Une volonté urbaine dépassée par la réalité rurale
En matière de mobilité, il existe une fracture territoriale majeure entre les grandes villes et les zones rurales ou périurbaines peu denses. Pour comprendre l’importance de la voiture pour les Français, il est indispensable de sortir d’une vision parisiano-centrée de son utilisation. Effectivement, à Paris (75) ou dans les grandes agglomérations, il est plus aisé de se passer de sa voiture au quotidien grâce aux infrastructures souvent nombreuses (transports en commun, pistes cyclables, véhicules en autopartage, mobilités douces…).
Mais quid des zones rurales ? Qui peut jeter la pierre à l’automobiliste qui prend sa voiture pour rejoindre l’hypermarché le plus proche de chez lui, à une quinzaine de kilomètres ? Ou encore à ce parent qui dépose son enfant à l’école en voiture plutôt que de lui faire prendre le seul car qui fait le tour de la totalité des communes et qui ne repassera que le soir ? Il ne faut pas considérer que tout le monde peut se déplacer à vélo ou en trottinette électrique.
Sortir du tout-voiture : un défi réaliste ?
Longtemps vue comme un symbole de liberté, la voiture individuelle est aujourd’hui l'une des coupables du dérèglement climatique. Les politiques publiques actuelles cherchent à pallier les problèmes causés par l’usage excessif de la voiture comme le trafic et surtout la pollution. Il est évident qu’il est urgent de sortir du tout-voiture et de trouver des solutions pour réduire notre empreinte carbone, mais il ne faut pas pour autant négliger les besoins de mobilité de chacun. Les automobilistes doivent avoir à leur portée des offres de mobilité assez développées et fiables pour que ces alternatives soient attractives et puissent remplacer leurs habitudes de mobilité actuelles.
Le discours et l'action politique se focalisent aujourd'hui sur le développement de l'offre de transport public pour réduire l'usage de la voiture. Mais dans une société dans laquelle on court après le temps, l’offre de transport public ne saurait être satisfaisante du fait de sa rigidité intrinsèque. Les transports en commun ne sont pas toujours la solution la plus adaptée ni la plus rapide : horaires, problème de linéarité des trajets… Pour certaines professions, il est tout bonnement impossible d’envisager cette solution.
Idem pour les mobilités douces. Difficile, en effet, d’imaginer un plombier transporter son matériel sur une trottinette électrique ou dans un bus. Il faut sortir de la politique actuelle uniquement concentrée sur l’offre et se reconnecter aux besoins. Plutôt que de chercher absolument des alternatives à la voiture, peut-être faut-il dans un premier temps envisager de faire évoluer l’usage qu’on en a, et considérer la voiture non plus comme une possession personnelle mais comme un service.
Développer les infrastructures pour multiplier les alternatives
De nouvelles plateformes de vidéos à la demande font leur apparition tous les ans, faisant petit à petit oublier l’existence des DVD et autres cassettes. Pourquoi ne pas appliquer cette idée au secteur automobile et développer de vrais Netflix de la mobilité, accessibles à tous ? Aujourd’hui, les applications d’autopartage existent, certes, mais elles restent l’apanage des grandes villes. Une des solutions ne serait-elle pas d’étendre ce réseau ? Ou de prévoir une aire de covoiturage dans chaque commune ?
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D’autres leviers peuvent évidemment être activés, à l’image des mobilités douces, et il faut massivement développer les alternatives. Mais le déploiement des infrastructures doit être à la hauteur des efforts demandés aux automobilistes. Aller au travail à vélo ? Très bien, mais l’ensemble des routes doit être doublé de pistes cyclables pour garantir la sécurité des cyclistes et des automobilistes. Inciter les gens à utiliser le train ? Bien sûr ! Mais il faut repartir du besoin des usagers et redéployer les petites lignes, actuellement mises de côté car considérées comme peu rentables.
Alors peut-on réellement sortir du tout-voiture ? Oui, mais il faut s’en donner les moyens, et pas seulement au niveau individuel. Arrêtons de diaboliser la voiture et demandons-nous plutôt comment mieux l’utiliser. Il faut agir, déployer des solutions adaptées aux usages et non plus demander aux usages de s’adapter à l’offre.
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