Brawn engrange !

...Même s'il abordait le retour en Europe en large leader du championnat du monde des pilotes, Jenson Button se voulait prudent. Un sentiment justifié dans la mesure où certains attendaient, voire espéraient, une redistribution des cartes. Une nouvelle donne qui, théoriquement, devait être accréditée par les nombreuses évolutions aérodynamiques apportées sur les différentes monoplaces de la concurrence…
Le leader de l'équipe Brawn GP peut être rassuré. D'abord, le samedi, à deux secondes de la fin du temps réglementaire de la séance qualificative, il réussit à décrocher sa 3e pole de la saison (en 1'20''527) au prix d'une prestation de haute volée. Ensuite, à l'issue d'une course parfaite qui l'a vu basculer de trois à deux arrêts, le britannique a décroché sa 4e victoire de la saison, en cinq courses. Un véritable "hold-up" lui permettant de se détacher au championnat devant son propre équipier (41 points à 27), qui assurait le doublé pour Brawn-Mercedes sur le circuit catalan avec une belle 2e place. En tête lors du 1er relais, Rubens Barrichello est, quant à lui, resté sur une stratégie à trois arrêts. Un choix justifié par Ross Brawn mais pénalisant par rapport à celui de Button, d'où une déception légitime du brésilien à sa descente du podium.

Bref, quels enseignements tirer de ce 1er Grand Prix européen ? D'abord, celui-ci a montré que les Brawn avaient conservé leur suprématie. En ce sens, Barrichello devrait pouvoir goutter lui aussi à la plus haute marche du podium d'ici peu. Deuxième point, tout aussi important : avec les 3e et 4e places de Webber et Vettel, Red Bull-Renault confirme qu'elle est bien l'écurie à même d'apporter la réplique à Brawn GP. S'il n'avait pas été bloqué une bonne partie de la course derrière Massa, qui sait si le jeune allemand ne serait pas allé chercher la victoire ? Au pire, la 2e marche du podium lui était assurée. Maintenant, pour ce qui est du baromètre des grandes équipes, la situation pourrait se résumer ainsi, en dépit des évolutions techniques apportées ici ou là : McLaren-Mercedes en baisse (Hamilton seulement 9e avec une voiture peu performante), BMW Sauber en légère hausse (Heidfeld 7e), Renault stable (Alonso 5e), Toyota en légère baisse (zéro point) et Ferrari… en hausse. Certes, comme l'a démontré l'abandon de Räikkönen en raison d'un problème hydraulique sur la commande d'accélérateur, la F 60 pêche encore en fiabilité. En revanche, la belle qualification de Massa (4e à 4/10e de la pole) montre que les évolutions apportées à la voiture, soit un nouveau diffuseur à double étage et un nouvel aileron avant, vont dans le bon sens. Sans sa fin de course ruinée en raison d'une obligation d'économiser le carburant (par deux fois, et ceci pour une raison inconnue, le remplissage du réservoir a été effectué de manière incomplète), le brésilien aurait pu prétendre à la 4e place en Espagne. Au lieu de cela, il dut se contenter d'une frustrante 6e place.