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Constructeurs

Audi en avance sur son “Plan 2018”

Publié le 27 avril 2012

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Le Premium se porte toujours aussi bien et, à l’image de BMW et Mercedes-Benz, Audi vient d’afficher une croissance à deux chiffres au 1er trimestre. Explications avec Peter Schwarzenbauer, directeur des ventes du groupe.
Peter Schwarzenbauer, directeur des ventes d’Audi AG.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Au rythme où va votre activité, ne pensez-vous pas désormais que vous atteindrez les objectifs du Plan 2018 avant terme ?
PETER SCHWARZENBAUER.
Nous sommes effectivement dans une bonne dynamique, mais avant de se projeter jusqu’à 2018, il vaut mieux prendre comme repère le temps intermédiaire de 2015, avec un objectif de 1,5 million de ventes dans le monde. Par rapport à ce jalon, on peut en effet dire que nous sommes en avance, puisque notre résultat de 2011 s’est établi à 1,3 million d’unités et que notre croissance s’est encore confirmée au 1er trimestre, à + 10,8 %. Je tiens d’ailleurs à souligner la contribution très significative du marché français, qui est notre 5e marché à l’échelle mondiale.

JA. La menace de crise qui pèse en permanence sur l’Europe, zone au sein de laquelle plusieurs pays sont en récession, peut-elle avoir un impact négatif significatif sur le segment Premium ?
PS.
Nous confirmons notre hypothèse d’un marché européen en recul de 2 à 5 % pour l’exercice 2012. Cependant, en l’état actuel des choses, nous restons très confiants concernant la croissance de notre marque. D’autant que, d’une manière générale, le segment Premium se maintient, voire progresse. En fait, sans cynisme aucun, nous constatons que la crise a presque un aspect positif pour le marché Premium. En effet, dans ce contexte, les clients cherchent des valeurs sûres, des orientations claires et affirmées. Nos ventes en témoignent et, de surcroît, le niveau de commandes est aussi élevé.

JA. Dans un registre naturellement très différent, quel regard portez-vous sur le ralentissement de la croissance en Chine et sur les mesures protectionnistes annoncées par les autorités au niveau des flottes ?
PS.
La Chine reste un marché porteur et promis à un développement significatif. Il n’y a donc pas d’inquiétude sur ce point. C’est la même chose par rapport aux mesures que vous évoquez, qui ne constituent d’ailleurs pas une surprise. En effet, l’administration chinoise l’avait laissé entendre depuis longtemps déjà. En outre, il faut toujours garder à l’esprit que nos ventes privées ont représenté 90 % de notre volume global en 2011. Et puis, d’une manière générale, c’est la règle dans la plupart des pays. Par exemple, en France, les membres du gouvernement et de l’administration roulent en voitures françaises…

JA. Par rapport au marché américain, pourquoi le choix de l’implantation d’une usine prend-il finalement autant de temps ? (N.D.L.R. : entretien réalisé avant l’annonce d’Audi, le 19 avril, concernant l’implantation d’une usine au Mexique)
PS.
Il faut bien comprendre que l’augmentation de notre capacité de production s’inscrit dans une stratégie mondiale. Les Etats-Unis ne représentent qu’une partie, importante certes, de cette problématique. Je rappelle volontiers que nous avons investi des montants très importants pour augmenter nos capacités en Hongrie et en Chine. Sur ce dernier marché, nous aurons ainsi une capacité de production annuelle de 700 000 véhicules dès 2015. Mais pour revenir à votre question, je pense que nous serons en mesure d’y répondre avant l’été.

JA. Sur vos principaux marchés, notamment en France, avez-vous réussi à diminuer vos délais de livraison, qui devenaient parfois très importants pour certains modèles, ce qui peut être mal interprété par vos clients, d’autant que vos remises restent faibles ?
PS.
Nous limitons effectivement le niveau de nos remises, c’est vrai, mais cela ne nuit pas à nos performances, comme en témoignent nos résultats commerciaux. Cela prouve aussi la force de la marque. Par ailleurs, nous avons travaillé à la réduction de nos délais de livraison, en France y compris. Nous sommes repassés sous la barre des six mois pour quasiment tous les modèles, ce qui est acceptable pour le client. Et, fondamentalement, je ne vous apprendrais rien en vous disant que ce sont des problèmes de riches, entre guillemets, et que c’est tout de même plus facile à traiter que de devoir écouler des stocks à tout prix.

JA. Au registre des énergies alternatives, vous mettez de plus en plus en avant les modèles e-tron. Cette ligne de produits restera-t-elle un label ou, à l’image du choix de BMW, réfléchissez-vous au lancement d’une marque ?
PS.
Pour nous, les produits e-tron seront traités comme les produits Quattro, c’est-à-dire que nous n’allons pas créer une marque à part entière. En revanche, l’offre est amenée à s’étoffer significativement et nous confirmons qu’à l’horizon 2020, nous proposerons un modèle e-tron dans chaque segment. Nous confirmons aussi l’objectif de 100 000 ventes au même horizon.

JA. L’hybride rechargeable est-il toujours programmé pour 2014 ?
PS.
Les développements sont en cours et notre offre arrivera effectivement sur le marché en 2014, articulée autour des modèles A3, A4 et Q7.

JA. Pour conclure, de votre point de vue de top-manager, devant votre mappemonde, ne jugez-vous pas la crise bien relative, alors qu’on ne parle que de cela en Europe ?
PS.
Il ne faut pas sous-estimer les questions actuellement soulevées en Europe et, d’une manière générale, il faut toujours rester prudent. Toutefois, il est vrai que, dans notre situation, rien n’est vraiment objet de préoccupation. Surtout que la force d’Audi repose sur deux avantages stratégiques durables. D’une part, un portefeuille produits très large, de l’A1 à l’A8, et donc très adaptable à la conjoncture. D’autre part, une phase d’internationalisation réussie ces dernières années, ce qui assure un équilibre par rapport à l’éventuelle fluctuation des marchés. Dans ce domaine, comme nous l’évoquions précédemment, il nous reste encore à nous renforcer en Amérique.

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FOCUS - Les ventes mondiales d’Audi au 1er T. 2012 en chiffres

Total : 346 100 (+ 10,8 %/1er T. 2011) dont :
Europe : 186 350 (- 0,1 %)
Chine & Hong Kong : 90 063 (+ 40,5 %)
Allemagne : 57 976 (+ 3 %)
Royaume-Uni : 35 777 (+ 2,6 %)
Etats-Unis : 29 470 (+ 16,1 %)
France : 15 882 (- 1,3 %)
Russie : 7 174 (+ 62,6 %)
Corée du Sud : 3 365 (+ 41,7 %)
Inde : 2 269 (+ 40,8 %)

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