Les salariés d'Hambach se font entendre
Trois cents salariés de l'usine Smart de Hambach ont arrêté la production, jeudi 9 juillet au matin, et se sont rassemblés devant le centre de communication où a lieu un comité social et économique (CSE) extraordinaire avec la direction de Daimler, qui souhaite vendre le site. Le CSE réunit "une vingtaine de représentants syndicaux, deux représentants de Smart France et deux représentants de Mercedes, venus de Stuttgart", en Allemagne, a-t-on indiqué du côté de Smart.
"Tout le monde est là pour faire remarquer notre déception. Personne ne s'y attendait. Certains, comme moi, étaient contents d'être assis sur une chaise quand ils ont appris la nouvelle pour ne pas tomber", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un salarié de la logistique. Les salariés du site mosellan, baptisé "Smartville" et berceau historique de la petite voiture depuis 1998, ont appris vendredi 3 juillet l'intention de Daimler, propriétaire des marques Smart et Mercedes, de revendre l'usine en raison d'une situation financière difficile et d'une "réorientation des capacités de (son) réseau de production global".
Vers 10H30, les salariés du site ont débrayé pour converger vers le centre de communication, à un kilomètre du site de production. Nombre d'entre eux, visage grave et masque sur la bouche, portent un tee-shirt noir avec au dos l'inscription "Smart 2020". "On a fêté les 20 ans de la Smart en 2018, Smartville, c'est notre vie", raconte une femme brune âgée de 40 ans, travaillant sur le site mosellan depuis 1997. "Avec la Mercedes, on avait une sérénité d'aller jusqu'à la retraite. On a peur", glisse-t-elle. "Il y a tout le monde, les ateliers, les bureaux, les responsables. C'est rare. On est tous unis pour sauver Smartville", souligne une employée au montage de 32 ans.
Le constructeur allemand avait pourtant annoncé au printemps 2019 la fabrication d'un modèle électrique haut de gamme, à la place de la Smart, qui sera produite en Chine à partir de 2022. Un investissement de 500 millions d'euros avait été annoncé pour transformer le site. Les travaux sont toujours en cours et les premiers véhicules auraient dû sortir des lignes d'assemblage en septembre prochain.
Le groupe britannique Ineos a annoncé mardi 7 juillet être en négociations avec Daimler pour racheter le site de Hambach pour y produire son futur 4X4 Grenadier. "C'est encore trop tôt pour connaître les conditions de reprise du potentiel repreneur et si tout le monde aura du boulot", tempère un salarié âgé d'une cinquantaine d'années. (avec AFP)
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