Xavier Horent : "Le Moove Lab est une démarche d'intérêt général pour la filière"
Journal de l'automobile. Comment résumeriez‑vous la vocation du Moove Lab ?
Xavier Horent. La démarche revêt une double orientation. D’une part, l’ambition est d’ouvrir les professionnels et le CNPA aux nouvelles technologies, à la nouvelle économie et aux écosystèmes de mobilité en gestation. D’autre part, l’enjeu est de créer des passerelles possibles entre les entreprises et les nouveaux acteurs de la mobilité.
Accélérer et gagner en agilité en rendant les choses possibles, la vocation du Moove Lab, repose aussi sur le décryptage des tendances de demain.
L’objectif est de mettre en situation de coopération des opérateurs qui s’ignoraient – start‑up et entreprises traditionnelles –, alors que leurs synergies sont une source de valeur ajoutée collective et de diffusion du progrès technologique à tous les niveaux de la filière.
Quelles sont les ambitions du CNPA à travers cette démarche ?
Personne n’attendait une organisation patronale, et en l’occurrence le CNPA, pour piloter un programme "Mobility" au sein d’un incubateur de rang mondial. C’est donc une immense satisfaction, avec deux promotions de six mois couronnées de succès. Un 3e programme verra le jour lors du prochain Mondial, avec une nouvelle sélection de start‑up et des partenaires diversifiés, grâce au travail de qualité soutenu par Via ID et des équipes dédiées. Ce que nous voulons, c’est inscrire cette dynamique dans la durée : l’innovation et l’évolution des compétences sont les clés de services à une mobilité connectée qui change tous les modèles traditionnels.
Précisément, est‑ce un nouveau métier pour le CNPA ?
L’une des raisons d’être du Moove Lab est d’apporter des solutions en termes de mobilité et de favoriser le développement de nouvelles formes de business. Le programme associe à une stratégie de prospective classique, l’innovation. Notre mission est de faire progresser les porteurs de projets.
Il s’agit d’un service à la croisée de l’ensemble des métiers représentés par le CNPA. La démarche fait bouger les lignes, y compris dans notre organisation interne, ce qui se traduit par notre nouveau pôle "Solutions de mobilité".
En ce sens, le programme Moove Lab traduit‑il une mutation plus structurelle du CNPA ?
Les enjeux ont changé, il faut donc changer d’échelle et s’adapter plus rapidement. L’intériorisation de ce contexte et des enjeux posés à toutes les parties prenantes a motivé notre réorganisation. Outre la recherche d’une meilleure cohérence interne, il s’agissait de changer notre matrice : comment le CNPA peut‑il professer à ses entrepreneurs la nécessité de se transformer sans en tenir compte pour lui‑même ?
En réalité, nous n’avions pas d’autres choix que de repenser nos modes de représentation, de travail et de communication. C’est ainsi que notre gouvernance et notre management ont été simultanément remis à plat. Tout reste encore perfectible, bien sûr, mais le mouvement est lancé. Notre ligne de mire est de bâtir une organisation flexible, générant des services à valeur ajoutée pour nos membres et nos partenaires.
Quel regard portez‑vous sur la première année d’existence du Moove Lab ?
Le bilan se révèle positif, comme en témoigne le renouvellement du programme intégré à Station F, ce qui n’était pas acquis. Notre démarche au sein de cet incubateur de rang mondial apparaît comme l’une des meilleures. Elle se révèle opérationnelle, plus en proximité avec nos métiers. Les start‑up sélectionnées se distinguent également par la qualité de leur concept et de leur modèle économique. Enfin, les expérimentations menées par les deux premières promotions avec les entreprises représentées par le CNPA ont montré qu’elles répondent à de véritables besoins.
Quelle analyse faites‑vous de la seconde promotion qui a pris ses quartiers au printemps ?
Les projets gagnent en maturité. La cohésion apparaît aussi plus forte entre tous les partenaires du programme et Station F. Les expériences s’avèrent plus fluides, nous gagnons en qualité. L’approche se révèle plus efficace. Elle se traduit dans la diversité des start‑up retenues. Nous tenons à cette pluralité. Il est important que les cinq grands pôles métiers du CNPA soient intégrés dans les promotions successives du Moove Lab. Il s’agit d’une démarche de filière de services à la mobilité.
Comment se déroule le programme des start‑up sélectionnées ?
Les six start‑up retenues cette année, sur une centaine de postulants par promotion, s’appuient sur un modèle économique viable. En pratique, les candidats sélectionnés bénéficient de six mois d’accompagnement professionnel sur mesure. Le programme "starter" mis au point par Via ID (tourné vers le business plan, le pitch aux investisseurs, la présentation de leur service) est suivi de la mise en relation avec les entreprises membres du CNPA, avec une visibilité privilégiée qui leur permet d’aboutir à une levée de fonds. La démarche s’inscrit sur le long terme, dans la mesure où nous continuons à travailler avec chaque start‑up issue des promotions précédentes du Moove Lab.
Quelles sont les synergies à attendre avec les professionnels des services et de la distribution automobile ?
L’articulation repose sur les expérimentations développées par les start‑up au sein de nos entreprises partenaires. Nous veillons à multiplier les contacts avec les professionnels et à favoriser les innovations qui répondent à de véritables attentes. Avec Moove Lab, les projets sont en lien avec les nouveaux besoins des consommateurs. Ils permettent aussi aux professionnels de l’automobile de s’organiser pour y répondre. La démarche s’accompagne d’une accélération de la transformation des compétences qui seront demain nécessaires à nos entreprises. Nous faisons ainsi le lien avec la politique de formation que nous initions ensuite auprès de nos partenaires sociaux au niveau de la branche.
Comment aidez‑vous les professionnels de l’automobile à se projeter dans le futur de leur métier ?
Le Moove Lab regroupe des projets novateurs, exigeants et créateurs de valeur ajoutée pour les consommateurs comme pour les professionnels. Un travail parallèle est aussi en cours pour faciliter la préparation des entreprises de la filière aux nombreuses transformations qui les impactent : il s’agit d’une étude prospective sur toutes les tendances du marché sur un horizon de quinze ans. La publication de nos analyses et de nos recommandations, pour les entreprises et les pouvoirs publics, est prévue pour l’automne prochain. L’essentiel est de pousser et d’accélérer des solutions. Le Moove Lab, incontestablement, en est une.
Propos recueillis par Ludovic Bellanger
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