Où en est le marché français du VE ?
Si le volume des ventes de véhicules électriques demeure très faible en France, ce segment chrysalide connaît une forte croissance. Par rapport à ces deux indicateurs, il est nécessaire de garder la tête froide et de ne tirer aucune conclusion hâtive. D'une part, les détracteurs du véhicule électrique ont beau jeu de stigmatiser un volume de ventes insignifiant, mais cela ne saurait nullement condamner l'alternative que représentent ces véhicules d'un nouveau genre. D'autre part, les partisans du VE peuvent mettre en exergue une croissance à deux chiffres sur un marché nettement orienté à la baisse au premier trimestre, mais on ne saurait oublier que ce marché part d'un ex-nihilo et que sa progression ne pourra être que forte dans les premières phases de déploiement.
La BlueCar de Bolloré tire logiquement le marché
Si on se reporte aux chiffres de l'organisme AAA, au premier trimestre, il s'est immatriculé 1 200 VP électriques (311 en janvier, 406 en février et 483 en mars), soit + 94 % par rapport à la même période de référence en 2011. Dans cette catégorie, c'est fort logiquement la BlueCar du groupe Bolloré qui mène la danse, avec 704 immatriculations, dans le fil du développement du service et des infrastructures d'Autolib'.
Par ailleurs, sur le segment du VU, on recense 171 immatriculations sur le mois de mars, soit une progression de 211 %. Le Renault Kangoo ZE se détache avec 341 ventes cumulées depuis le début de l'année (98 en mars). Enfin, au niveau des quadricycles, il est à noter que le Twizy enregistre 52 ventes, dont 34 en mars.
Quelques enseignements
Comme nous l'indiquions en préambule, il faut se garder de tirer des conclusions définitives de ces données chiffrées. Toutefois, plusieurs enseignements affleurent après leur analyse. Primo, comme le répètent à l'envi les experts depuis des années, les collectivités locales et les entreprises constitueront le premier fer de lance du marché du VE. On le vérifie en partie avec Autolib' et le succès du Kangoo ZE. Sans parler de l'impulsion que donnera l'Ugap au fur et à mesure des mises à la route des véhicules commandés. Dans ce périmètre, on peut d'ailleurs relever que la petite Renault Twizy a créé la surprise en séduisant les gestionnaires de flotte d'Orange (une centaine d'unités commandées, qui n'apparaissent pas encore intégralement dans les statistiques), preuve que l'argument de l'image peut être déterminant.
Secundo, à propos du marché des particuliers, son atonie est largement explicable à l'aune de deux éléments : d'une part, le contexte économique incertain, voire carrément morose, n'incite pas à la dépense, ce qui se vérifie aussi à l'échelle du marché global ; d'autre part, l'offre grand public à proprement parler est encore très limitée et il faudra attendre la Renault Zoé pour pouvoir parler de test au niveau du mass market.
Tertio, les experts comme les acteurs de l'électro-mobilité n'ont, dans leur écrasante majorité, jamais avancé le scenario d'un départ en flèche du marché des VE. Si les estimations du marché à moyen terme laissent apparaître des deltas importants selon les "chapelles", le point d'accélération du marché a toujours été placé vers 2015-2017. Pour des raisons de processus traditionnel d'acceptation de la nouveauté par les consommateurs, de réduction progressive des coûts et d'effet d'entraînement, sachant que dans l'industrie automobile, on a coutume de dire qu'une voiture commence à être visible quand 10 000 unités circulent.
Enfin, le développement du marché électrique a toujours été conditionné au déploiement des infrastructures. Ce dernier, postulat nécessaire à l'émergence du marché, est en cours, mais à un rythme qu'on ne peut pas qualifier d'échevelé, freiné par le contexte de tension financière, ce qui n'aurait pas été le cas dans une phase de croissance économique.
Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile
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