité des sciences. "Relocalisez les chaînes de valeur de vos produits en France", a lancé Bruno Le Maire aux industriels. "Là où il y a une forte valeur ajoutée, il doit y avoir des emplois maintenus en France".
Appelant à la réélection d'Emmanuel Macron, le ministre a promis que le gouvernement continuerait "dans la voie des baisses d'impôts, de la simplification, et du soutien aux investissements". Le Président de la République a lancé un objectif de "près de deux millions de véhicules électriques et hybrides" produits en France à horizon 2030. Après trente ans de délocalisations, les usines de Renault, Toyota et Stellantis du territoire ont produit 2,2 millions de véhicules en 2019, toutes motorisations comprises.
"Les trésoreries sont en grande souffrance"
Pour Luca de Meo, le directeur général de Renault, "le temps est compté pour faire de la France un hub du véhicule électrique", qui concentre l'assemblage des batteries, le raffinage de leurs matériaux, la construction des véhicules et les services de mobilité qui les accompagnent, a-t-il prévenu, alors que sa première usine de batteries doit ouvrir bientôt dans le Nord (59).
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Le secteur doit aussi faire preuve d'une plus grande solidarité, a demandé Bruno Le Maire. "La compétition dans l'industrie automobile est aussi féroce que dans un Grand Prix de Formule 1", a lancé le ministre. "Il faut plus d'écoute, de respect des délais de paiement".
Depuis le début de l'année, l'industrie est touchée par une pénurie de pièces électroniques, par des problèmes de logistique, mais aussi par la hausse du coût des matières premières. "Un constructeur nous a prévenus hier qu'une usine d'assemblage, que nous livrons, allait s'arrêter aujourd'hui jusqu'à la fin de l'année", a témoigné François Liotard, du groupe Lisi, qui fabrique des vis et autres systèmes de fixation. "Les trésoreries sont en grande souffrance". "On souffre nous aussi, en tant que constructeur, d'une absence totale de visibilité d'une semaine à l'autre", s'est défendu Nicolas Morel, chef de l'ingénierie chez Stellantis.
65 000 à 100 000 emplois sur la sellette
Bruno Le Maire a appelé par ailleurs à la "responsabilité collective" quant à la transformation des usines. "Nous ne réussirons pas les transitions si elles sont brutales, et se traduisent par de la violence sociale", a souligné le ministre.
La fabrication des véhicules électriques nécessitant moins de main-d'œuvre que les thermiques, la transition énergétique pourrait faire perdre 65 000 emplois à la filière, selon la PFA. Mais "si le scénario du déclin l'emportait, on serait à 100 000 emplois de moins", a souligné son président, Luc Chatel.
Zones franches, efforts sur la compétitivité de l'industrie française, maintien des bonus à l'achat : les industriels ont ébauché plusieurs pistes pour maintenir la France parmi les grandes nations automobiles.
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Alors que la Commission européenne compte interdire la vente de véhicules thermiques en 2035, les industriels français insistent sur le déploiement des bornes de recharges pour véhicules électriques, essentielles pour rassurer les automobilistes. Nombre d'entre eux demandent aussi que le gouvernement continue à défendre les hybrides, des véhicules "de transition" produits massivement en France. "L'industrie est bloquée dans les hybrides", a regretté Marie Chéron de la fondation Nicolas Hulot, seule ONG invitée à cette journée.
Après la mise en œuvre, en mai 2020, d'un plan de relance automobile doté de huit milliards d'euros, la filière estime à 17 milliards d'euros les investissements à localiser en France dans les cinq ans. La PFA évalue le besoin de soutien public à 30 %. L'Etat a accordé début octobre deux milliards d'euros supplémentaires, dont le président de la République "précisera" la ventilation, a indiqué Bruno Le Maire. (avec AFP)
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