Nissan revoit ses priorités
Après l'Alliance le 27 mai 2020, Nissan a dévoilé ses nouvelles orientations stratégiques pour la période 2020-2023. Baptisé Nissan Next, ce plan est articulé autour de trois piliers que sont la réduction des capacités de production, la rationalisation de la gamme et la réduction des coûts fixes. En parallèle, Nissan, comme annoncé dans le plan de l'Alliance, va se concentrer sur des zones géographiques précises, ses marchés essentiels, tels le Japon, la Chine et l'Amérique du Nord (incluant le Mexique). Il n'abandonne pas le reste (l'Europe, l'Amérique du Sud et l'Asean), mais dans ces cas-là le rôle d'un des partenaires de l'Alliance sera plus fort dans l'organisation des activités locales.
Concernant, sa capacité de production, Nissan souhaite qu'elle soit réduite de 20 % d'ici 2023. De 7,2 millions en 2018, elle doit passer à 6 millions maximum, pour ainsi fonctionner avec un taux d'utilisation au-dessus de 80 %, soit 5,4 millions de véhicules. Une réduction drastique de la voilure qui est synonyme de fermeture de l'usine de Barcelone mais aussi de celle en Indonésie dont la production sera ramenée en Thaïlande, qui sera alors la seule base de production Nissan en Asean. La production en Amérique du Nord sera aussi optimisée selon les segments et plateformes. Pas de chiffres sur les emplois supprimés mais l'usine espagnole représente à elle seule 3 000 personnes. La presse nippone évoquait 20 000 suppressions de postes avant l'annonce mais pour l'heure difficile de faire un compte clair.
De 69 à 55 modèles dans la gamme
Une réduction du nombre de modèles dans la gamme est également au programme. Là encore, 20 % de moins, passant de 69 à environ 55 modèles. Le nippon va ainsi se concentrer sur les segments C et D, les véhicules électriques et les sportives. Le reste de la gamme sera le fruit d'un travail avec les autres constructeurs de l'Alliance, Nissan comptant, par exemple, sur Renault pour les segments A et B. Des mesures qui visent notamment à réduire les coûts fixes. Nissan espère d'ici mars 2021 les faire baisser de 300 milliards de yen (2,5 milliards d'euros).
Toutefois, durant les 18 mois à venir, même si la réduction de la gamme est à l'ordre du jour, Nissan va lancer 12 nouveaux modèles. Ainsi, au Japon, la volonté de regagner des parts de marché passera par une offensive sur les SUV, les kei cars et les modèles électrifiés. Aujourd'hui ces derniers représentent 25 % des ventes de Nissan dans l'archipel, mais cette part grimpera à 60 % en 2023. Même chose en Chine où la marque aura 7 modèles électriques. Le but est de développer la connectivité des véhicules en faisant passer le taux d'équipement de 75 % en 2019 à 90 % en 2023.
Centré sur les "Core markets"
L'amélioration du business aux Etats-Unis passera quant à lui par un plan produits en phase avec le marché du pays, mais Nissan insiste sur la qualité des ventes. Il veut augmenter les ventes à particuliers et réduire les aides afin de faire grimper, entre 2019 et 2021, le revenu net de 10 %. Et l'Europe dans tout ça ? Nissan y reste naturellement ambitieux mais notre continent ne fait pas partie des "core markets". L'offensive électrique y sera présente, les SUV également, mais le nippon s'appuiera davantage sur l'Alliance dans cette région.
Au global, l'offensive électrique se matérialisera par le lancement de 8 modèles 100 % électriques d'ici 2023. La technologie e-Power sera aussi déployée à travers le monde, notamment sur les segments B et C, avec l'ambition d'en écouler plus de 1 million d'unités d'ici 2023. A terme, le ratio d'électrification au Japon devrait atteindre 60 %, 23 % en Chine et 50 % en Europe. Le système de conduite semi-autonome ProPilot sera aussi un incontournable avec une disponibilité sur 20 modèles et 20 marchés. Nissan vise la mise à la route de 1,5 million de véhicules équipés du ProPilot d'ici l'échéance du plan.
En préambule de l'annonce de ce plan, Makoto Uchida, le patron de Nissan, a également dévoilé le bilan financier de l'exercice 2019-2020. Que Nissan affiche une perte n'était pas une surprise, c'était annoncé, mais en revanche l'ampleur de celle-ci étonne. En effet, Nissan a dévoilé une perte nette de 671,2 milliards de yen (5,7 milliards d'euros) ! Le constructeur précise toutefois qu'elle a été amplifiée par des coûts de restructuration et des dépréciations.
En attendant le plan de Renault, qui devrait être finalement assez proche avec une rationalisation de la production, des gammes et une baisse des coûts, une nouvelle ère s'ouvre donc chez Nissan. Comme pour l'Alliance la course aux volumes est terminée comme en témoigne la part de marché mondiale visée par Nissan. De 5,8 % aujourd'hui, le constructeur souhaite atteindre 6 % en 2023. L'ambition de Nissan ne paraît pas démesurée sur un marché mondial qui devrait avoir gagné 4 millions d'unités d'ici cette date (89,6 millions en 2023 contre 85,7 en 2019). L'heure est à la rentabilité.
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