WRC : La FIA a tranché !
...vient d'être entériné à Paris par le Conseil Mondial de la FIA. Par dix-neuf voix contre trois (celles des organisateurs des manches française et espagnole, auxquelles s'est ajoutée celle des constructeurs), Pirelli a été préféré à BFGoodrich, marque du groupe Michelin. Ainsi, à partir de 2008, Michelin n'aura plus de visibilité dans aucune des deux disciplines majeures des sports mécaniques même si, il est bon de le rappeler, la marque BFGoodrich continuera d'équiper les principales équipes disputant la Coupe du Monde des Rallyes-Raids et le Paris-Dakar, qui demeure le must de la discipline en tant qu'épreuve indépendante.
Mais, honneur au vainqueur. Evidemment, chez Pirelli, on est heureux de ce verdict. "Nous sommes hyper satisfaits dans la mesure où cette victoire constitue une récompense pour l'engagement de Pirelli dans le sport automobile depuis près de 100 ans", souligne Enrico Campioni, le porte-parole de Pirelli. En ne retenant que la période Lancia, il est clair que la firme milanaise n'a pas ménagé ses efforts en rallyes. D'ailleurs en 2008, elle participera aux championnats internationaux de rallyes WRC et IRC (International Rally Challenge), ce dernier étant basé sur des voitures de la catégorie S2000 ; le tout en maintenant sa présence en circuit dans divers championnats nationaux aux Etats-Unis (Grand-Am), en Chine et en France (GT FFSA). "Nous avons déjà prévu de mettre en place de nouvelles structures pour supporter tous ces championnats car nous ne pouvons pas nous contenter de nos usines en Italie", précise Enrico Campioni.
Chez Michelin, consternation et interrogation…
Reste que, chez Michelin, évidemment, les dirigeants s'interrogent toujours à l'heure où nous écrivons ces lignes. Une requête a d'ailleurs été déposée auprès de la FIA. "Nous avons fait la preuve lors du championnat 2006 que les pneumatiques BFGoodrich étaient les meilleurs, déclarait à chaud Frédéric Henry-Biabaud, directeur de la compétition du groupe Michelin. Deux titres de Champion du Monde ont même couronné ces succès. En 2007, aucun concurrent manufacturier n'a souhaité s'aligner officiellement contre la marque BFGoodrich. Nos efforts financiers, techniques et humains depuis deux saisons n'ont donc pas été pris en compte, ce qui est d'autant plus regrettable, alors que nous savons que les constructeurs automobiles en WRC, présents et à venir, ont unanimement soutenu notre proposition. C'est donc sur d'autres critères que sportifs, que nous ne connaissons pas, que la marque BFGoodrich a été éliminée". Oui mais voilà. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'avis des constructeurs ne peut représenter qu'une seule et unique voix (par le biais d'une personne mandatée indépendante, qui plus est) au sein des membres influant au Conseil Mondial ! Un comble, pour ceux qui demeurent les acteurs essentiels de ce sport. Et sans qui rien ne serait possible.
Restent les faits. Bien que très peu favorable à une situation de monopole, philosophie qui l'avait d'ailleurs amené à décliner l'appel d'offres en Formule 1 visant à la sélection d'un manufacturier unique (en l'occurrence, Bridgestone désormais), Michelin s'est précisément retrouvé dans cette situation en ce début d'année 2007, via sa marque BFGoodrich qui équipe en WRC les trois équipes d'usine Citroën, Ford et Subaru, ainsi que les écuries privées Stobart-Ford et OMV-Kronos-Citroën. Cela dit, BFGoodrich n'est pas Michelin, et de ce point de vue, l'absolu besoin de notoriété joue un rôle majeur… même en tant que monomarque. En outre, le choix d'une année sabbatique en 2007, tout du moins en tant que partenaire d'une équipe officielle (la Xsara de "Gigi" Galli engagée en Suède et en Norvège disposait des gommes milanaises), émane bel et bien du concurrent direct, à savoir Pirelli. Mais, au-delà de cette mise au point, demeure la réalité de l'échéance 2008. Eu égard au partenariat exclusif (et historique) entre Citroën et Michelin au niveau du tourisme, voir une Citroën C4 officielle rouler avec les gommes milanaises ne va pas manquer de piment ! Certes, Peugeot y avait souscrit auparavant avec la 307 WRC…
Ce nouveau camouflet ne va pas empêcher Michelin de rester en rallye
Mais, Frédéric Henry-Biabaud d'affirmer : "nous avions soumis une proposition structurée et solide sur laquelle nous étions très à l'aise si elle était retenue. Si elle ne l'était pas, cela voulait dire que nous n'avions pas la même vision du rallye que la FIA". Selon lui, cette proposition tenait compte des intérêts des équipes privées pour baisser de manière drastique le budget pneumatiques (plus simple à gérer avec le système "monomarque"). En outre, le groupe s'engageait à contribuer à la subvention des différentes actions visant à promouvoir la discipline, en phase avec l'image actuelle du WRC, le tout avec le développement d'un support marketing visant à la promotion de la marque BFGoodrich, démarche peu évidente en monomarque. Etc. Bref, ce nouveau camouflet, après celui du WTCC (le championnat du monde des Voitures de Tourisme) qui fait désormais le bonheur de Yokohama, ne va pas empêcher Michelin de rester dans une discipline qui lui est chère. "Nous ferons encore du rallye sous la marque BFGoodrich dans des championnats qui demeurent multimarques, tant en France qu'à l'étranger, souligne Frédéric Henry-Biabaud. Nous comptons notamment sur le nouveau Championnat IRC dans lequel nous figurons via les deux constructeurs déjà inscrits, à savoir Peugeot et Fiat". A noter que ce championnat qui comprendra neuf manches sur terre et sur asphalte débute ce week-end avec le Safari du Kenya.
Marc David
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