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De plus en plus de femmes se forment aux métiers de l’automobile

Publié le 8 mars 2024

Par Robin Schmidt
6 min de lecture
Dans l’imaginaire collectif, les métiers de l’automobile sont souvent associés aux hommes. Et pourtant, le nombre de femmes s'orientant vers ce type de professions progresse de manière significative depuis quelques années. À la rentrée 2023, elles étaient ainsi plus de 3 500 à suivre une formation dans le secteur.
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La branche des métiers du service automobile compte environ 107 000 femmes salariées, ce qui représente à peu près 23 % des effectifs. ©ANFA

Mécaniciens, carrossiers ou encore contrôleurs techniques sont autant de métiers de l'automobile qui sont en très grande majorité exercés par des hommes. Cependant, de plus en plus de profils féminins se tournent vers les professions des services de l'automobile.

 

Selon l'Observatoire des métiers des services de l'automobile de l'ANFA (Association nationale pour la formation automobile), le nombre de femmes en formation dans ce secteur aurait en effet plus que doublé depuis 2016 (+128 %). Sur l’ensemble de la branche, elles seraient même plus de 107 000 salariées.

 

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"Au niveau de la formation, nous avions déjà remarqué, à partir de la rentrée 2017, que le nombre de femmes inscrites progressait légèrement. Mais nous constatons de grosses évolutions depuis deux ans. Lors des rentrées 2022 et 2023, nous avons en effet observé deux hausses successives relativement importantes", explique Philippe Le Gall, responsable de projets en charge de l'Observatoire des métiers des services de l'automobile pour l’ANFA.

 

La filière vente automobile est celle qui attire le plus

 

Si toutes les filières de formation voient la part des femmes augmenter, certaines connaissent une progression relativement importante depuis deux ans. C'est le cas notamment de la carrosserie-peinture, dont le nombre de femmes en formation a presque doublé (540 en 2021, 920 en 2023), et particulièrement en alternance.

 

Mais c’est au sein de la filière vente automobile que les femmes sont les plus présentes, avec 16,5 % des effectifs. "Sur les métiers techniques, nous avons aussi une part de femmes qui a doublé entre 2010 et 2020. En 2010, elles représentaient environ 0,7 % des emplois de mécanicien, alors qu'en 2020, elles étaient plus proches de 1,5 %", souligne Philippe Le Gall. Même si le chiffre reste très minime, ce dernier tient cependant à noter cette progression.

 

"Pour ce qui est de la formation sur l’ensemble des filières, nous sommes passés d’environ 4 % de part de femmes en formation, à 5 % en l’espace de deux rentrées, ce qui n'est pas négligeable", poursuit-il. Cette moyenne est en effet tirée vers le haut par certaines activités du secteur automobile, au sein desquelles les femmes sont plutôt bien représentées. C’est le cas par exemple de l'enseignement à la conduite, du commerce de détail de carburant ou encore de la location de véhicules, où elles affichent, là aussi, une représentation nettement plus importante que dans les métiers du commerce ou de la réparation.

 

Des métiers qui ne sont pas toujours mis en lumière

 

À la rentrée 2023, elles étaient ainsi plus de 3 500 femmes à suivre une formation dans le secteur, soit une augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente. Parmi ces jeunes femmes figure notamment Laurine Guihot, une jeune passionnée d’automobile, qui effectue son apprentissage au sein d’un garage BMW depuis août 2022. Elle occupe le poste de technicien de maintenance, en charge de la réparation et de l’entretien des véhicules.

 

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Près de 3 500 jeunes femmes se forment aujourd'hui aux métiers du service automobile. ©AdobeStock-NVB Stocker

 

"Ce que je préfère avant tout, c’est la réparation mécanique. J’aime particulièrement toucher à la voiture. L’automobile est une passion qui vient de mon enfance. J’ai vécu avec mon grand-père qui me racontait tout ce qu’il faisait sur des voitures lorsqu’il travaillait chez Peugeot. Puis, j’ai eu plus tard mon beau-père qui est fan de Formule 1 et qui m’a encore plus entraînée dans sa passion pour l’automobile", nous livre-t-elle.

 

Néanmoins, au moment de choisir son orientation, Laurine ne s’est pas directement dirigée vers les métiers de l’automobile. D'après elle, ces derniers ne seraient pas assez mis en avant à l’école, en particulier auprès du jeune public féminin. "Je n’arrivais pas à me décider sur mon orientation. D’autant plus que les collèges et lycées se focalisent beaucoup sur les cursus théoriques et nous entendons finalement très peu parler des cursus professionnels. Il faudrait rendre ces voies plus accessibles, plus visibles pour les jeunes", témoigne la jeune apprentie.

Faire face aux préjugés

 

En plus de déplorer le manque de visibilité des métiers des services de l’automobile auprès des jeunes, la technicienne de maintenance raconte également l’appréhension qui l’habitait au moment de se lancer dans ce milieu. Dans un secteur où pas moins de 77 % des effectifs sont des hommes, les femmes doivent en effet souvent faire face à certains préjugés ou stéréotypes.

 

"Je pense aussi que je craignais de ne pas trouver ma place. J’avais une certaine appréhension sur la manière dont on pouvait juger les femmes qui travaillent dans l’automobile. J’avais entendu beaucoup de préjugés avant de me lancer dans le secteur, comme le fait que l’automobile n’était pas un métier pour une femme, que ça demandait trop de force, ou que je n’arriverais jamais à être aussi performante qu’un homme…", détaille Laurine Guihot.

 

Si certaines jeunes femmes peuvent parfois ressentir la pression de leur entourage dans leurs choix d’orientation, la jeune apprentie confie se sentir tout de même soutenue par sa famille : "Ma famille proche me soutient, même si c’est vrai que de temps en temps, j’ai le droit à certains commentaires sur mon orientation. Mais j’ai appris à faire avec ! Aujourd’hui, je suis très épanouie dans mon métier. Plus le temps passe, plus je gagne en autonomie et je m’améliore. Mon job de rêve, ça serait d’atterrir un jour en Formule 1".

 

"Tout est une question d’accueil"

 

Pour attirer davantage de jeunes femmes comme Laurine vers la formation aux métiers de service automobile, l’ANFA met donc en place des actions de communication. L’organisme fait par exemple apparaître de plus en plus de femmes sur ses affiches ou dans ses clips promotionnels, afin de montrer que ces métiers ne sont pas restreints à un seul et unique genre.

 

"La société évolue. Nous voyons bien qu’il y a une dégenrification progressive dans toutes les professions et nous souhaitons donc casser l'image du technicien ou du mécanicien masculin virile. Les marques veulent aussi faire évoluer leur image et montrer qu’elles sont inclusives. Elles n’hésitent pas à mettre en avant des jeunes femmes au sein de leurs effectifs", atteste Alexis Coriol, responsable communication institutionnelle pour l’ANFA.

 

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Enfin, l'ANFA accorde aussi une grande importance à l’accueil réservé aux jeunes femmes dans le secteur. Cet accueil passe notamment par l’installation de zones qui leur soient entièrement dédiées, comme des vestiaires ou des toilettes pour femmes par exemple, ces dernières n’étant pas toujours présentes au sein des entreprises. "Tout est une question d'accueil. Les métiers de l’automobile recrutent et ont un fort besoin de main-d’œuvre. C'est pourquoi, l'arrivée de tout nouveau talent sur le marché est une chance, qu'il faut savoir saisir", conclut Alexis Coriol.

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