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Constructeurs

Audi reste profitable malgré la crise

Publié le 19 mars 2010

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
En dépit de la crise qui a logiquement grevé ses ventes et ses résultats, Audi affiche une marge avant impôt de 6,5 % pour un bénéfice de 1,928 million d'euros au titre de l'exercice 2009. Et tandis que le groupe prépare une augmentation...
...de capital, 2010 s'annonce sous de bons auspices.

Si Rupert Stadler, président du directoire d'Audi AG, demeure prudent, estimant que si le pire de la crise est peut-être passé, la crise en elle-même n'est pas forcément terminée, il sait aussi se satisfaire des résultats du groupe en 2009 : "Nous avons su faire face à la tempête et prouver ainsi notre solidité". La baisse des ventes d'Audi a été maîtrisée, à - 5,4 % par rapport à 2008 pour un total de 949 729 unités. Le chiffre d'affaires affiche une baisse de 12,7 % (29 840 milliards d'euros) qui s'explique par le recul des ventes et le jeu des taux de change. "Les taux de change ont été pénalisants par rapport à notre activité au Royaume-Uni, en Russie et au Japon. Sur le marché sud-américain, moins important pour nous, nous nous sommes, entre guillemets, protégés en facturant en dollar", indique Axel Strotbek, directeur financier et membre du directoire du groupe, tout en soulignant que le coût du refinancement était resté élevé. Les indicateurs de profit se sont donc naturellement érodés, le profit opérationnel à - 42,1 % (1 604 milliards d'e) et le profit avant impôt à - 39,3 % (1 928 milliards d'euros). Audi reste cependant dans le vert avec un retour sur investissement de 11,5 % et une marge avant impôt de 6,5 % ce qui inspire à Rupert Stadler cette remarque qui peut être entendue comme un clin d'œil à Porsche : "La presse parle désormais souvent de nous comme le constructeur le plus rentable du secteur automobile", une périphrase jadis réservée à la 10e marque du groupe Volkswagen… Par ailleurs, Axel Strotbek se félicite d'avoir pu "autofinancer tous les investissements par notre cash-flow opérationnel. Grâce notamment à une diminution des inventaires et à un meilleur roulement de ces derniers, nous avons dégagé un cash-flow net positif de 2,3 milliards d'euros. Tous nos programmes d'investissements sont donc maintenus. Et avec des liquidités nettes disponibles de 10,665 milliards d'euros, soit + 14,8 %, nous avons la capacité d'investir avec nos fonds et de ne pas être en état de dépendance trop marquée vis-à-vis des financeurs".

Objectif Chine

Pour l'exercice en cours, qui a bien débuté (153 704 ventes sur deux mois soit près de + 30 %), le board d'Audi table sur plus d'un million de livraisons. Dans cette optique, le renouvellement de l'A8 est important, au même titre que le lancement de l'A1 qui devra à terme drainer une clientèle urbaine plus jeune comme le symbolise le choix de Justin Timberlake comme ambassadeur du modèle. "Dès sa première année de production, nous devrions pouvoir vendre entre 80 000 et 100 000 A1", prévoit Rupert Stadler. Du point de vue des marchés, la Chine est naturellement au premier plan et Audi compte y distribuer plus de 200 000 unités cette année contre 158 941 en 2009. Aux Etats-Unis, Rupert Stadler mise sur 95 000 ventes contre 82 716 l'an passé. A ce sujet, la décision d'implanter un site de production en Amérique, gelée avec la crise, n'est toujours pas tranchée. En Inde, si les volumes restent modestes (1 658 ventes en 2009), Audi compte progresser significativement grâce au lancement du Q5 en plus des A4 et A6. Confiant dans le potentiel du site d'Aurangabad et dans le développement progressif du réseau (passage de 12 à 16 distributeurs d'ici fin 2010), Rupert Stadler glisse que son groupe devrait "vendre autant de voitures en Inde qu'au Japon d'ici dix ans". En Europe, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie sont toujours les trois premiers marchés du groupe (voir tableau).

La vigilance du "challenger challengé"

Au-delà du plan produits confirmé, la direction d'Audi a annoncé la distribution en petites séries de véhicules électriques sous le label e-tron pour 2012. "350 collaborateurs travaillent sur ce programme au sein du groupe, programme qui s'inscrit dans un vaste réseau de partenaires pour la recherche fondamentale", précise Rupert Stadler. L'hybridation est aussi à l'ordre du jour, mais Rupert Stadler a tout de même tenu à mettre certaines certitudes en perspective : "Regardez la nouvelle A8 en version 3,0 l qui consomme 6 l/100 km et comparez-la à certains véhicules plus petits ou à certains hybrides et vous verrez que la question de l'environnement ne se limite pas à une étiquette ou à des annonces…". Pour la période 2010-2012, le groupe prévoit d'investir 4,5 milliards d'e sur les produits et les technologies et 3 milliards d'euros sur ses sites allemands. "Nous optons pour la stabilité et continuons à croire en la possibilité de produire en Allemagne", assène Rupert Stadler. Et de confirmer l'objectif de 1,5 million de ventes en 2015 tout en mettant en garde : "Les temps changent et nous ne sommes pas seulement des challengers, mais aussi des challengés. Il faut donc faire preuve de vigilance et aussi d'innovation au-delà des seuls produits. Les services sont une de nos grandes priorités et nous travaillons à toujours plus de personnalisation dans ce domaine".

Photo : Les ventes d'Audi en Chine, actuellement le 2e marché du groupe, devraient dès cette année venir tutoyer celles réalisées en Allemagne.

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