S'abonner
Social

Ford Blanquefort obtient un sursis

Publié le 29 janvier 2019

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
L'administration française vient de refuser le PSE de Ford devant conduire à la fermeture de l'usine. Un sursis d'une vingtaine de jours pour que Punch-Powerglide consolide son dossier de reprise.
Les salariés de l'usine Ford Blanquefort avaient manifesté, le 12 octobre 2018, devant l'entrée du Mondial de l'Auto à Paris.

 

La fermeture de l'usine Ford de Blanquefort n'est pas encore officiellement actée. En effet, bien que faisant partie du vaste plan de restructuration du constructeur américain pour ses activités en Europe, le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de Ford pour la fermeture de son site, qui emploie quelque 850 personnes près de Bordeaux, a été rejeté lundi par l'administration, donnant ainsi un répit au projet de rachat de l'entreprise par Punch à Strasbourg.

 

Cette "décision", a expliqué sans détailler la préfecture de Gironde dans un communiqué, "a pour objectif de sécuriser l'ensemble des parties, en pointant la non-conformité de la procédure". Interrogé par l'AFP, Ford s'est contenté de prendre "acte de la décision de la Dirrecte (Direction régionale des entreprises de la concurrence de la consommation du travail et de l'emploi) sur le plan social soumis par Ford Aquitaine Industries", sans vouloir faire plus de commentaire.

 

Selon une source gouvernementale, cette décision laisse une quinzaine de jours à Punch pour apporter les éléments qui manquaient encore pour "muscler son offre de reprise", notamment des lettres d'intention de clients. Après, "il y a encore un délai de décision de 21 jours qui est laissé à
l'administration
", selon la même source. Ford devra également préciser "comment il envisage des modalités de réindustrialisation du site" pour recréer de l'emploi sur place, un point sur lequel le gouvernement entend demander au constructeur d'améliorer son plan.

 

Pour Philippe Poutou, délégué CGT de Ford, la décision de lundi est "une bonne nouvelle. Ca va obliger Ford à revoir sa copie et à étudier plus sérieusement le projet de reprise par Punch défendu par les salariés". "Cela nous donne quelques semaines de plus pour renforcer les chances de sauver
l'usine
", a-t-il ajouté à l'AFP. "Ce délai supplémentaire ne garantit pas de réussir car nous savons bien qu'il y a des difficultés aussi du côté du repreneur pour finaliser son projet de reprise, mais au moins la bataille peut continuer. L'espoir demeure pour nos emplois et les emplois induits", a-t-il ajouté.

 

Jean-Marc Chavant, délégué FO, élu au Comité d'Entreprise, a également salué la "bonne nouvelle" qui "donne une chance à une reprise de l'usine qui permettrait de sauver environ 350 emplois. Mais on dit à Punch qu'il faut qu'il se dépêche à bien finaliser et sécuriser son offre pour que Ford puisse
la valider
".

 

Le constructeur américain avait annoncé il y a près d'un an sa volonté de se désengager de l'usine de boîtes de vitesses implantée en 1972. Il avait refusé en décembre une offre de reprise de la société franco-belge basée à Strasbourg Punch-Powerglide, pourtant appuyée par l'Etat et les syndicats, offre permettant de conserver environ 400 emplois.

 

La Direccte avait jusqu'à minuit, ce lundi 28 janvier 2019, pour annoncer à l'industriel Ford si elle validait ou non son "plan de sauvegarde de l'emploi". La décision prise par Ford mi-décembre de refuser l'offre de Punch, après des mois d'implication de l'Etat pour trouver un repreneur, avait provoqué une levée de boucliers politiques, locale, et nationale, jusqu'au président de la République qui avait jugé l'attitude du constructeur "hostile et inacceptable". Une "trahison", avait estimé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

 

La fin de production de l'usine, qui tourne déjà au ralenti, était programmée pour fin août 2019. Les élus de Gironde, qui suivent de près ce dossier emblématique dans un département peu industriel, avaient rappelé récemment que de l'argent public avait été versé lors de la reprise du site par Ford en 2011 soit "23,5 millions d'euros (chômage partiel inclus) en contrepartie d'un engagement de maintien de 1 000 emplois sur Blanquefort". (avec AFP)

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle