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Goodyear condamné dans l'affaire de l'usine d'Amiens-Nord

Publié le 29 mai 2020

Par Romain Baly
3 min de lecture
Le manufacturier américain a été reconnu coupable de licenciements abusifs dans le cadre de la fermeture de son usine picarde. Celle-ci a stoppé son activité en janvier 2014, ce qui avait entraîné le départ forcé de 1 143 salariés.
Le groupe devra verser des dommages-intérêts à 832 des 1 143 ex-salariés.

 

La fermeture de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord est une longue chronique à la fois industrielle, sociale et judiciaire. Entre 2008 et 2014, le site picard a souvent défrayé l'actualité alors que ses salariés se battaient pour leur emploi. Suite à l'arrêt définitif de l'activité intervenu en janvier de cette même année, un autre combat, judiciaire celui-ci, s'est engagé et vient d'aboutir. Ce jeudi 28 mai 2020, le groupe Goodyear a été condamné pour licenciement abusif, un jugement qui rend leur "dignité" aux salariés éprouvés par des années de procédures.

 

Sur les 1 143 salariés, 832 recevront des dommages-intérêts équivalents à leurs six derniers mois de salaire brut. A l'audience dite de départage du 28 janvier, à laquelle environ 550 personnes avaient assisté, Me Fiodor Rilov, avocat des salariés, avait insisté sur les bénéfices d'exploitation mondiaux, à l'époque, du groupe Goodyear, d'un montant de 1,7 milliard de dollars.

 

Goodyear assure avoir tout tenté pour sauver l'usine

 

Il avait considéré cette affaire comme "emblématique du refus des ouvriers de se laisser écraser à l'occasion du démantèlement de leur outil de travail pendant que leur employeur réalise des profits colossaux". Spécialisé dans la fabrication de pneus agricoles, le site Goodyear d'Amiens-Nord avait fermé en janvier 2014, après un bras de fer de plus de six ans entre personnel et direction.

 

L'usine était "déficitaire", "en retard" et le groupe souffrait alors d'un "fort endettement" de 5,2 milliards de dollars, avait fait valoir à cette même audience l'avocat de la direction, Me Joël Grangé, pour justifier la décision de fermeture. Tout en assurant que la direction avait "tout tenté" pour "éviter ce drame". Le tribunal, qui statuait en départage, a livré une autre lecture de cette catastrophe sociale, considérant que les licenciements n'avaient pas de "motif économique valable".

 

"On ne peut pas licencier pour faire plus de bénéfices"

 

"C'est une énorme victoire, surtout dans la période actuelle d'avalanche des plans sociaux. Elle est emblématique de l'utilité de la lutte pour ne pas se laisser faire face à des multinationales possédant des milliards d'euros de réserve. C'est un jugement extrêmement significatif : on ne peut pas licencier pour faire plus de bénéfices, ce n'est pas légal", a tonné Me Rilov devant le tribunal d'Amiens, où quelques anciens salariés s'étaient retrouvés.

 

A quelque pas des salariés, un porte-parole de l'entreprise a dit que Goodyear prenait "évidemment acte" de cette décision, tout en rappelant que "la fermeture du site était nécessaire pour sauvegarder la compétitivité de l'entreprise" et qu'un "dispositif d'accompagnement très important" avait été mis en place pour les ex-salariés. "Goodyear va étudier le jugement avant de décider d'un éventuel appel", a-t-il également affirmé. (avec AFP)

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