Ashwani Gupta quitte officiellement Nissan
Le numéro deux de Nissan Ashwani Gupta, dont les relations avec le directeur général Makoto Uchida s'étaient envenimées, va démissionner le 27 juin 2023, a annoncé vendredi 16 juin le constructeur automobile japonais, un nouveau psychodrame relançant les interrogations sur sa gouvernance.
Cet Indien de 52 ans avait rejoint Nissan au poste de directeur opérationnel en décembre 2019, quand le groupe était encore secoué par le séisme provoqué par la chute du Franco-libano-brésilien Carlos Ghosn, arrêté fin 2018 au Japon pour malversations financières présumées et qui a fui un an plus tard au Liban.
Relations tendues avec Makoto Uchida
Ashwani Gupta avait été nommé en même temps que le directeur général Makoto Uchida et Jun Seki, directeur opérationnel adjoint. Un attelage compliqué qui avait volé en éclats quelques semaines plus tard avec le départ de Jun Seki, mécontent de sa fonction subalterne.
Un tandem Uchida-Gupta s'était ainsi imposé. Plus à l'aise en public, notamment devant les médias, analystes et investisseurs étrangers, Ashwani Gupta faisait de l'ombre au plus discret Makoto Uchida en se comportant parfois comme le véritable numéro un du groupe.
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Ashwani Gupta ambitionnait de prendre la place de Makoto Uchida, "mais il a compris" que c'était impossible dans ce groupe "très japonais" et toujours traumatisé par l'ère Ghosn, avait confié jeudi à l'AFP une source proche du dossier.
Il y avait une "guerre intestine, larvée" entre les camps des deux hommes, et cette querelle était devenue préjudiciable tant pour les performances de Nissan que pour les rapports du groupe avec son partenaire Renault, selon une source au sein de l'alliance interrogée vendredi par l'AFP.
Pas de commentaires chez Renault
Le directeur opérationnel était visé par des plaintes en interne pour des motifs tenus confidentiels. Et d'après l'un des partisans, Makoto Uchida aurait fait surveiller Ashwani Gupta dans le but de trouver des moyens de pression pour le pousser vers la sortie.
Ashwani Gupta aurait par ailleurs freiné la mise en œuvre du nouvel accord entre Renault et Nissan annoncé en février pour tenter d'affaiblir Makoto Uchida, selon la source au sein de l'alliance interrogée par l'AFP.
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Le départ d’Ashwani Gupta devrait ainsi "faciliter" la finalisation de cet accord, selon cette même source. Également sollicité vendredi par l'AFP, Renault n'a fait aucun commentaire.
Ce nouveau pacte prévoit un engagement financier et technologique du constructeur japonais dans le futur pôle électrique du groupe français, Ampere, en échange d'un rééquilibrage à parts égales des participations croisées entre les deux constructeurs.
Remplaçant connu le 27 juin
Nissan n'a pas précisé vendredi les raisons du départ d’Ashwani Gupta, se contentant d'indiquer dans un communiqué qu'il allait "poursuivre d'autres opportunités" et que son successeur devrait être annoncé le 27 juin, le jour de l'assemblée générale ordinaire du groupe.
Ashwani Gupta "a joué un rôle déterminant dans l'élaboration et l'exécution" du plan de transformation du groupe Nissan Next, lancé en 2020 et qui s'est achevé cette année, a aussi salué le constructeur dans son communiqué.
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Auparavant, ce fin connaisseur de l'industrie automobile et de Renault-Nissan avait grandement contribué à l'établissement des deux groupes en Inde, puis occupé divers postes à responsabilité au sein de leur alliance, dont celui de directeur opérationnel de Mitsubishi Motors, dont Nissan est le principal actionnaire.
"C'est une perte pour Nissan, car il était l'un des principaux artisans du redressement" du constructeur, sorti du rouge depuis son exercice 2021/22 après deux exercices désastreux, sur fond de la pandémie de Covid-19 et de la restructuration de ses activités mondiales, a estimé Tatsuo Yoshida, analyste automobile chez Bloomberg Intelligence.
"Piloter un groupe japonais est très difficile pour quelqu'un venant de l'extérieur", a ajouté cet analyste interrogé par l'AFP, supposant que son successeur pourrait ainsi être trouvé en interne.
Du mal à attirer les talents étrangers
Les circonstances troubles du départ d’Ashwani Gupta peuvent de nouveau "susciter des inquiétudes concernant la stabilité et l'équilibre de la direction de Nissan", a aussi estimé Tatsuo Yoshida.
De manière générale, beaucoup d'entreprises japonaises ont du mal à attirer et à conserver des talents étrangers, qui peuvent rarement se hisser au poste de numéro un.
"Les différences culturelles, la barrière linguistique et la hiérarchie traditionnelle dans la culture d'entreprise nippone peuvent poser des problèmes à des dirigeants étrangers", mais cela dépend des entreprises "au cas par cas", selon Tatsuo Yoshida. (avec AFP)
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