Alerte sur le risque d'amendes CO2
Les constructeurs automobiles risquent des amendes allant de 500 millions à 1 milliard d'euros en cas de non-respect des normes européennes de CO2 pour 2020, ont alerté, jeudi 14 février, Xavier Mosquet et Patrick Pelata lors de la présentation de leur rapport sur le futur de l'industrie automobile françaises commandé par le Président Emmanuel Macron.
Le spécialiste de l'automobile au sein du cabinet de conseil BCG et l'ancien directeur général de Renault ont notamment pointé du doigt le risque financier auquel s'exposaient les constructeurs européens qui ne respecteraient pas les normes européennes de CO2 fixées pour fin 2020. Pour mémoire, un accord conclu en 2013, entre le Parlement européen et la Commission européenne, donne aux constructeurs automobiles jusqu'au 31 décembre 2020 pour réduire les rejets de dioxyde de carbone (CO2) des voitures particulières à 95 g/km.
Si cette barre n'est pas atteinte, les constructeurs devront s'acquitter d'une amende de 95 euros par voiture vendue et par gramme excédentaire. "On a fait des calculs, compte tenu de ce qu'ils font aujourd'hui, s'ils n'atteignent pas leur trajectoire, on parle d'amende entre 500 millions et 1 milliard d'euros par constructeur", à payer en 2021, sur les résultats de 2020, selon les co-auteurs du rapport.
En 2018, le niveau moyen des émissions en Europe atteignait 118 g/km (112 g/km en France), des valeurs encore loin des objectifs fixés. Et les choses ne vont pas dans le bon sens avec la dégringolade des ventes de véhicules diesel, moins émetteurs en CO2 que ceux fonctionnant à l'essence.
Les véhicules électriques et hybrides rechargeables sont une des réponses à ce défi, et les constructeurs investissent en masse. Mais faudra-t-il encore que les clients adhèrent car le calcul se fera sur les ventes. PSA semble avoir fait son propre calcul. En effet, Gilles le Borgne, directeur de la qualité et de l'ingénierie de PSA, a expliqué au Journal de l'Automobile : "Nous pensons pouvoir tenir nos engagements avec 10 % de diesel au maximum et 7 % de véhicules électriques." Ainsi, sur la base des chiffres 2018, où PSA a vendu 3,1 millions de véhicules en Europe, cela voudrait dire vendre 210 000 véhicules électriques ! Certes le français va lancer 15 modèles électrifiés entre 2019 et 2021 (8 PHEV et 7 VE) mais il va falloir que la demande soit là. De plus, PSA estime que les modèles électrifiés représentent 15 % de ses ventes pour atteindre les objectifs 2025.
Les constructeurs n'ont donc pas attendus l'Airbus des batteries et les 700 millions d'euros annoncés pour les cinq prochaines années, ni même les deux usines de batteries annoncées par Emmanuel Macron. Les pouvoirs publics doivent continuer à soutenir l'achat avec des primes mais aussi développer le réseau de recharge qui reste aujourd'hui le principal frein.
Si l'objectif d'un million de véhicules électriques d'ici 2022 en France, voulu par le gouvernement français, est "atteignable" pour Xavier Mosquet et Patrick Pelata, il suppose un "gros travail auprès de l'offre" comme le développement d'un marché du véhicule d'occasion et des produits à prix attractif afin de concurrencer le véhicule à moteur à essence.
Par ailleurs, les deux experts pointent le mode de calcul des amendes sur une moyenne européenne : "Il y a des pays qui seront en retard, ce qui veut dire que les grands pays comme la France et l'Allemagne doivent être en avance." "Ce qui devrait être intéressant, c'est le cas de l'Italie" a ajouté Patrick Pelata, où Fiat Chrysler Automobiles est "quand même très impliqué et où pour l'instant le gouvernement ne fait pas grand-chose", insistant qu'il y avait un "gros risque financier pour le constructeur".
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