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Constructeurs

Ampere, le meilleur de Renault sans les charges d'un constructeur

Publié le 21 novembre 2023

Par Catherine Leroy
6 min de lecture
Avec Ampere, le groupe Renault démarre une nouvelle feuille de route. Une page blanche basée sur une organisation industrielle innovante, une architecture logicielle centralisée et des coûts de distribution réduits. Le tout sans les charges traditionnelles d'un constructeur.
Ampere stratégie réduction des coûts de production et de distribution
La gamme Ampere, qui comprend déjà la Megane et le Scenic E-Tech, sera complétée par les Renault 5 et 4. La Twingo arrivera en 2026. Deux autres véhicules sont déjà annoncés. ©Ampere

Entre baisse des coûts et quête de nouvelles valeurs, Ampere s’est fixé comme objectif, à l'horizon 2031, un chiffre d’affaires de dix milliards d’euros, la production d’un million de voitures électrique (soit la moitié de la promesse du président de la République Emmanuel Macron) et une marge opérationnelle de plus de 10 %.

 

Un programme ambitieux porté par Renault, avec finalement "peu de risques" selon Luca de Meo, directeur général du groupe, lors du Capital Market Day du 15 novembre 2023, qui officialisait le lancement opérationnel de sa division Ampere. Mais quelle est donc la botte secrète du constructeur pour parvenir à ces résultats qui, s’ils sont tenus, s’afficheraient comme étant bien meilleurs que le groupe historique ?

 

Un des premiers postulats repose sur l’utilisation de deux plateformes nativement conçues pour accueillir les modèles électriques, AmpR Small (pour les véhicules du segment B comme les Renault 5 et Renault 4) et AmpR Medium pour ceux du segment C (comme les futures Megane E-Tech et le Scenic E-Tech).

 

"75 % du top 10 des ventes de véhicules électriques sont aujourd'hui des modèles issus de plateformes nativement électriques", reconnaît Luca de Meo. Aucune information n’a été donnée sur la plateforme qui servira à la nouvelle Twingo mais on peut imaginer que les synergies joueront à plein avec la Dacia Spring qui va être renouvelée.

 

"Ce que nous voulons, c'est démocratiser les véhicules électriques en Europe", a souligné Thierry Piéton, le directeur financier du groupe Renault. "Nous allons réduire nos coûts de façon importante pour réduire les prix, tout en améliorant la marge".

 

Baisse des coûts à tous les étages

 

D’ici 2027, les coûts variables entre la première et la deuxième génération de véhicules électriques du segment C seront réduits de 40 % en actionnant tous les leviers possibles (groupe motopropulseurs, véhicules, coûts de production et logistique).

 

Les batteries, qui pèsent plus de 30 % du prix d'un véhicule électrique, font notamment l'objet de toutes les attentions. L'objectif d'Ampere est de réduire de 50 % ce coût grâce à la technologie LFP (lithium-fer-phosphate) avec une adaptation au plus juste de sa taille.

 

Cette technologie, utilisée par Tesla, par exemple, apporte un rapport prix-autonomie bien plus intéressant en utilisant des métaux moins onéreux. C'est également le choix fait par Citroën pour sa ë-C3, dont le tarif débutera à 23 300 euros.

 

L’objectif étant, in fine, d’atteindre la parité des prix entre véhicules thermiques et électriques. Déjà, cette parité a été atteinte en terme de TCO, selon le constructeur, avec le Scenic E-Tech.

 

Du côté de la production, Ampere vise une baisse de 20 à 30 % du nombre de pièces dans les véhicules. Une réduction qui va lui permettre d'accroître sa productivité et d'abaisser le temps de production des voitures.

 

Ampere compte atteindre les neuf heures d'assemblage pour sa future Renault 5, qui sera présentée officiellement au salon de Genève. Un objectif très ambitieux pour un constructeur traditionnel. Avec la réduction des pièces vient également la diminution du nombre de fournisseurs, qui permettra, là aussi, de baisser les coûts de production.

 

Miser sur le châssis numérique

 

La technologique Software defined vehicle (SDF), qui permet de passer d’une architecture électrique centralisée, apportera sa pierre à l’édifice de la baisse des coûts, avec un objectif de passer de 80 puces électroniques à 5.

 

"Ces cinq puces coûteront moins cher que les 80 actuelles. Nous économiserons 1,5 milliard d'euros en coût de développement", affirme le patron d'Ampere. Et surtout l'un des avantages du Software defined vehicle reste la rétention de la voiture dans les réseaux du constructeur. "C'est la première fois qu'un constructeur pourra conserver ses véhicules pour toujours dans nos services après-vente", poursuit-il.

 

A lire aussi : Ampere dévoile son état-major

 

Avec "une cerise sur le gâteau" : les services associés qui seront une source de revenus supplémentaires. Ampere a fait le choix d'un châssis numérique ouvert. L'entreprise peut ainsi compter sur près de 1 800 ingénieurs logiciels et systèmes du meilleur niveau, représentant 50 % de sa population totale d’ingénieurs.

 

Issus de l’acquisition d'Intel Europe en 2017, ces ingénieurs vont travailler avec les acteurs tech de référence, comme notamment Qualcomm Technologies (actionnaire d'Ampere) et Google. Cette approche ouverte doit réduire de 50 % les temps de développement, et atteindre le même coût que les constructeurs chinois et Tesla.

 

Utiliser les solutions sur étagère du groupe Renault

 

Le pôle de production ElectriCity qui concentre dans un rayon de 300 km l'écosystème électrique d'Ampere (usines d'assemblage et équipementiers) contribuera également à cette baisse des coûts.

 

Pour le reste, Ampere ira chercher chez Renault ce dont il a besoin. "Ampere va prendre les décisions sur les gammes des véhicules. Pour le reste, les solutions sont déjà présentes dans le groupe", affirme Thierry Piéton.

 

Des contrats ont ainsi déjà été négociés entre Ampere et Renault avec une gouvernance claire afin d'éviter les conflits d'intérêts. Vingt contrats existent dans quatre domaines : les produits, les services, les ventes et le marketing, ainsi que les services généraux.

 

La renaissance des R5, R4 et Twingo entre bien dans cet état d'esprit. Les historiques Renault 5 et Renault 4 comptent 14 millions de véhicules vendus pendant leurs 60 ans d'existence. "Nous allons faire revivre les noms iconiques du groupe pour faire appel aux émotions des clients", affirme Luca de Meo. La future Twingo, qui ne peut renier sa filiation, sera le troisième atout historique d'Ampere.

 

Des coûts de distribution au plus bas

 

"Tout le monde nous connaît en Europe et nous place sur la liste des voitures à acheter et 70 % des clients veulent acheter en concession. Notre réseau, qui compte 4 700 concessions et fort de 30 000 personnes déjà formées pour l'électrique, est prêt", poursuit Luca de Meo.

 

Ce dernier affirme d'ailleurs avoir signé des accords en Europe pour que les coûts de distribution des véhicules électriques soient plus bas que ceux des véhicules thermiques. Ampere signera également un parcours client 100 % digital.

 

En parallèle de la distribution, les services associés et proposés par Mobilize Financial apporteront du chiffre d'affaires supplémentaire. Bornes de recharge intelligentes, vehicle-to-greed qui apparaîtra avec la Renault 5 et permettra de réinjecter l'électricité de la batterie dans le réseau domestique du client, carte de recharge qui donne accès à 500 000 points de recharge et à 200 terminaux rapides à moins de cinq minutes de sorties d'autoroutes, rien n'est laissé au hasard.

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