WMS : Peugeot Citroën attise les convoitises
Tout a commencé en 2007. A l’époque, le groupe PSA Peugeot Citroën se lance dans une stratégie de constitution de plates-formes de pièces de rechange, à grande échelle. Pour accompagner sa démarche, nombre d’outils se voient placés sur la liste de premières nécessités. Parmi eux, les logiciels WMS (Warehouse Managing System ou système de gestion des entrepôts, en français), afin de gérer au mieux la logistique des produits et leur facturation. Résultat de l’appel d’offres : Sage s’impose avec une savante combinaison d’ICar, Sage 1000 et Geode, la surcouche dédiée aux entrepôts. “On parle ici d’une solution complexe à constituer, le constructeur en a conscience et c’est la raison pour laquelle il nous soutient face à la concurrence”, croit savoir Philippe Almouzni, le président d’ICar Systems. Sur un rythme régulier l’éditeur équipe alors sept structures du constructeur français, Bordeaux, Lille, Paris Nord et Sud, Nantes, Lyon et Rennes.
Mais, depuis 2007, le paysage de la distribution automobile a changé. Les véritables plaques de concessions qui se sont constituées ont des besoins comparables à ceux des succursales. “Cette solution intéresse le réseau privé, confirme Philippe Almouzni. Nous avons identifié une dizaine de clients potentiels, en France.” Parmi les projets en cours d’ICar Systems, il évoque les groupes JMJ Dubois et Mary.
ADP va contre-attaquer
Investir dans un tel équipement informatique réclame une surface financière importante. On parle d’un projet dont les montants de départ dépassent les 80 000 euros. Raison pour laquelle l’éditeur cible davantage des entrepôts de plus de 2 500 m2, dont le chiffre d’affaires tutoie au minimum les 20 à 25 millions d’euros grâce à plusieurs tournées quotidiennes, “soit une taille critique conséquente”, admet Philippe Almouzni.
Le patron d’ICar Systems dit faire de la conquête sur les positions de Tigre et Tallisman, produits historiques. Une pierre envoyée dans le jardin de son meilleur ennemi. C’est de bonne guerre. Mais les choses ne resteront pas en état. ADP prépare la contre-offensive, avec le soutien du constructeur. Inconnue chez nous, il s’agit d’une offre qui existe depuis trois ans dans le catalogue de l’éditeur. Parmi les clients de référence, ADP cite notamment l’importateur du groupe Hyundai-Kia en Afrique du Sud, des acteurs au Moyen-Orient et surtout PSA Peugeot Citroën outre-Manche, depuis novembre passé. Un beau pedigree. “Nous avons conçu un produit standardisé pour la distribution automobile avec l’aide la distribution automobile”, défend Emmanuel Pasquet, responsable de la stratégie produit d’ADP. Comme chez ICar Systems, on se trouve en présence d’une solution multimarque, mais aussi multidevise. Surtout, elle se veut conforme aux procédures du constructeur français en matière de gestion des flux entre le constructeur et le distributeur. Le centre peut notamment profiter d’avantages comme le colisage qui permet d’économiser 90 % des actions de manutention, augmentant mécaniquement le taux de service.
A noter que si le WMS d’ADP gère les routes, c’est-à-dire l’ordre de chargement des colis dans le camion en fonction du niveau de service, il ne propose pas d’outil d’optimisation des tournées. Une évolution qui pourrait suivre, dit-on sans s’engager sur le calendrier. Chez Icar, à l’inverse, on insiste sur la possibilité d’interfaçage avec des outils tiers dédiés.
Des projets à foison
La course aux signatures a démarré. En janvier dernier, une poignée de groupes dotés ou nourrissant un projet de centre logistique a été invitée à découvrir l’offre Centre Pièces. Tous clients de Tallisman et Tigre. A ce jour, ADP recense “une quinzaine d’entrepôts équipés” avec ces anciens logiciels. “Mais ils sont le double à avoir un projet”, assure Emmanuel Pasquet. Avec de la réserve, ce dernier avance quelques arguments. Il estime se positionner bien en dessous des tarifs d’ICar Systems. Il table sur au moins 100 000 euros pour équiper un centre comprenant 15 utilisateurs en logiciel et matériel (dont scanner). ADP prétend aussi avoir une vitesse de déploiement plus rapide que les quatre à cinq mois nécessaires à son rival. A défaut de cas concret pour l’heure, il est toutefois impossible de comparer, d’autant que la grille tarifaire d’ADP reste encore à définir.
Un round d’observation qui fera place à la véritable bataille commerciale d’ici à l’été, si ADP respecte son planning. L’enjeu pour le distributeur en bout de chaîne : dégager de l’espace en concession pour de nouvelles activités, accroître son nombre de références et améliorer son taux de service. Chez JMJ (lire p. 39), cet item est passé de 70 à 85 % en peu de temps et l’objectif porte sur 90 % minimum, à terme.
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